En Inde, comme partout dans le monde, des événements sont organisés le 8 mars pour la journée internationale des droits des femmes, mais un sondage récent du Pew Research Center révèle que l'égalité des sexes n'est pas encore un principe partagé par la majorité de la population indienne.
A Chennai en mars, on s’occupe des femmes
Plusieurs initiatives dans Chennai ont été mises à l’honneur comme ces deux offres de consultations gratuites réservées aux femmes :
- l’une est un bilan ophtalmologique, offert jusqu’au 30 mars dans la clinique du docteur Agarwal
- l’autre une consultation-sensibilisation sur comment prendre soin de ses cheveux à la clinique Apollo First Med.
Nous ne connaissons pas le résultat de ces opérations : quelles femmes ont saisi l’opportunité ? quelle suite est donnée si des soins sont nécessaires ?
Mais, malgré ce type d'initiative qui vise à mettre la femme à l'honneur, le rôle de chacun des deux sexes dans la structure de la société et de la famille est encore en majorité très inégal en Inde. Voici les résultats d'une enquête menée par le Pew Research Center auprès de près de 30 000 adultes dans toute l'Inde entre fin 2019 et début 2020 (principalement avant la pandémie de la Covid-19) sur plusieurs sujets dont celui de la perception des genres dans la société indienne.
L'enquête du Pew Research Center sur la place des femmes dans la société en Inde
Il y a plus de 50 ans, l'Inde a été l'un des premiers pays au monde à élire une femme au poste de Premier ministre, et le pays compte actuellement plusieurs femmes politiques très influentes, dont Sonia Gandhi, qui dirige l'un des principaux partis nationaux.
Aujourd'hui, la plupart des Indiens affirment que "les femmes et les hommes font d'aussi bons dirigeants politiques".
Dirigeants politiques en Inde : les femmes aussi efficaces que les hommes
Plus d'un Indien sur dix pense que les femmes font généralement de meilleurs dirigeants politiques que les hommes. Seul un quart des adultes indiens est d'avis que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes.
Pourtant, dans le cadre domestique, les Indiens ont tendance à dire que les hommes doivent avoir un rôle plus important que les femmes. Environ neuf Indiens sur dix sont d'accord avec l'idée qu'une femme doit toujours obéir à son mari, dont près des deux tiers sont tout à fait d'accord avec ce sentiment. Un pourcentage assez similaire de femmes indiennes est tout à fait d'accord avec cette affirmation (61 % des femmes contre 67 % des hommes) selon l’enquête du Pew Research Center).
Le partage des tâches domestiques entre les femmes et les hommes reste très inégal en Inde
De nombreux Indiens expriment des points de vue égalitaires à l'égard de certaines tâches domestiques. Par exemple, 62 % des adultes affirment que les hommes et les femmes devraient être responsables de la garde des enfants. Mais les normes traditionnelles en matière de genre continuent de prévaloir dans de larges segments de la population : près d'un tiers des adultes (34 %) estiment que la garde des enfants devrait être confiée principalement aux femmes.
C'est l'homme qui doit subvenir aux besoins de la famille en Inde
Une faible majorité (54 %) affirme que les hommes et les femmes d'une famille doivent subvenir aux besoins de la famille, mais de nombreux Indiens (43 %) considèrent que cette obligation incombe principalement aux hommes.
Et les adultes indiens affirment massivement que lorsque les emplois sont rares, les hommes devraient avoir plus de droits à l'emploi que les femmes, ce qui reflète la prédominance continue des hommes dans la sphère économique. Huit personnes sur dix sont d'accord avec ce sentiment, et une majorité (56 %) est tout à fait d'accord.
Les Indiens attachent de l'importance au fait d'avoir des fils ET des filles
Presque tous les Indiens disent qu'il est très important pour une famille d'avoir au moins un fils (94%) et, séparément, d'avoir au moins une fille (90%).
La plupart des Indiens disent que les fils et les filles devraient avoir les mêmes droits à l'héritage des parents (64 %) et avoir la responsabilité de s'occuper des parents lorsqu'ils vieillissent (58 %).
Mais les personnes interrogées ont plus fréquemment répondu que les fils, plutôt que les filles, devraient avoir plus de droits et de responsabilités dans ces domaines. Par exemple, alors qu'environ quatre adultes indiens sur dix affirment que les fils devraient avoir la responsabilité principale de s'occuper des parents vieillissants, seulement 2 % disent la même chose des filles.
Les fils sont les premiers responsables des derniers rites des parents en Inde
En outre, la plupart des Indiens (63 %) considèrent que les fils - et non les filles - sont les premiers responsables des derniers rites et rituels après le décés des parents. Les pratiques funéraires religieuses pour les êtres chers sont largement considérées comme très importantes et, du moins selon la tradition hindoue, les fils doivent accomplir les derniers rites pour un parent afin de garantir la liberté de l'âme dans l'au-delà.
Récemment, des femmes - dont l'actrice Mandira Bedi et les filles de l'ancien chef d'état-major de la défense indienne - ont publiquement défié ces normes en allumant les bûchers funéraires des membres de leur famille.
Ces normes s'inscrivent dans un phénomène plus large de la société indienne où, pour diverses raisons historiques, sociales, religieuses et économiques, les familles ont tendance à accorder plus de valeur aux fils qu'aux filles - une coutume largement appelée "préférence pour les fils". Les fils adultes vivent traditionnellement avec leurs parents et apportent un soutien financier à la famille. En revanche, lorsque les filles se marient, leur famille peut verser une dot, une pratique illégale qui se retrouve encore dans certains mariages, et les filles vivent souvent avec les parents de leur mari et remplissent des obligations envers leur belle-famille.
Ces dernières années, la société indienne a accordé une attention accrue à l'amélioration du statut des filles - le programme gouvernemental Beti Bachao, Beti Padhao ("Sauvez la petite fille, éduquez la petite fille"), par exemple, vise à prévenir les pratiques de sélection du sexe pendant la grossesse et à garantir les possibilités d'éducation des filles en menant des campagnes médiatiques de sensibilisation du public.