« Colette ou l’art d’être libre » : retour sur un spectacle hommage

Colette : la liberté du corps et de la plume

D’abord prête-plume de son premier mari, Colette s’émancipe peu à peu. Elle fait la rencontre d’artistes de renom dans les grands salons parisiens et collabore plus tard avec un certain Maurice Ravel pour le livret de « L’Enfant et les Sortilèges ».

Ouvertement bisexuelle, libérée, puis divorcée, elle tient à gagner sa vie par elle-même et devient danseuse sur des scènes de music-hall.

Je veux faire ce que je veux. Je veux jouer la pantomime, même la comédie. Je veux danser nue, si le maillot me gêne et humilie ma plastique […]. Je veux chérir qui m’aime et lui donner tout ce qui est à moi dans le monde : mon corps rebelle au partage, mon cœur si doux et ma liberté ! — Colette

Colette signe à présent ses œuvres de son propre nom. Elle devient critique musicale, et directrice littéraire du journal « Le Matin ».  Celle dont on ne connaît généralement qu’une version épurée et un peu scolaire a écrit pas moins de 25 romans et recueils de nouvelles, une pièce de théâtre et une correspondance abondante, adressée notamment à sa mère « Sido ».

Un spectacle mêlant extraits d’œuvres et pièces musicales

Qui relit des extraits de l’œuvre de Colette est frappé par le rythme des phrases, la sensualité des images, la précision des observations et la beauté d’une langue à la fois élégante et simple.

C’est ce qui a séduit  Aurélie Namont et Amandine Thiriet, émerveillées par la poésie de son regard et la puissance du texte.

Colette a une écriture incroyable, qui mérite qu’elle soit davantage connue. Son œuvre est riche et complexe, et les sujets qu’elle a abordés incroyablement modernes — Amandine Thiriet 

Musicienne sur les scènes européennes et lauréate de plusieurs concours internationaux, Aurélie Namont a interprété avec virtuosité des extraits de Debussy, Ravel, Poulenc, Boulanger, des artistes que l’auteure a pour la plupart fréquentés et qui donnent résonance à ses textes.

Amandine Thiriet, comédienne, chanteuse, musicienne, elle-même autrice, a donné vie aux écrits de Colette, de la description de sa vocation d’écrivaine aux passages évoquant son amitié avec Ravel ou encore la mort de sa mère.  

Le spectacle, né il y a quelques années d’une idée originale d’Aurélie Namont, en est aujourd’hui à sa troisième version.

Colette en résonance avec la journée du 8 mars

Selon Aurélie et Amandine, on fait encore trop peu de place aujourd’hui aux femmes autrices dans la littérature.

L’œuvre de Colette va bien au-delà des Claudine qu’on a souvent abordées à l’école – sous forme de dictées – sans vraiment s’en souvenir. Elle porte un regard très moderne sur les rapports d’oppression entre les êtres humains, dont les femmes.  — Amandine Thiriet

Aurélie et Amandine saluent cette pugnacité et cette intelligence qui lui ont permis de prendre son propre chemin, son indépendance, financière et affective, de construire chaque étape de sa vie comme elle l’entendait, en dépit de ce qui était attendu d’une femme à l’époque.

«Colette s’est affranchie des codes et des interdictions. En quête d’une liberté inconditionnelle, elle s’est battue pour son autonomie dans un monde qui la destinait à l’ombre d’un mari, a revendiqué son droit au plaisir, à l’amour libre. En se réappropriant son corps, son travail et son identité, elle est devenue un symbole de résilience et d’émancipation. — Aurélie Namont

Un spectacle et une figure emblématique à (re)découvrir.

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