Devant les bistrots ce mardi 29 avril : “Aujourd’hui à la carte : ñoquis”. C’est l’une des institutions du pays. Les porteños mangent ce plat importé d’Italie tous les 29 du mois, avec, sous l’assiette : un billet. D’où vient cette tradition ? Est-elle répandue ? Pourquoi perdure-t-elle encore ? Petit point sur une coutume née au Rio de la Plata.


“Tout le monde connaît cette tradition !” lance Maria Rosa, serveuse au Granados de San Telmo. Aujourd’hui au menu : gnocchis et pâtes en tout genre. Les origines de cette tradition sont diverses. Tout aurait commencé au VIIIème siècle, dans le nord de l’Italie. Pantaléon, un jeune médecin, est en pèlerinage près de Venise. Un 29 juillet, affamé, il s’arrête devant la demeure d’une famille de paysans pour leur demander du pain. Bien que pauvre, cette dernière l’invite à sa table et partage avec lui le peu de gnocchis qui lui restait (sept en tout selon la légende). En guise de remerciement, il leur promet un an de pêche et de culture excellente, alors même que l’année s’annonçait très mauvaise. Après qu’il soit parti, la famille découvre des pièces d’or sous l’assiette dans laquelle il avait mangé.
Pantaléon s’exporte en Argentine
Entre 1861 et 1920 environ 2 millions d’immigrés italiens arrivent sur les rives du Rio de la Plata. Souvent ouvriers ou paysans, ils n’hésitent pas à aider les plus démunis avec un peu d’argent, ou une assiette de gnocchis. À la fin du mois, il ne reste le plus souvent, que des patates et de la farine. Les gnocchis del 29 sont aussi une tradition en Uruguay et au Paraguay. Et même en Italie: gli gnocchi della fortuna. Aujourd’hui en Argentine… Les pesos ont remplacé les pièces d’or. Il est commun de mettre un billet sous son plat avant de le manger pour demander chance, travail et prospérité pour le mois suivant. En fait, la tradition répond à une réalité économique : les gnocchis sont un plat peu coûteux et copieux. Idéal pour les fins de mois souvent difficiles.
Des pièces d’or au pesos
Devant son enseigne, Maria Rosa ajoute : “maintenant ce n’est plus par nécessité mais par tradition que les gens vont au bistrot du coin le 29. Ils viennent y manger tous types de pâtes. Et si ça tombe un dimanche, encore mieux : on remplace l’asado par les pasta”.
À noter qu’ici les personnes qui travaillent peu sont appelés “les gnocchis”. Les fonctionnaires où les emplois fictifs, qui ne travaillent supposément que le 29 du mois, jour de paye, héritent de ce surnom. Le président Javier Milei avait d’ailleurs promis d’éliminer les gnocchis de l’Etat pendant sa campagne.
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