La Grèce a annoncé la semaine dernière sa volonté de recommencer les recherches nécessaires à la pose du câble sous-marin électrique entre la Crête et Chypre. Les navires d’études doivent donc retrouver la mer. Parallèlement, un accord serait en passe d’être trouvé entre les autorités grecques et l’entreprise étatsunienne Chevron pour la prospection d’hydrocarbures en mer au sud de la Crête. Ces deux projets ne sont pas sans susciter l’opposition du voisin turc qui n’apprécie guère la présence grecque dans cette zone qu’il revendique, contrairement au droit.


Concrétisation du câble électrique gréco-chypriote…
Le projet « Great Sea interconnector » doit établir, d’ici 2029, une connexion électrique entre la Grèce et Chypre, par l’installation d’un câble sous-marin. Ce projet, reconnu d’intérêt communautaire par les pays européens, nécessite le déploiement de 1200 kilomètres de câbles.
C’est afin de concrétiser cette étape cruciale que les autorités grecques ont donné leur accord au retour en mer des navires d’étude. L’interruption des travaux de recherche avait été décidée suite aux tentatives de perturbations de bateaux turcs. Mais, le ministre Gerapetritis a rappelé la volonté des deux pays que « la recherche et la pose des câbles se déroulent comme prévu ».
Le calendrier doit encore être précisé par l’entreprise française Nexans qui a obtenu le contrat. Mais, les recherches commenceront sous peu près des îles Kassos et Karpathos.
…et exploration de gisements hydrocarbures
Dans le même temps, l’entreprise étatsunienne Chevron a manifesté son intérêt pour la prospection d’hydrocarbures au sud de la Crête. Après avoir exprimé son accord pour l’ouest de la Crête et le sud du Péloponnèse, Athènes est en passe de donner son aval pour l’exploration de cette zone hautement stratégique.
D’autant que pour les autorités grecques, l'implication d'une grande entreprise étatsunienne en Méditerranée orientale n’est pas anecdotique. Le fait que Washington se soit manifesté auprès des autorités grecques est vu par ces dernières comme une reconnaissance de leur zone économique exclusive. La Grèce s’est donc réjouie de recevoir de fait le soutien des États-Unis quant à sa position territoriale au sud de la Crête.
L’opposition turque ne se réduit pas
Cette victoire symbolique grecque est donc une défaite diplomatique pour la Turquie. En vertu de l’accord qu’elle a conclu avec la Libye en 2019, elle revendique illégalement une large zone située au sud et à l’est de la Crête.
C’est à ce titre qu’Ankara avait envoyé des navires de la marine à proximité des opérations nécessaires à l’installation du câble gréco-chypriote et qu’elle multiplie les intrusions. Des sources du ministère turc de la Défense ont d’ailleurs affirmé que les forces du pays ne permettraient aucune violation de leurs droits et empêcheraient un « fait accompli » qui menaceraient leurs intérêts.
La Turquie pourrait donc toujours essayer de perturber les projets grecs en maintenant la présence de ces navires. Mais Athènes estime que son voisin est déjà suffisamment empêtré dans ses problèmes internes, notamment les importantes manifestations qui font suite à l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu.
Paris soutient Athènes
Athènes peut aussi compter sur l’appui de son allié français historique. Le ministre Lecornu est venu exprimer, ce lundi 14, le soutien de la France aux travaux de recherche liés à l’installation du câble électrique sous-marin. D’autant que c’est une entreprise française, Nexans, qui est à l’œuvre de cet important projet.
C’est également au titre de cette coopération renforcée entre les deux pays que la marine française renforce sa présence en Méditerranée orientale. Le porte-avions Charles de Gaulle devrait très prochainement poser l’ancre près de l’île de Kasos, à l’endroit-même où les recherches doivent recommencer.
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