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La Thaïlande intensifie la sécurité aux frontières face aux usines à arnaques

Projet de mur frontalier, scanners à rayons X, réseau de caméras, face à la prolifération néfaste des usines à arnaques opérant depuis les zones frontalières, la Thaïlande durcit le ton.

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La Première ministre Paetongtarn Shinawatra a réaffirmé la semaine dernière la détermination de la Thaïlande à s'attaquer au problème des centres d'appels frauduleux le long de ses frontières. Photo d’archives SPhotograph/Shutterstock
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 4 mars 2025, mis à jour le 5 mars 2025

 

La Thaïlande entend redoubler d’efforts pour contrer autant que possible le développement à sa porte des centres d’appel frauduleux, aussi appelés usines à arnaques, qui ont bourgeonné ces dernières années, entraînant toutes sortes de maux, économiques, sociaux et sécuritaires.

Ces centres clandestins, opérés pour la plupart par des criminels chinois le long de la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, sont soupçonnés de piéger des centaines de milliers de personnes, en Thaïlande et ailleurs dans le monde, dans des activités illégales sur Internet, causant chaque année des milliards de dollars de pertes pour l’économie, selon une évaluation des Nations unies réalisée en 2023.

Le phénomène a atteint de telles proportions que les autorités thaïlandaises ont récemment déclarées la guerre à ces réseaux criminels transnationaux qui exploitent la porosité des frontières avec les pays voisins, notamment le Cambodge et la Birmanie.

 

Empêcher les usines à arnaques de se relocaliser au Cambodge

Un premier grand coup porté à ces réseaux a eu lieu en février 2024, lorsque la Thaïlande a coupé l’approvisionnement en électricité et en carburant ainsi que les connexions internet alimentant des complexes illégaux situés en Birmanie. Cette opération a entraîné la fuite précipitée de nombreux criminels et la libération d’une dizaine de milliers de personnes — pour la plupart des travailleurs forcés, recrutés sous de fausses promesses avant d’être contraints de participer à des escroqueries en ligne ciblant des victimes du monde entier.

 

Des milliers de victimes d’usines à arnaques attendues à la frontière thaïlandaise

 

Cependant, loin de disparaître, ces réseaux se sont relocalisés, notamment le long de la frontière cambodgienne. C’est dans ce contexte que la Thaïlande a récemment annoncé la fermeture temporaire du poste frontière de Chong Chom, dans la province de Surin, comme l'indique la chaine locale Thai PBS. Ce point de passage, utilisé par les trafiquants pour fuir les zones sous pression, est désormais étroitement surveillé. La fermeture vise à empêcher la circulation clandestine de criminels entre les deux pays, tout en signalant une volonté politique forte de reprendre le contrôle des flux transfrontaliers.

 

Contrôle renforcé aux frontières

Pour pérenniser cette stratégie, le gouvernement de Paetongtarn Shinawatra a également proposé une étude de faisabilité pour la construction d’un mur frontalier avec le Cambodge, rapportait lundi le Bangkok Post. Ce projet, qui suscite déjà des débats, s’inscrit dans une approche globale qui inclue le déploiement de scanners à rayons X aux postes de douane pour renforcer le contrôle des véhicules et marchandises. L’objectif : couper les routes logistiques des centres d’arnaque et compliquer leurs approvisionnements.

En parallèle, la Thaïlande mise sur l’intelligence technologique pour perturber les opérations illégales : blocage de signaux mobiles et internet non autorisés, démantèlement de lignes clandestines et ajustement des tours de transmission pour brouiller les communications frauduleuses. Ces mesures techniques, associées à une extension de la surveillance par caméras CCTV dans les zones stratégiques, visent à détecter plus rapidement les mouvements suspects.

 

Impact sur la vie transfrontalière

Enfin, cette offensive repose largement sur une coopération renforcée avec le Cambodge, incluant des opérations conjointes, des échanges d’informations et une coordination diplomatique active. Il s’agit non seulement de poursuivre les cerveaux de ces réseaux, mais aussi de protéger les victimes, souvent des travailleurs asiatiques piégés par cette forme de trafic humain et contraints de participer aux escroqueries.

Les autorités affirment prendre en compte l’impact de telles mesures sur les communautés locales pour lesquelles les échanges transfrontaliers rythment le quotidien, et disent chercher un équilibre entre sécurité renforcée et maintien des liens sociaux et commerciaux.

 

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