Un Thaïlandais a été condamné à de la prison dans son pays pour avoir vendu des calendriers représentant des petits canards en plastique, symbole du mouvement militant pour la réforme de la monarchie
Un militant politique arrêté en Thaïlande pour avoir vendu des calendriers satiriques à l’effigie de petits canards jaunes a été condamné à deux ans de prison pour avoir insulté le roi Maha Vajiralongkorn, a annoncé jeudi une ONG d'assistance juridique.
La loi thaïlandaise de lèse-majesté est parmi les plus sévères au monde et prévoit des peines allant jusqu'à 15 ans de prison par chef d’accusation. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées ou emprisonnées en vertu de cette loi ces dernières années, l’une d’entre elles ayant récemment été condamnée à 43 ans de réclusion.
Le petit canard en plastique jaune est devenu le symbole d'un mouvement de protestation anti-gouvernemental qui avait tenté en 2020 d’impulser des réformes de la monarchie Thaïlande, où le roi est constitutionnellement "intronisé dans une position de culte vénéré".
Le militant, dont l'avocat a demandé qu’il ne soit pas nommé, a été condamné à trois ans de prison, mais la peine été réduite à deux ans car son témoignage a été jugé utile, selon l’ONG Thai Lawyers for Human Rights, qui a représenté ces deux dernières années des dizaines de personnes accusées de lèse-majesté.
L’homme a été arrêté en décembre 2020 après une perquisition policière à son domicile où les fameux calendriers aux petits canards qu'il vendait en ligne ont été retrouvés.
"Il nie les accusations parce qu'il n'a pas fabriqué les calendriers et que leur contenu ne présente pas de caractéristiques susceptibles de violer l'article 112", a déclaré à Reuters l'avocat, Yaowalak Anuphan, ajoutant que son client était en liberté sous caution et envisageait de faire appel.
L'article 112 était - jusque récemment - un sujet tabou dont il était interdit de débattre publiquement en Thaïlande. Mais une nouvelle génération de militants a commencé à en discuter sur les réseaux sociaux puis en public, et certains ont appelé les partis politiques à en faire un sujet de campagne dans la bataille électorale qui se déroule en ce moment en vue du scrutin prévu début mai.
Les groupes de défense des droits de l'homme accusent les autorités d'être trop zélées dans leur application de la loi, dont les gouvernements successifs ont estimé qu’elle était nécessaire pour protéger le palais. Le palais royal ne fait généralement pas de commentaires sur cette loi.