Un tribunal thaïlandais a accepté mardi une action collective intentée contre le géant de l’agroalimentaire Charoen Pokphand Foods (CP Foods) en lien avec la prolifération d’une espèce invasive de poisson, le Tilapia noir.


La plainte, déposée par dix pêcheurs de la province de Samut Songkhram, près de Bangkok, accuse CP Foods de dommages environnementaux imputés à la prolifération rapide d’une espèce de poisson invasive, rapporte le Bangkok Post.
CP Foods fait partie du conglomérat agro-industriel Charoen Pokphand Group, qui possède également le deuxième plus grand réseau mobile du pays ainsi que la plus grande chaîne de supérettes, incluant les 7/Eleven.
Face à ce groupe très puissant et influent, les plaignants sont représentés par un avocat, Sittiporn Lelanapasak, ainsi que des avocats du Conseil des avocats de Thaïlande, indique le journal en langue anglaise. Ils réclament 2,4 milliards de bahts (environ 71,2 millions d’euros) de dédommagement.
Selon le Bangkok Post, le tribunal civil de Bangkok Sud a estimé mardi que la plainte remplissait les critères pour être traitée comme une action collective, au vu des dégâts considérables causés par la propagation rapide du poisson dans les cours d’eau du pays.
Cette action collective, une procédure rare en Thaïlande, concerne le tilapia à menton noir, ou tilapia noir, un poisson originaire d’Afrique de l’Ouest apparu en Thaïlande il y a une dizaine d’années. Cette espèce vorace de poisson, qui se nourrit notamment de crevettes et d’escargots, perturbe l’aquaculture thaïlandaise et les écosystèmes locaux.
Les pêcheurs reprochent à CP Foods d’avoir favorisé la prolifération de cette espèce invasive, provoquant une dégradation de l’écosystème local qui a lourdement impacté leurs activités de pêche.
CP Foods rejette ces accusations et a d’ailleurs toujours nié être à l’origine de l’épidémie de tilapia noir.
"Les activités de l’entreprise ne sont pas à l’origine des problèmes soulevés... La question de la responsabilité ou de la culpabilité de l’entreprise sera tranchée après un examen approfondi des preuves par le tribunal", a déclaré l’entreprise dans un communiqué relayé par l’agence Reuters.
Selon un avocat cité par le journal en langue anglaise, cette affaire pourrait créer un précédent pouvant inciter d’autres parties concernées à porter plainte dans 18 autres provinces du royaume.
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