Ce lundi 20 janvier a eu lieu l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche suivie de la signature des décrets présidentiels avec la politique intérieure et le rétablissement de la puissance américaine dans le monde comme priorités. Si Trump s’était montré virulent pendant la campagne présidentielle envers la Chine, celle-ci a été plutôt absente du discours du 47e Président américain, quoique de nombreuses décisions l'affectent directement. Explications.
Visite en Chine et Accords de Paris
En matière diplomatique et géopolitique, le président des Etats-Unis frappe fort dès son premier jour. Les Français n'ont pas manqué de noter que Donald Trump s’est empressé de sortir les Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qu’il dénonce comme des “arnaques unilatérales et injustes” qui “dépouillent” les Etats-Unis. Or, cette politique étrangère disruptive pourrait bien servir Pékin qui aurait dès lors l’opportunité de se montrer comme un acteur plus favorable à ses partenaires sur la scène internationale.
Ainsi, dès mardi la Chine a rappelé son soutien aux accords de Paris sur le climat mais aussi à l’OMS, « Le rôle de l'OMS doit être renforcé, pas affaibli » et « Le changement climatique est un défi commun auquel est confrontée l'ensemble de l'humanité, et aucun pays ne peut rester insensible ou résoudre le problème tout seul » a en effet indiqué le porte-parole de la diplomatie chinoise, Guo Jiakun. Justement, les relations sino-américaines risquent de revenir rapidement à l'ordre du jour de l'action du président Trump qui a déjà fait savoir qu'il souhaitait se rendre en Chine au cours des 100 premiers jours de son mandat. Plusieurs thèmes liés à la guerre commerciale en cours et les restrictions qui frappent les industriels chinois dans l'accès aux technologies sensibles devraient être au menu des discussions entre les leaders chinois et américain.
Panama, droits de douanes...
Si pendant la campagne présidentielle Donald Trump a soutenu une position défensive face à la Chine faisant miroiter des menaces de taxations douanières élevées (60%), le discours d’investiture a pourtant semblé effacer cette préoccupation. En effet, Donald Trump a confirmé sa volonté d’imposer des droits de douane de 25% au Canada et au Mexique dès le 1er février tout comme il a menacé l’union Européenne en rappelant que les Etats-Unis ont “un déficit commercial avec l'UE de 350 milliards de dollars. La Chine est agressive, mais il n'y a pas que la Chine. D'autres pays sont aussi de grands agresseurs”. Au lendemain de l’investiture, le président évoque tout de même la possibilité de taxation de la Chine de 10% en réponse au trafic de fentanyl - défi posé à la société américaine.
L'attaque la plus directe concerne Panama, accusé de laisser se développer l’influence chinoise à proximité immédiate du territoire américain. La Chine de son côté joue la carte de la main tendue, le vice président chinois Han Zheng, présent lors de la cérémonie d'investiture, demandant aux entreprises américaines de “continuer à investir et à s’implanter” en Chine. De même, Guo Jiakun a observé que malgré l’existence de “différences et de frictions”, les Etats-Unis et la Chine partagent des “intérêts communs et l’espace de coopération entre les deux pays est immense”, ajoutant “Nous espérons que les Etats-Unis travailleront avec la Chine pour promouvoir conjointement le développement stable (...) des relations économiques et commerciales sino-américaines”.
Stargate, la bataille mondiale pour de l'IA
Aux côtés de Donald Trump se tenaient ce mardi les patrons de la start-up d’IA générative OpenAI, de l’investisseur japonais SoftBank et de la compagnie tech spécialiste du “cloud” (informatique à distance) Oracle dans du lancement d’une initiative intitulée “Stargate”. Ce programme devrait bénéficier d'un investissement initial de 100 milliards de dollars qui devraient s’étendre à 500 milliards sur les quatre prochaines années. L'enjeu est de taille puisqu'il s'agit pour Donald Trump de faire des Etats-Unis une puissance de premier plan dans le domaine des technologies et notamment de l’IA.
Avec Stargate, Donald Trump affirme la volonté américaine de revenir au premier plan sur l'IA, un domaine aujourd'hui largement dominé par la Chine qui possède ni plus ni moins que les trois quart des brevets déposés dans le monde. Le président a justement expliqué que ces investissements "sont de l'argent qui, normalement serait allé à la Chine ou à d'autres pays, mais plus particulièrement à la Chine". Le projet d’intelligence artificielle “Stargate” devrait créer plus de 100.00 emplois américains et “porter la prochaine génération de l’IA” en permettant la construction de centres de données considérés par Donald Trump comme “la plus grande infrastructure pour l’intelligence artificielle de notre histoire.”
A suivre