Les barrières relatives à la distance géographique, à la langue, à la culture, à la religion... Une réflexion autour de la différence.
« À Bali, j’ai rencontré quelqu’un de formidable » me dit un ami et, de préciser « nous envisageons de vivre ensemble ». Je me dis que, les barrières de certains sont relatives, par exemple à la distance géographique, la langue, la culture, la religion, n’en sont pas pour ces deux-là, et je m’en réjouis pour eux. Cela m’a tout de même amené à réfléchir sur la notion de différence. Comment la définiriez-vous ?
« Le cœur a ses raisons que la raison ignore »
Elle parle indonésien, lui français ; ils se rejoignent sur un approximatif anglais qui leur convient et puis, il y a tout ce que l’on exprime autrement que par la parole.
Elle est hindoue, lui baptisé catholique non pratiquant, mais, sous le charme, est prêt à se convertir. Quant aux frontières, elles ne sauraient être une barrière pour lui qui envisage de s’installer sur l'Île des Dieux.
A l’évidence, la dynamique émotionnelle est le véritable moteur de l’action ; elle crée le no-limit, ouvre le champ des possibles, attise la créativité, mais, peut parfois amener à des situations bien douloureuses après-coup. « Le cœur a ses raisons que la raison ignore » avait déclaré, avec quelques confusions, Blaise Pascal. Voyons de plus près ce qu’il en est…
Être en harmonie
Dans mon précédent article, je vous exposais que la prise de décision, surtout quand il s’agit d’un changement fondamental dans sa vie, pouvait se faire avec méthode, par l’usage de la raison. Cette dernière vous permet d’être conscient de cette dynamique émotionnelle et de l’inclure dans votre réflexion.
Aujourd’hui, le sujet est tout autre : Comment deux personnes que 11.714 kilomètres séparent, peuvent avoir une relation harmonieuse ? Plus généralement, qu’est-ce qui fait que des personnes s’entendent et d’autres pas ?
A l’issue d’une recherche menée depuis plus de 20 ans sur les relations humaines, Jean-Louis Lascoux, initiateur et fondateur de la médiation professionnelle, a développé le concept d’homéostasie : Toute personne est en recherche de satisfaction, d’harmonie et d’équilibre dans ses relations à elle-même, à autrui et au monde.
Ces recherches sont naturelles et non-volontaires et peuvent aisément se vérifier : si je vous demande : « ce que vous souhaitez, recherchez, aimeriez, c’est être en harmonie avec vous-même, en équilibre relationnel avec les autres et d’une façon générale d’être satisfaits ? », j’obtiendrais sans doute la démonstration de cette quête que nous partageons tous.
Qu’est-ce qui fait que je me sens bien avec cette personne-là, et réciproquement ? À l'instant, au moment de la rencontre, chacun est satisfait dans ses besoins en termes d’harmonie (nous semblons partager les principales valeurs ou visions du monde, des choses, de la relation naissante) et d’équilibre relationnel. Tout va bien jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’harmonie (je voulais fonder une famille incluant mes propres parents à la maison, lui préfère une relation plus libre) ou d’équilibre dans la relation (rupture d’équité ou de réciprocité : elle pense pour deux, lui multiplie les activités individuelles). Les incompréhensions apparaissent, les tensions se multiplient, chacun, pour satisfaire ses propres besoins, va se montrer maladroit, usant de contraintes : je romps la relation si ça ne change pas de ton côté, suscitant renoncement ou résignation et de fait… frustrations du fait de ne pas se sentir libre et épanoui.
L'autre comme un autre soi-même
La prise de conscience de ce qui se passe en nous et avec autrui est fondamentale si l’on aspire à bien-vivre ensemble et ouvrir la voie du dialogue. Alors pour revenir à la notion de différence, en définitive, l’autre, au-delà des cultures, religions, races, distances géographiques, etc, est un autre au sens plein du terme. Cela vous parait évident, mais réfléchissez-y posément.
N’est-on pas plutôt à considérer l’autre comme un autre moi-même ? « Ne fais pas à l’autre ce que tu ne veux pas que l’on te fasse », c’est ce que l’on entend assez couramment, sans plus trop se pencher sur le sens de cette phrase. Or, ne serait-il pas plus juste de dire : « ne fais pas à l’autre ce qu’il ne veut pas qu’on lui fasse ».
Je viens de vous ouvrir la porte vers l’altérité… reconnaître l’autre en tant qu’il est autre, avec ses différences, dans ses points de vue, ses actions et ses intentions, c’est déjà le début d’une relation de qualité.
A noter que le 20 janvier aura lieu la "Journée internationale de la médiation professionnelle" qui aura pour thème : L'individu et la société, comment bien vitre avec ses différences ? Pour en savoir plus, consultez le site internet dédié.