Villes et bourgs polonais, routes de campagnes, montagnes, lieux historiques et cuisine typique, tels ont été les maîtres mots de notre road trip polonais de plus de 1.500km en voiture et à deux. Notre objectif : faire et voir le plus de choses possibles et ce, en payant le moins possible, en seulement 4 jours ! Voici notre carnet de voyage, de la mer Baltique à la frontière avec la République tchèque.
Droit devant : notre road trip de 1.500km en voiture du nord au sud de la Pologne
Lorsque nous, Léonie et Emma, étudiantes arrivant tout droit de Lille, avons pris la décision de traverser la Pologne en 4 jours, notre objectif derrière était clair : faire et voir le plus de choses possibles et ce, en payant le moins possible !
Nous avons ainsi pris la route le jeudi 31 mai de Gdańsk, charmante ville au bord de la mer Baltique en ayant en tête quelques arrêts incontournables que nous voulions absolument faire.
Parmi ceux-ci, nous ne pouvions pas manquer de visiter la belle Toruń ou encore la grande Łódź qui se trouve toutes deux idéalement situées sur le chemin depuis Gdańsk pour aller à Oświęcim, ville tristement connue pour abriter les camps de concentration d'Auschwitz-Birkenau. Bien qu’il nous tenait vraiment à cœur d’aller accomplir notre devoir de mémoire, nous ne voulions néanmoins pas conclure notre voyage sur une note aussi lourde que celle-ci. Notre prochaine étape était donc le magnifique Parc des Tatras, écrin du lac de Morskie Oko. Finalement, comment aurions-nous osé organiser un tel voyage sans passer par Cracovie ?
Ce fut donc avec ce dernier objectif en tête et une petite idée du chemin nécessaire à parcourir que nous avons organisé notre périple.
Cependant, dès le début, un défi s'est présenté à nous : nous avions beau être deux à faire partie du voyage, il n’y avait qu’une seule conductrice ! Il fallait donc lutter contre l'appréhension de filer à travers la Pologne en un temps record avec un seul chauffeur.
La préparation de notre Pologne trip
C’est alors qu’a commencé notre, paradoxalement, longue mais rapide préparation en raison du peu de temps que nous avions pour organiser le voyage.
Mais avant, un peu de contexte pour vous, cher lecteur. Lorsque nous avons appris que nous aurions 4 jours de weekend grâce à un jour férié que nous ne connaissions guère, Léonie et moi ne nous connaissions que depuis une petite semaine… Colocataires et collègues, nous restions quand même des inconnues sur une terre, eh bien, inconnue elle aussi.
C’est de là que nous avons décidé que cette situation ne pouvait pas continuer : nous avions une semaine pour nous mettre d'accord sur quoi faire, où et quand. Un défi pour deux personnes si peu familières l’une de l’autre selon l’avis de beaucoup.
Et pourtant, c’est comme ça qu’a débuté notre amitié : sur le canapé d’une de nos chambres à lire avidement le guide Routard que Léonie avait eu la clairvoyance d’embarquer, à fouiller des sites de logement et à analyser attentivement sur Google Maps quelles routes seraient les plus judicieuses d’emprunter pour remplir nos objectifs.
Les logements réservés pour deux nuits, la voiture louée, un itinéraire en tête et l’envie de découvrir au cœur, nous nous sommes lancés dans notre aventure.
Immédiatement après avoir récupéré la voiture, louée en avance à l’aéroport de Gdańsk afin de pouvoir la récupérer au petit matin du 31 mai, nous nous sommes mis d’accord sur quelques « règles » destinées à rendre le trajet plus fluide et plus facile pour notre chère Léonie, unique détentrice du laissez-passer des routes : le permis de conduire.
Parmi ces règles : il fallait à tout instant des chansons que nous pouvions chanter avec enthousiasme ainsi que des przekąski (encas) sucrés et salés pour parer aux petites fringales et à l’ennui. Mais les deux règles plus importantes car plus sérieuses étaient de faire des pauses toutes les deux heures (idéalement dans un endroit charmant) et de toujours regarder attentivement le GPS pour connaître les limitations de vitesse, le positionnement des radars, les directions (bien entendu) mais aussi savoir où il nous serait possible de nous reposer le moment venu.
En effet, on ne se lance pas dans un road trip de plus de 1.500 km sans prendre quelques précautions !
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Jour 1 : trois villes, trois ambiances
Notre premier jour de voyage a débuté avec le chant matinal des oiseaux : notre réservation pour la voiture commençait à 8h et il fallait, afin de la récupérer, aller jusqu'à l’aéroport de Gdańsk. La première étape de notre Polska trip avait donc l'apparence d’un taxi Bolt et de son gentil conducteur qui nous a donné quelques conseils pour mieux appréhender les chauffeurs des routes polonaises.
Toruń, la ville de Copernic
Nous débutons notre périple sur l’autoroute polonaise, un bon moyen pour prendre rapidement en main la voiture qui peinait à atteindre les 140 km/h de limitation de vitesse. Heureusement pour la voiture… que nous avions rapidement nommée Roberta, du prénom féminisé de mon grand-père - d’origine polonaise, il a rêvé toute sa vie de découvrir le pays de son père, mais la maladie lui a volé son rêve. Bref, les travaux de l'autoroute nous ont bien ralenti.
Ce fut aussi pour nous, l’occasion de constater que notre consommation d’essence était très importante lorsque nous roulions aussi vite : une déception pour nous qui essayions d’économiser au plus possible notre argent.
Après un peu plus de 2h de route, nous longeons finalement la Vistule, le 9e fleuve d’Europe en termes de longueur. La ville de Toruń, une des capitales de la voïvodie de Cujavie-Poméranie, surgissant progressivement devant nos yeux.
Notre objectif pour cette étape : visiter la vieille ville. Entourée de fortifications, celle-ci se distingue nettement de la partie la plus récente de la ville qui se caractérise, elle, par d’innombrable grappes d’immeubles.
Après quelques difficultés et de vaines errances dans le cœur de la vieille ville pour trouver un horodateur afin de payer notre place de parking, nous avons finalement pu admirer le cœur historique de Toruń.
Ville natale de Mikołaj Kopernik (dont le nom francisé de Nicolas Copernic vous sera probablement plus familier), ce célèbre astronome polonais connu pour avoir développé la théorie selon laquelle le Soleil est au centre de l’univers et que la Terre tourne autour de lui, la vielle ville abrite sa statue ainsi qu’une université portant son nom. De nombreux magasins y vendent aussi, en l’honneur de la personnalité la plus connue de la ville, des pierniki kopernik, du traditionnel pain d’épice enrobé de chocolat
L’astronome polonais Mikołaj Kopernik (Copernic) et le mystère de la tombe perdue
💡 Toruń, ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO
Grâce à son histoire qui a marqué le monde, la ville est inscrite depuis 1997 au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour faire partie de cette liste très en vue, il est nécessaire pour un lieu de remplir deux critères, il doit :
- Témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ;
- et offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine.
Ce qui nous marque dès le premier regard dans le centre historique de Toruń, c’est le nombre impressionnant d’églises, toutes plus belles les unes que les autres avec leur architecture sublime et leurs orgues imposants.
Il n’était pas prévu dans notre programme que nous passions autant de temps à Toruń, mais le temps ensoleillé, l’heure qui avançait sans nous laisser de répit et la procession en l’honneur de la Fête-Dieu (Boże Ciało) nous ont convaincu que ce qui faisait la beauté d’un road trip, c’était de pouvoir prendre le temps d'admirer ce qui nous entoure.
C’est un spectacle étonnant à voir pour qui ne s’y attend pas, mais la Procession du Saint-Sacrement est une vue à ne pas manquer. Composée d’hommes d’Église, de jeunes filles lançant des pétales de fleurs pour tracer un chemin, d’un orchestre militaire et d’une foule grossissant progressivement ses rangs, la procession était émouvante et impressionnante tout à la fois.
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Nous avons donc pris la décision de manger à Toruń et non pas à Łódź comme prévu initialement. La chance nous a souri, ou plutôt l’habilité de Léonie à trouver des bonnes adresses en un temps record, nous à souri. Nous avons ainsi dégusté de délicieux pierogis sur la terrasse d’un restaurant à deux pas du centre de la vieille ville.
Si les pierogis étaient définitivement une bonne raison de choisir ce restaurant, c’est aussi l’histoire du bâtiment et de ses environs qui nous a convaincu. Le restaurant est en fait situé dans une maison d’artisan bâtie au XVIIIe siècle sur les arcades en brique d’un pont traversant des douves. À cette époque, la maison était adjacente à l'église Saint-Nicolas, dont les ruines sont encore visibles depuis le restaurant, et à des fragments du mur gothique d’un monastère dominicain.
La panse bien remplie, il est l’heure pour nous de plier bagage et de reprendre la route en direction de Łódź. Nous avons pris la décision d’emprunter majoritairement des routes de campagnes pour ce chemin pour mieux profiter des paysages et pour, il faut bien l’avouer, économiser de l’essence.
Guide des restaurants à Varsovie Cracovie Poznań Wrocław Łódź Gdańsk Sopot Gdynia
Łódź où le nom de la ville ne s’écrit pas comment il se prononce
Malgré une petite erreur de guidage qui nous a fait perdre un peu de temps, cher lecteur, méfiez-vous des GPS, vagabonder sur les petites routes de campagne au rythme de chansons françaises (Dalida, Jacques Brel, Francis Cabrel, Renan Luce, Véronique Sanson, Jean-Jacques Goldman...) est très agréable.
Tout en chantant du Michel Berger (on vous invite à découvrir si ce n’est pas encore fait), nous comptions les églises, admirions les champs fleuris et les lacs que nous croisions et observions dans le même temps les traces que les processions du Saint-Sacrement avaient laissées dans tous les villages traversés.
Arrivées à Łódź (attention à la prononciation : le nom de cette ville se prononce entre « Woudche » ) un peu plus tard que prévu, nous avons quand même pu profiter du beau temps pour nous balader dans les larges rues piétonnes de la ville, comme la rue Piotrkowska par exemple. Là, nous nous sommes arrêtés pour prendre une limonade au soleil dans un café plein de charme.
Ce qui nous a le plus marqué à Łódź ce sont les traces visibles de son passé industriel : anciennement, c’est là que se trouvait le complexe manufacturier le plus complet d’Europe. Aujourd’hui, à travers une réhabilitation des bâtiments industriels, la ville trouve un nouvel élan et les zones industrielles sont devenues des lieux tendances pour boire un verre, faire la fête ou pour se restaurer.
De ville insignifiante à grand empire industriel : "Terre promise", ou Łódź par Wajda
Photos Léonie Delahoutre et Emma Kozlowski de la ville de Łódź pour Lpj.com Varsovie
Après cette brève pause, il était temps de repartir : prochain arrêt, la ville de Katowice où notre chambre pour la nuit nous attendait.
Katowice, une ville sans grand intérêt, de prime abord
Nous avons continué de rouler au milieu de la campagne mais malgré les snacks, les arrêts réguliers et la musique à fond, la fatigue commençait à se faire ressentir.
C’est à 21h, alors que nous avions quitté notre appartement de Gdańsk vers 7h30 le matin même, que nous sommes finalement arrivées à destination.
L’heure et notre fatigue ne nous a sans doute pas permis de faire justice à la beauté de la ville : notre avis était mitigé alors que la ville est le chef-lieu de la région de Haute-Silésie, que son héritage culturel, industriel et minier est important et que la ville est réputée pour ses excellents festivals de musique.
💡 Katowice, une ville remplie d’histoire
La ville actuelle de Katowice est le produit de la révolution industrielle du 19e siècle. Si Katowice était davantage un village rural, elle doit au charbon son renouveau en tant que cité moderne. Si la ville se développe de manière dynamique pendant l'entre-deux-guerres, elle prend le nom de Stalinogród de 1953 à 1956.
Jusque dans les années 1990, cette ville polonaise était considérée comme l’un des plus importants centres d’industrie lourde d’Europe.
Aujourd’hui Katowice compte plus de 3 millions d’habitants et a construit sa propre identité entre évènements culturels, sportifs et montre un certain dynamisme.
Fun fact : La ville de Katowice est jumelée avec la ville de Saint-Etienne en France !
Ce soir-là le programme était simple : manger dans un restaurant pas trop éloigné de notre logement, douche et au lit ! Il fallait être en forme pour le lendemain où un programme chargé d’émotions nous attendait.
Jour 2 : émotion avec le passage obligé par le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau
Après un réveil quelque peu difficile, nous reprenons la route vers les camps de concentration d’Auschwitz-Birkenau situés dans la ville d’Oświęcim. L’ambiance dans la voiture s’alourdit au fur et à mesure qu’on approche de notre destination.
Nous avions réservé en avance nos billets, faire la queue nous a donc été épargné et au vu du soleil de plus en plus chaud qui montait dans le ciel, c’était pour le mieux.
Notre visite guidée en français a commencé par un petit film qui nous a permis de nous immerger dans l’ambiance, c’est là, dès les 5 premières minutes de la visite que les premiers mouchoirs ont été sortis. La matinée était brûlante, ce qui rendait encore plus intense la visite des anciens baraquements aujourd’hui des musées. Difficile d’imaginer la chaleur qu’il a pu faire pour les plus de 400 personnes qui y furent jadis entassées.
La visite du camp d’Auschwitz s’est terminée sur la lourde note de la visite de la seule chambre à gaz encore debout.
Après une pause nécessaire pour nous remettre un peu de l’émotion et du choc, notre visite a continué vers le deuxième camp : celui de Birkenau. Comme répondant à nos émotions, le temps s’est alors fait orageux et pluvieux.
La visite de ce camp était avant tout un moment émotionnel et triste pour nous, mais c’était, de notre avis, une nécessité de passer par là pour, peut-être, mieux comprendre l’histoire et les cicatrices de la Pologne, ce pays qui nous accueille et qui est notre maison depuis quelques mois.
Si jamais vous souhaitez y aller aussi, prévoyez quelques paquets de mouchoirs, ils vous seront probablement nécessaires.
J’ai visité Auschwitz-Birkenau et je n'en suis pas ressorti indemne
Après un repas bien gras dans un célèbre fast-food qui nous a aidé à faire le tri dans nos émotions, nous nous sommes remises en route en milieu de journée, encore secouées mais excitées de voir ce que le reste du voyage nous réserve.
La route était magnifique. Plus nous allions vers le sud, plus les routes étaient sinueuses et les vues extraordinaires. La route était entrecoupée par des lacs et des montagnes, nous permettant de faire des pauses au pied de celles-ci tout en ayant une vue dégagée sur des lacs.
En début de soirée, alors que le soleil descendait progressivement derrière les montagnes, nous sommes arrivées à notre dernière étape du jour : un chalet en bois blottis au cœur des vallons montagneux du sud appartenant à de la famille à Léonie qui nous a gentiment accueillis.
Jour 3 : bol d’oxygène, découverte des montagnes polonaises
Après une nuit de sommeil réparatrice, un bon petit-déjeuner, de bons conseils, et des barres de céréales au sésame - supposées nous donner des forces, plein le sac ; nous repartons sur la route dans l'objectif d’aller à Zakopane voir le lac de Morskie Oko.
Sur la route, nous croisons beaucoup d'enfants, l’air joyeux et les mains remplies de cadeaux. C’est parce que le premier juin, en Pologne, c'est la journée des enfants. Une fête prise très au sérieux ici où les parents font de leur mieux pour permettre à leur(s) enfant(s) de passer une superbe journée. De-ci et de-là nous voyons donc des fêtes foraines et bien d’autres activités organisées pour les enfants.
Guide du ski nordique en Pologne, épisode 1 : les aspects pratiques !
Randonnée dans le parc national des Tatras
Finalement nous atteignons Zakopane d’où nous prenons un bus qui nous mène jusqu’au début de la route qu’il nous faut emprunter pour aller au lac de Morskie Oko.
💡 Bon à savoir
Bien qu’il ne soit pas possible de prendre sa voiture pour aller directement jusqu’au lac, il existe des parkings le long de la route et à Zakopane, d’où il est facile de prendre le bus depuis la gare pour faire le trajet jusqu’au début de la randonnée.
Il est possible de réserver un billet de bus sur Internet, mais au retour, faute de réseau, ce n’est pas possible. Néanmoins, il est possible de retirer de l’argent aux distributeurs de monnaie.
Attention, nous vous conseillons de retirer de l’argent dans la ville de Zakopane car il y a d’importants frais de change, de l’euro vers le złoty, plus haut dans la montagne.
La randonnée est quelque peu différente de ce qu’on peut voir en France, elle peut se faire exclusivement sur une route bétonnée et bien que quelques passages permettant de marcher dans un milieu plus naturel existent, ils restent minoritaires. Néanmoins, la route sillonnant le cœur de la forêt et des montagnes, cette randonnée reste un défi physique dans un écrin de verdure. Elle est aussi rythmée par des cours d’eau et des cascades qui rafraîchissent l’air et donnent au paysage une ambiance quelque peu féérique. Une fois arrivé plus haut, là où l’air devient plus frais et où le vent rugit plus fort, la récompense finale est là : une vue imprenable sur le lac et les montagnes qui est à couper le souffle.
💡 Bon à savoir : à environ ¾ du parcours et à la fin, devant le lac, des lieux pour se restaurer existent, néanmoins seul le paiement en espèce y est accepté.
Bien qu’on nous ait avertis des ours, nous les avons visiblement manqués. Mais en descendant, nous avons croisé deux charmantes biches qui mangeaient tranquillement sur le bord de la route, indifférentes aux nombreux promeneurs.
Il est possible de faire une large partie de la randonnée dans une calèche tirée par deux chevaux. Les calèches sont remplies en montée et en descente et cela nous a vraiment fait mal au cœur de voir ces chevaux tirer péniblement un tel poids sous la pluie. Rien que marcher nous donnait très chaud malgré les températures peu élevées du sommet, alors qu’en était-il de ces pauvres équidés !
« Travaillant » toute l’année, sous la neige ou sous le soleil brûlant, cela nous semble tout simplement inhumain. En explorant la presse polonaise à notre retour, nous apprenons que depuis le 1er juin, le nombre de personnes transportées est réduit : au lieu de 12, ils n’en transportent que 10, et le temps de repos des chevaux en haut du parcours est passé de 20 minutes à une heure. Il faut savoir que les chevaux ont pu transporter jusqu’à 30 personnes dans les calèches, jusqu’en 2009, date d’un terrible accident causant la mort d’un cheval. Les chevaux subissent également des tests supplémentaires et permettant de recalculer s’ils ne sont pas surchargés. De plus, les essais d’un autobus électrique sont mis en place sur cette ligne.
Pour faire un aller jusqu'au lac, à pied, comptez généralement 2h30 et approximativement le même temps pour redescendre. Dans notre cas, nous sommes parvenus à faire l’aller-retour en 3h20 ! C’est sans doute la motivation de manger après la randonnée et l’envie de ne pas arriver trop tard à Cracovie où nous avions réservé de quoi dormir qui nous a ainsi donné des ailes.
Nuit à Cracovie au cœur du quartier juif
Après un repas attendu en bas de la montagne, un trajet en bus où, bercées par les virages, nous nous sommes toutes les deux endormies, nous voilà de nouveau sur la route !
C’est le début du retour puisque nous remontons vers le nord du pays. Cracovie, l’ancienne capitale du pays et siège des rois polonais, une ville qui a connu tant d’évènements historiques comme son soulèvement, nous attends.
Le soulèvement de Cracovie du 21 février 1846
Nous arrivons en soirée et nous profitons de la vie nocturne pour aller dans le quartier juif, très proche de notre logement. Là, nous dénichons un restaurant faisant de la nourriture traditionnelle polonaise tout simplement délicieuse et où les serveurs y sont très sympathiques.
Bien que nous n’ayons pas eu l’occasion de passer beaucoup de temps dans la ville, une chose est certaine : nous y retournerons.
Jour 4 : Retour à Gdańsk par les routes de campagne
Alors que nous comptions sur cette nuit pour être reposante afin d’affronter les 6h de trajet retour (en théorie donc sans pause et sans bouchons), nous avons été bien déçues. Nous nous sommes réveillées fatiguées d’une nuit souvent interrompue par du bruit ou les ressorts des matelas.
Malgré tout, nous repartons et pour nous, la fin du voyage n’est pas synonyme de moins de découvertes.
Notre premier arrêt se fait donc à Częstochowa, haut lieu religieux considéré comme la capitale spirituelle de la Pologne. En effet, c’est là que la légende de la Vierge Noire balafrée est apparue.
Là-bas, nous avons pu assister, de manière imprévue, à deux bouts de messe lors de nos visites des églises de la ville.
💡 La légende de la Vierge Noire balafrée de Częstochowa
La Vierge Noire, connue sous le nom de Notre-Dame de Czestochowa, a une image peu anodine : deux cicatrices balafrent sa joue et une son cou.
Selon la tradition, l’image aurait été possédée par le duc Ladislas II d’Opole au XIVe siècle. Un jour, sa forteresse fut assiégée par les Tatares et au cours de la bataille, une flèche aurait touché la peinture au niveau de la gorge de la Vierge Marie.
Par crainte que le tableau ne tombe dans des mains ennemies, Ladislas confie à Czestochowa l’image à des moines paulins.
En 1430, une armée hussite aurait envahi le sanctuaire, construit par les moines pour honorer la Vierge Noire, et voler l'icône. Un des soldats la frappa par deux fois avec son épée, marquant ainsi l’image de la Vierge de deux cicatrices de plus. Il serait mort avant de pouvoir porter d’autres coups.
La Vierge Noire fut récupérée et à nouveau placée dans l’église du sanctuaire. Au fil des années, des artistes tentèrent de restaurer l’image, en vain : les cicatrices réapparaissent miraculeusement systématiquement.
Les artistes décidèrent donc d’abandonner, reconnaissant que la Vierge désirait garder ces cicatrices.
Photo de la Cathédrale de la Sainte-Famille de Czestochowa par Léonie Delahoutre pour Lpj.com Varsovie
Notre deuxième arrêt s'est fait à Łask, une petite ville au milieu de la campagne à l'apparence charmante et calme. Là, nous avons mangé dans un restaurant peuplé de familles sortant de l'église ou venant de la course de vélo qui avait apparemment eu lieu plus tôt dans la matinée.
Après cette pause, pour aller plus vite, nous quittons les routes de campagne pour prendre l'autoroute. Une erreur stratégique car devant nos yeux se forment des bouchons. Nous revenons donc, peu de temps après, sur notre décision et continuons sur des routes de campagne qui sont, elles aussi, surpeuplées.
C’est un lent trajet jusqu'à l’aéroport de Gdańsk qui met nos nerfs à rude épreuve. Nous arrivons finalement près de 2h après l’heure prévue d’arrivée, épuisées.
Mais revoir Gdańsk a un goût doux-amer, la ville de Lech Walesa est devenue notre maison mais cela signifie aussi que notre voyage touche à sa fin.
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Un voyage inoubliable, entre chansons, découvertes et aventures
Finalement, ce voyage effectué seulement quelques jours après notre rencontre nous a permis de découvrir non seulement la Pologne mais aussi l’autre. Entre chansons, questions plus personnelles pour s’occuper sur la route et partage de moments forts, ce road trip nous a véritablement permis d’en apprendre plus l’une sur l’autre et de nous rapprocher.
Au fond, ce fut une formidable opportunité de découvrir la Pologne du nord au sud alors que nous ne sommes dans le pays que pour deux mois et demi. Nous en sommes très reconnaissantes.
À charge de revanche : Léonie a conduit la voiture - notre Roberta, vous vous souvenez ? Donc, moi - Emma, j’ai pris la conduite de cet article. Mais il était important qu’elle partage également avec vous son ressenti, même si elle a validé chacun de mes mots.
Voici ce que ce Polska trip a représenté pour elle
« Plus qu’une aventure en voiture, ce voyage de quatre jours fut court et intense. Je retiendrais les pics enneigés des montagnes, les routes de campagne avec les fenêtres ouvertes et la musique qui résonne, les nombreux mouchoirs utilisés dans un lieu chargé d’histoire et d’horreur, les salles de bain des auberges de jeunesse, les conversations passionnantes avec Emma, les déjeuners typiques et les cookies dans la voiture… C’est à travers ces moments de vie que l’on se rend compte de la chance que nous avons de voyager, de pouvoir louer une voiture et de se sentir libre de nous rendre là où on le souhaite.
À travers ce voyage, j’ai découvert un visage de la Pologne que je ne connaissais pas ; des Polonais accueillants, des champs à perte de vue, une nourriture toujours aussi délicieuse, des routes sinueuses, des lacs plus ou moins grands, des forêts plus ou moins dense…
J’ai aussi découvert et rencontré une amie, bien plus qu’une colocataire et qu’une copilote, Emma m’a suivi dans mes fantaisies et me permet d’avoir confiance en moi. Pour cela, je referai ce voyage encore 1.500 fois. »
Un dossier réalisé par Léonie Delahoutre (pilote de Roberta) et Emma Kozlowski (co-pilote)