D’où vient cette drogue qui traverse les frontieres ? Enquête sur l’Espagne, plaque tournante du trafic vers la France et l’Europe.


Vous les avez vus, ces dealers, un peu partout dans nos villes françaises. Vous en connaissez peut-être un. Un ami qui a mal tourné, ou tout simplement le dernier petit commerçant que vous consultez le dimanche matin, entre deux étals de tomates et de brocolis. Mais d’où vient vraiment cette drogue ? Remontons la filière jusqu'à l’un de ses principaux hubs : l’Espagne.
L’Espagne, une plaque tournante du trafic de drogue en Europe
Au port de Barcelone, entre deux containers remplis de riz, les douaniers ont mis la main sur quatre tonnes de cocaïne. Ce n’est ni la première, ni la dernière saisie de ce genre. L’Espagne est devenue une porte d’entrée majeure pour les narcotrafiquants qui veulent approvisionner l’Europe. Sa situation géographique, entre l’Amérique latine, le Maroc et le reste du continent, en fait un point de passage idéal.
Mais ce ne sont pas seulement les docks de Barcelone qui font du pays un paradis pour le commerce de la drogue. Plus au sud, la Costa del Sol joue un rôle clé. À quelques kilomètres du détroit de Gibraltar, cette zone ensoleillée n’est pas seulement un refuge pour les retraités britanniques, mais aussi une véritable plaque tournante du trafic. Les chargements de cannabis marocain et de cocaïne sud-américaine y transitent discrètement avant d’être redistribués à travers l’Europe. Un marché juteux qui alimente directement la demande en France, où les consommateurs sont de plus en plus nombreux à se fournir via ces circuits.
Quand la drogue amène la violence
Qui dit gros business dit forcément rivalités. Et en Espagne, les narcotrafiquants ne font pas dans la dentelle. La montée en puissance des cartels marocains et des groupes criminels locaux entraîne une montée de la violence. Fusillades, règlements de comptes... Les autorités espagnoles assistent, à une guerre de territoire répartie un peu partout dans le pays et les arrestations sont nombreuses.
Paradoxalement, cette situation n’est pas sans rappeler ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique. Les gangs sud-américains ont longtemps utilisé l’Espagne comme un simple point d’entrée vers l’Europe. Aujourd’hui, ils y implantent des relais, s’associent aux mafias locales et s’affrontent pour le contrôle du marché.
Un business qui se répand en France
Si la cocaïne et le cannabis entrent en Espagne, c’est pour mieux repartir. En direction de la France, notamment, où le marché est en pleine explosion. A Marseille, Lyon ou Paris, les dealers se réapprovisionnent via ces routes bien huilées, transportant la drogue par camions, bateaux et même pour les plus "privilégiés" avions privés.
Les douanes font leur possible pour stopper ces flux, mais les quantités saisies ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan du trafic. Pendant ce temps, la consommation en France atteint des records, notamment pour la cocaïne, qui n’a jamais été aussi accessible. Il faut dire que les réseaux espagnols ont su s’adapter : avec une logistique bien rodée et des points d’entrée diversifiés, ils s’assurent que l’offre ne faiblisse jamais.
Un cercle vicieux bien huilé
Une chose est sûre : la position stratégique de l’Espagne en fait un eldorado pour les narcotrafiquants. Et tant que la demande ne faiblira pas en France et ailleurs, les cargaisons continueront d’affluer et les autorités de jouer au chat et à la souris.
Il suffit de lire la presse locale pour se rendre compte du nombre de plus en plus important de traffics. La guardia civil , la gendarmerie espagnole, fait face, avec courage et persévérance, à de réels dangers quotidiens. Ce lundi matin 24 février, par exemple, le ministere de l’Interieur a fait savoir qu’un réseau qui faisait entrer 6 tonnes de cocaine en Europe a été arrêté.