Dans le Mondulkiri, les peuples autochtones s’opposent au barrage Sre Pok Krom 3, défendant leurs terres ancestrales et leurs traditions contre les compensations jugées insuffisantes.


Le 22 janvier 2025, à l’aube, les habitants autochtones de Nong Bur, un village niché dans la commune de Nong Khlik, district de Koh Nhek, province de Mondulkiri, ont une nouvelle fois invoqué leurs ancêtres. En sacrifiant vaches, porcs, poulets et canards, ils ont prié les esprits des terres et des eaux pour qu’ils empêchent la construction du barrage hydroélectrique Sre Pok Krom 3, porté par la Royal Group de Kith Meng.
Ces cérémonies, qui se multiplient depuis début janvier, traduisent une détermination sans faille : les habitants refusent de quitter leurs terres, même face aux promesses de compensations financières.
Un dialogue qui peine à convaincre
Deux jours plus tôt, le 20 janvier, autorités locales et représentants de la Royal Group ont tenté de rassurer les résidents lors d’un forum public. Ils ont mis en avant l’importance du barrage pour réduire la dépendance énergétique du Cambodge envers ses voisins.
Mais ces arguments n’ont pas ébranlé les habitants, qui ont réaffirmé leur refus catégorique de partir. Pour eux, leur mode de vie, centré sur l’agriculture et la pêche, est indissociable de ces terres. Sans compter leurs sanctuaires, cimetières ancestraux et forêts communautaires qu’ils considèrent comme sacrés et irremplaçables.
Des offres de relocalisation jugées insuffisantes
Les habitants dénoncent également les conditions de relocalisation proposées. Ils préfèrent vivre près du futur réservoir, quitte à subir des inondations, plutôt que de s’installer dans les zones aménagées par l’entreprise, qu’ils jugent inadaptées : absence d’infrastructures, éloignement des sources d’eau, et terres non exploitables.
La Royal Group offre entre 3 et 5 hectares de terres par famille, loin des 15 à 20 hectares que possèdent actuellement la plupart des foyers. Les plantations de noix de cajou, source de revenus essentiels pour la communauté, ne trouveraient pas leur équivalent sur les terres proposées, encore à l’état de friche.
Les autorités, conscientes des tensions, affirment chercher un compromis pacifique. Elles envisagent un nouveau cycle de négociations, où des compensations financières pourraient être revues.
Mais pour les peuples autochtones, cette lutte dépasse la simple question matérielle. C’est un combat pour préserver leurs racines, leur identité et un mode de vie transmis de génération en génération. Leur opposition au barrage Sre Pok Krom 3 souligne les défis posés par les grands projets de développement dans des territoires riches de traditions et de biodiversité.
source Women's centre of Cambodia
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