C’est en fouillant dans les archives familiales que Maciej Grzywaczewski a découvert une pellicule photographique qui fait partie d’une exposition au musée POLIN de l’Histoire des Juifs polonais (Muzeum Historii Żydów Polskich). Appartenant à son père Zbigniew Leszek Grzywaczewski, alors jeune pompier à Varsovie durant la Seconde Guerre mondiale, elle met en image de manière inédite l’insurrection du ghetto de Varsovie, il y a 80 ans de cela. Aleksandra Sobiecka, quant à elle, a découvert une boite contenant des négatifs photographiques de son grand-père, Rudolf Damec, soit 36 images, dont 27 représentent le ghetto en feu.
Zbigniew Leszek Grzywaczewski, le pompier photographe
Une collection de photographies inédites de l’insurrection du ghetto de Varsovie en 1943 a été rendue publique par le musée POLIN. Découvertes en décembre 2022 dans le grenier de sa famille, elles ont été prises par Zbigniew Leszek Grzywaczewski, alors âgé d’une vingtaine d’années. Il faisait partie des équipes de pompiers envoyées par les Allemands dans le ghetto en flammes pour protéger les biens qu’ils ne voulaient pas voir détruits. Pendant son séjour, il a subrepticement pris des photos à l’aide d’un appareil photo emprunté et camouflé.
Des photos inédites et inestimables
Des photographies prises lors de l’Insurrection du ghetto de Varsovie pendant la Seconde Guerre mondiale ont été découvertes récemment parmi les souvenirs d’un pompier, Zbigniew Leszek Grzywaczewski, qui avait introduit clandestinement un appareil photo dans le ghetto. Ces images sont les seules connues pour avoir été prises par une source non allemande pendant l’insurrection. Les photographies, bien que souvent floues, sont inestimables car elles permettent de découvrir le ghetto sous un angle différent, avec des photographies prises par un survivant du ghetto plutôt que des photographies nazies. La découverte des négatifs a été faite par le fils de Grzywaczewski, Maciej, qui a ignoré leur existence pendant des décennies.
Un total de quarante-huit clichés ont été enregistrés sur le film, dont trente-trois représentent le ghetto. Outre les douze photos qui ont déjà été publiées, sous forme d’impressions au Musée de l’Holocauste à Washington et à l’Institut historique juif, il existe des images qui n’ont jamais été montrées auparavant. Les images ne montrent pas les combats eux-mêmes, qui ont vu des centaines de membres de la résistance prendre part au plus grand soulèvement juif de la guerre, mais témoignent plutôt des destructions causées par les représailles nazies et allemandes, ainsi que des déportations qui ont conduit des dizaines de milliers d’autres dans les chambres à gaz du camp d’extermination de Treblinka.
Il s’agit de photos représentant la fumée au-dessus du ghetto, des maisons brûlées, des pompiers éteignant les flammes, posant sur le toit d’un bâtiment ou mangeant dans la rue. Le musée POLIN de l’histoire des Juifs polonais à Varsovie a publié certaines des photos en prévision de l’exposition « Around Us a Sea of Fire. The Fate of Jewish Civilians During the Warsaw Ghetto Uprising ».
Les photographies de Grzywaczewski sont un témoignage précieux de l’Holocauste, car elles montrent la réalité du ghetto et les effets des représailles nazies et allemandes.
Un témoignage unique
Ses images sont les seules connues pour avoir été prises par une source non allemande pendant l’insurrection. Jusqu’alors, le meilleur témoignage photographique connu du soulèvement est constitué d’une cinquantaine de photographies prises pour le « rapport Stroop », préparé par le général Jürgen Stroop pour le chef des SS, Heinrich Himmler.
Le Guardian rapporte les déclarations de Zuzanna Schnepf-Kołacz, commissaire de l’exposition au sujet des clichés du rapport Stroop : « L’une de nos principales idées était de ne pas prendre en compte ce matériel. L’exposition se place du point de vue des Juifs, du point de vue des victimes, et il était donc contradictoire d’illustrer ce contenu avec du matériel de propagande allemand ».
L’exposition qui ouvre ses portes le 18 avril 2023, vise à commémorer le 80e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie et à rendre hommage aux victimes de cette tragédie.
Les photographies de Grzywaczewski seront présentées aux côtés d’autres œuvres d’art et documents historiques, offrant ainsi une vision complète et émouvante de l’insurrection et de ses conséquences.
Rudolf Damec, habitant de la rue Grzybowska, juste à côté du mur du ghetto
Les photos prises par Rudolf Damec, quant à elles ont été découvertes en 2019 par sa petite-fille Aleksandra Sobiecka. En janvier 2023, elle les confie au musée POLIN, à Varsovie
Aleksandra Sobiecka, fait des recherches et documente son histoire familiale depuis 2017. Un travail qui n'a pas été vain puisque c'est chez elle à Varsovie, qu'elle découvre en 2019, une boîte contenant la fameuse pellicule photographique prise par son grand-père. Les négatifs sont conservés dans des enveloppes de différentes tailles... Elle va prendre le plus grand soin de ces témoins, laissés par son grand père, Rudolf Damec, qui fut ingénieur dans la ville portuaire de Gdynia, mais avait déménagé à Varsovie en 1940. En 1943, il a alors 34 ans. Au moment de l’insurrection, il résidait avec sa famille, rue Grzybowska, juste à côté du mur du ghetto.
« Ces photos m’ont fait une énorme impression, celles prises à côté du mur du ghetto. Je les ai regardés, puis je les ai mis de nouveau de côté pour les redresser un peu plus. Il était évident pour moi que ce sont des photos prises dans cette partie de la ville avec vue sur le ghetto. J’ai immédiatement pensé au poème de Czesław Miłosz, sur le carrousel de la place Krasiński juste à côté du mur du ghetto », raconte Aleksandra.
Le négatif de Rudolf Damec contient exactement 36 images prises en avril-mai 1943, dont 27 représentent le ghetto en feu, les ruines du ghetto et des passants regardant le ghetto. La famille d’Aleksandra Sobiecka a décidé de faire don du négatif à la collection du musée POLIN.
L'exposition "Around Us a Sea of Fire. The Fate of Jewish Civilians During the Warsaw Ghetto Uprising", du 18 avril 2023 au 8 janvier 2024.
POLIN - Muzeum Historii Żydów Polskich
ul. Mordechaja Anielewicza 6
00-157 Warszawa