Michel Robitaille, figure emblématique du soutien à la langue française, a traversé plusieurs continents et époques pour promouvoir la diversité de la Francophonie. De ses débuts en Louisiane à son engagement avec le Centre de la Francophonie des Amériques son parcours incarne la volonté de redonner vie au français au cœur des communautés minoritaires.
« La Francophonie est une richesse qui va bien au-delà des frontières. C’est une question de diversité et d’engagement citoyen » - Michel Robitaille
En 1974, Michel débarque en Louisiane, tout juste diplômé. Là, il commence sa carrière en tant que professeur de français langue seconde, dans un contexte où le français est en déclin. « Quand j’ai vu l’impact du français sur les jeunes générations, j’ai compris que l’avenir de la langue passerait par eux », se souvient-il. La mission qu’il partage avec les enseignants du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL) : réintroduire la langue de Molière dans un territoire où elle a longtemps été considérée comme une « cause perdue ».
La diplomatie, un tournant décisif
Ce n’est que quelques années plus tard qu’il s'engage dans une carrière diplomatique. C’est alors qu’il rejoint la délégation du Québec à Lafayette, un poste clé où il met en place des projets de coopération. Ce rôle va marquer un tournant décisif dans sa carrière, lui permettant d’évoluer dans un milieu international, tout en défendant une cause qui lui est chère : la préservation de la langue française à l’échelle mondiale. « La francophonie est une richesse qui transcende les frontières: C’est une question d’engagement citoyen, dans le respect de la diversité, et de solidarité. », explique-t-il.
De la Louisiane à l’Europe, un ambassadeur du français
Michel Robitaille n’a pas cessé d'élargir son champ d’action. Après plusieurs postes diplomatiques aux États-Unis, de 2010 à 2016, il occupe les fonctions de Délégué général du Québec à Paris et de Représentant personnel du premier ministre pour la Francophonie. Sa vision de la langue française se nourrit alors de multiples influences culturelles et géographiques. « Pour promouvoir et défendre la langue française dans le respect de la vaste variété de ses expressions, il faut tenir compte des défis uniques de chaque communauté francophone. », analyse-t-il.
Le Centre de la Francophonie des Amériques : un projet visionnaire
Entre ses affectations à New York et Paris, 2008 marque le début de sa mission au Centre de la francophonie des Amériques, organisme gouvernemental qui vient d’être créé par le Québec à l’initiative du ministre Benoît Pelletier. À titre de premier PDG du Centre et avec la complicité de Jean-Louis Roy, alors président du conseil d’administration, il a contribué à tisser des liens durables avec les très nombreuses communautés francophones et les francophiles des Amériques.
Le projet a rapidement pris de l’ampleur, grâce à la mise en place de programmes phares tels que l’Université d’été ou encore le Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques. Depuis 2019, il occupe la fonction de Président du conseil d’administration du Centre « Ce n’est qu’en rassemblant nos forces que nous pourrons défendre le français et valoriser la diversité culturelle des Amériques », insiste-t-il.
La révolution numérique au service de la Francophonie
Le défi de la Francophonie des Amériques est de taille : maintenir et promouvoir la langue française tout en répondant aux besoins d’une population dispersée et souvent isolée. Le Centre a mis en place une bibliothèque numérique de 20 000 titres et une série de formations en ligne, ouvrant ainsi un nouveau chapitre pour l’enseignement du français. « Les technologies nous permettent aujourd’hui de surmonter des barrières géographiques et d’offrir un accès à la langue française là où il est souvent limité », précise Robitaille.
Le RIMF : Une Francophonie citoyenne en action
Michel Robitaille est l’un des fondateurs du RIMF (Réseau International des Maisons des Francophonies), un réseau qui a pour but de renforcer la coopération entre les communautés francophones à travers le monde. Ce réseau s’inscrit dans une vision de la Francophonie profondément citoyenne, c'est-à-dire qu’il cherche à impliquer activement les citoyens dans la préservation et la promotion de leur langue et culture, complétant ainsi la mission des structures de la Francophonie institutionnelle. Le RIMF met ainsi l’accent sur l’engagement des individus et des communautés locales dans des projets concrets, en mettant à leur disposition les outils nécessaires pour participer à cette dynamique.
Pour Michel Robitaille, ce projet est fondamental : « La Francophonie ne doit pas se limiter à des relations intergouvernementales ou interinstitutionnelles. Il faut absolument inclure les citoyens dans cette vision, car ce sont eux qui, au quotidien, défendent et transmettent la langue », souligne-t-il. Le RIMF permet de connecter ces acteurs de terrain, de leur offrir une plateforme d’échange et de collaboration tout en valorisant leurs initiatives locales. Ce modèle se distingue par sa capacité à intégrer des projets variés, de l’éducation à la culture, en passant par des initiatives sociales ou environnementales.
Avec le RIMF, l’idée de la Francophonie devient un projet collectif, où chaque communauté peut apporter sa contribution, tout en s’appuyant sur un réseau mondial de soutien. « Ce n’est qu’en rassemblant toutes les forces citoyennes que nous pourrons réellement faire vivre le français et la culture francophone dans toutes ses dimensions », affirme Robitaille. Ce réseau continue de grandir, avec une participation active de nombreuses maisons de la Francophonie, qui trouvent au sein du RIMF une source d'inspiration et un véritable levier pour leurs actions.
Une vision pour l’avenir : la Francophonie de demain
Aujourd’hui, le septuagénaire continue de porter un projet ambitieux pour la langue française et la Francophonie des Amériques. Pour lui, l’avenir de la langue passe par la collaboration entre les institutions, les gouvernements et surtout les citoyens. « La Francophonie de demain passera par la rencontre des citoyens et la construction de ponts entre les cultures », conclut-il. En mettant en réseau les différents acteurs de la Francophonie, le Centre de la francophonie des Amériques et le Réseau international des maisons de la francophonie jouent un rôle fondamental dans la réalisation de cette vision.
Quel avenir pour la Francophonie ?
Le parcours de Michel Robitaille soulève de nombreuses questions. Alors que les défis linguistiques sont plus pressants que jamais, quelle place le français et l'esprit de la Francophonie occuperont-ils dans les prochaines décennies ? La réponse réside probablement dans l’engagement des citoyens. Ce sont eux, à travers leurs actions locales et leur volonté de faire vivre la langue et les cultures qui s'y rattachent, qui détermineront l’avenir de la Francophonie.
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