

Le club APM (Association Progrès du Management) tenait lundi 20 mars une conférence sur l’ubérisation de l’économie et les mutations technologiques. L’invité d’honneur était Oussama Ammar, co-fondateur de l’incubateur de start-up The Family.

Vêtu d’un jean et de converses délavées, cet investisseur de 29 ans en a déjà sous le pied. Dans son discours, il a mis en avant les mutations sociologiques auxquelles les entreprises sont aujourd’hui confrontées et la nécessité pour elles de s’adapter à un monde fragmenté "La vie est construite par des choix uniquement personnels. Il n’y a plus de logique de groupe”, explique Oussama Ammar. Cela se reflète à l’échelle des entreprises. “Les dirigeants ne peuvent plus être neutres sans prendre le risque de se mettre une communauté à dos”. Pour lui, la distance entre l’économie et la politique tend à s’effondrer. “Il y a des entreprises de droite, d’autres de gauche. Le parti-pris marketing est devenu la norme”.
Pour l’investisseur aguerri, cette révolution sociologique est engendrée par Internet. Il souligne que l’Internet n’est pas uniquement un outil technologique permettant d’améliorer les solutions. Il devient une plateforme d’expression pour les consommateurs et les employés et leur permet de se retrouver dans leurs valeurs. “Internet incarne la dernière étape du processus démocratique. Elle redonne le pouvoir au consommateur et le dirigeant peut être renversé du jour au lendemain”.
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Oussama Ammar avec le jeune Jaylaan Belloteau, élève du Lycée Français International de Bangkok invité par l’APM. Agé de 15 ans, Jaylaan travaille sur le développement d’une application innovante (photo APM) |
Ainsi, toutes les entreprises - même les plus grandes - doivent aujourd’hui savoir travailler avec cette incertitude constante et évoluer avec la conscience qu’elles sont fragiles. “Si demain les gens éteignent leur téléphone, Facebook et Google ne sont plus rien”. La possibilité du “buzz” sur la toile peut tout bouleverser. Les entreprises ne peuvent plus faire n’importe quoi. “Le marché est imprévisible. Lorsque Facebook a été lancé il y a avait 500 millions d'utilisateurs de MySpace. Aujourd’hui il n’y en a plus un seul“.
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Crée en 2013, The Family compte aujourd’hui 550 startups et en recrute près de 220 par an. Pour atteindre les meilleurs résultats, l’incubateur renommé travaille de manière très méthodique avec les nouveaux entrepreneurs. Le processus est basé sur trois étapes clefs. En premier lieu, un programme d’éducation intense pour former les jeunes entrepreneurs à affronter les nouveaux défis. “Je veux investir dans des personnes. Les projets changent, les gens, eux, restent”, a-t-il estimé dans un entretien avec lepetitjournal.com. La deuxième mission est de savoir comment réduire le coût de fonctionnement d’une start-up. “Nous développons plein d’avantages, de services groupés afin de devenir le plus efficace possible”. Enfin, l’incubateur prend également en charge le financement des entreprises. “Le financement doit être appréhendé comme une conséquence des deux premières missions. Plus l’entreprise est forte humainement et plus elle est attractive alors, plus le financement sera élevé”, a-t-il confié.
Concernant l’Asie du sud-est, Oussama Ammar estime “qu’il est de plus en plus facile aujourd’hui de créer une startup et le marché sud-asiatique est très prometteur. Il n’y a aucune raison que la région ne rattrape pas son retard avec une grande vitesse”, conclu-t-il.
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Lisa HANOUN (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mercredi 22 mars 2017
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