Chaque semaine, nous vous proposons de revenir sur un élément de la mythologie grecque, qui malgré de nombreux textes, objets ou œuvres architecturales, demeure un mystère. Après la guerre de Troie, nous nous intéressons aux circonstances de la mort d’Alexandre le Grand. Ce héros macédonien a établi, en seulement treize ans de règne, un empire gigantesque. Décédé en 323 av. J-C à seulement 32 ans, la majorité des historiens s’accorde pour dire qu’il est mort d’une forte fièvre, mais c’est l’origine des symptômes qui interroge.


Un des plus grands conquérants de l’Histoire
L’assassinat de son père Philippe II l’amène sur le trône à l’âge de 20 ans, en 336 av. J-C. Grâce à son père, il hérite d’un pouvoir solide appuyé sur une armée de qualité. Défenseur du panhellénisme, il impose son autorité aux Grecs et fonde une coalition militaire. Celle-ci est victorieuse et conquiert l’actuelle Turquie, le Levant, Jérusalem et va jusqu’en Égypte où il est proclamé pharaon en 331 av. J-C. À l’est, il s’empare de la Mésopotamie et de la Perse et atteint même les portes de l’Inde.
Fondateur d’une vingtaine de cités, dont la célèbre Alexandrie, son règne s’est illustré par le rayonnement de la civilisation grecque. Ces conquêtes ont ainsi forgé sa légende et, dès l'Antiquité, de nombreux écrits et récits relatent ses aventures. Certains sont d’abord légendaires et ont contribué à faire de lui un héros divinisé qui inspirera nombre de dirigeants et militaires au-delà des frontières grecques.
De terribles derniers jours
Les Éphémérides royales permettent de savoir qu’Alexandre est pris d’une forte fièvre le 30 mai de l’an 323 av. J-C. À partir du 5 juin, il ne peut plus prendre part à la gestion des affaires, et notamment la préparation de l’invasion de l’Arabie, et le 7 juin, il perd l’usage de la parole et est paralysé. Il est proclamé mort le 11 juin.
Dans la semaine précédant sa mort, les récits mentionnent donc des frissons, des sueurs, de l'épuisement et une forte fièvre.
Infection ou problème neurologique ?
En 1998, l'École de médecine de l'Université du Maryland affirme que les symptômes d’Alexandre correspondent à ceux de la fièvre typhoïde ou du paludisme, qui étaient deux infections particulièrement répandues alors en Mésopotamie.
Vingt ans plus tard, Katherine Hall, professeure de médecine en Nouvelle-Zélande, défend l’idée d’une maladie auto-immune, le syndrome de Guillain-Barré causant fièvre et paralysie.
Cela permettrait aussi d’expliquer la raison pour laquelle le corps d’Alexandre n’aurait montré aucun signe de décomposition pendant six jours. Allongé, paralysé, sa respiration imperceptible, ces contemporains l’auraient cru mort avant que cela ne soit le cas. Et, étant encore en vie, son corps n’avait donc pas commencé de se décomposer. Ce n’est que six jours plus tard qu’il aurait véritablement perdu la vie.
Tout cela est impossible à vérifier mais contribue à susciter la controverse historique.
L'assassinat écarté
Sa mère, Olympias aurait plus tard diffusé la rumeur selon laquelle son fils a été empoisonné. Elle accuse Cassandre et Iolas, les fils du régent Antipater qui était alors le suspect idéal. Échanson du roi, il était chargé de servir à boire à Alexandre et souhaitant conserver la régence, il aurait organisé l'assassinat. Antipater aurait confié le poison à ses fils pour le mêler à la coupe de vin d'Alexandre, avec la complicité de Médios qui a organisé le dernier banquet du roi.
Or, il apparaît qu'Olympias a propagé la rumeur dans le seul but d'affaiblir Antipater, alors que croissaient les rivalités entre les successeurs d'Alexandre. D'autant qu'aucun contemporain ni philosophe antique n'a pris au sérieux cette idée qui, visiblement, a été inventée postérieurement.
