Du Berry, en passant par l’Algérie, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, les États-Unis et enfin le Québec, Gérard Charpentier a connu bien des pays mais c'est la langue française et la culture francophone qui ont toujours guidé ses pas.


« La francophonie n’est pas une entité politique stricte, elle est une réalité culturelle qui unit ses locuteurs au-delà des délimitations étatiques »,
Né en France en période de guerre, Charpentier a grandi dans un contexte d’instabilité, marqué par les déplacements familiaux dûs aux engagements de son père dans la Résistance. De son enfance itinérante, il a tiré une réflexion profonde sur la diversité culturelle et les difficultés d’intégration. « Chaque pays où j’ai vécu m’a offert une perspective différente sur l’importance de la langue et de l’identité culturelle », confie-t-il. Conférencier, auteur et penseur, il s’est donné pour mission de mettre en lumière les multiples facettes de la francophonie, en soulignant son rôle d’unification culturelle.
La psychanalyse comme outil de compréhension sociale
Après un doctorat en sciences sociales et psychologiques, il se forme à la psychanalyse freudienne, une discipline qui lui permet de décoder les interactions entre culture et identité individuelle. Il s’attache à comprendre comment les individus intègrent les valeurs de leur environnement et comment ces dernières influencent leurs comportements.
Il applique ses connaissances non seulement aux individus, mais aussi aux organisations et aux décideurs. Il accompagne ainsi des chefs d’entreprise et des politiciens en les aidant à identifier les enjeux culturels sous-jacents à leurs stratégies. « L’approche psychanalytique permet d’analyser les dynamiques collectives sous un angle différent, en mettant en lumière les liens inconscients entre histoire, traditions et prises de décision », explique-t-il.
La francophonie, un engagement profond
Pour Charpentier, la francophonie ne se limite pas à une question de langue : elle constitue un facteur de cohésion et d’appartenance entre des peuples dispersés à travers le monde. Il exprime cette vision dans son ouvrage Les peuples francophones dans le monde contemporain (1985), qui analyse les dynamiques de la francophonie et propose un modèle d’union au-delà des frontières nationales.

Du concept d’État-nation à celui de Culture-nation
Son ouvrage explore un concept central : la transition de l’État-nation à la Culture-nation. Alors que l’État-nation repose sur un territoire politique régi par une souveraineté uniforme, la Culture-nation se définit comme un espace de partage et d’interaction culturelle, indépendant des frontières géopolitiques.
« La francophonie n’est pas une entité politique stricte, elle est une réalité culturelle qui unit ses locuteurs au-delà des délimitations étatiques », affirme-t-il. Cette approche permet d’imaginer une francophonie en réseau, fondée sur des valeurs communes et une coopération entre peuples plutôt que sur des institutions rigides.
Une alternative à l’uniformisation culturelle
Face à une mondialisation dominée par l’anglo-américanisme, Charpentier prône une francophonie dynamique et adaptative, capable d’offrir un modèle où la diversité culturelle est perçue comme une richesse plutôt qu’un frein.
« La francophonie ne doit pas être une simple défense du français face à l’anglais, mais une plateforme où chaque culture francophone peut s’enrichir des autres », insiste-t-il. Son modèle met en avant la circulation des idées et la mise en réseau des talents pour renforcer une identité collective forte.
Un penseur visionnaire toujours d’actualité
Son ouvrage, bien que publié en 1985, demeure une référence dans les débats actuels sur l’avenir de la francophonie. Il est aujourd’hui épuisé mais accessible en bibliothèques, et une réédition numérique est en cours.
Alors que les enjeux culturels et linguistiques prennent une place grandissante dans les discussions internationales, les idées de Charpentier continuent d’alimenter les réflexions sur l’avenir d’une francophonie unie et influente.
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