L’île de Cat Ba, située à trois heures de trajet depuis Hanoï, est un incontournable du Vietnam. Chaque année, plus de 10 millions de touristes viennent admirer les plus de 3 000 îlots aux couleurs de carte postale. Pour préserver l’écosystème luxuriant du site inscrit au patrimoine de l’Unesco, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures ces dernières années. Sur l’île, on s’inquiète aussi du surtourisme.
Située au large des côtes d’Hải Phòng et d’Hạ Long, l’île de Cat Ba abrite des milliers d’îlots aux forêt tropicales luxuriantes. Comme tout droit sorti de l’imaginaire du réalisateur Hayao Miyazaki, le site recense de nombreuses espèces animales et végétales.
Classée une première fois au patrimoine de l’Unesco en 1994, la baie d’Ha Long vient d’être une nouvelle fois reconnue patrimoine naturel mondial lors de la 45e session du Comité en septembre dernier. Plus de 80% de l’île de Cat Ba reste totalement sauvage.
Le surtourisme au Vietnam
Chaque année, près de 10 millions de touristes viennent profiter de cet incontournable du Vietnam. Loi, directeur de l’agence de croisière Blue Swimmer Adventures, se réjouit du retour du tourisme dans la région, après deux ans de pandémie.
« Tout ce qu’on demande c’est de travailler. Mais Il faut tout de même trouver un équilibre », confie le quarantenaire.
Selon lui, les habitants de l’île ont grandement souffert du confinement. Même si le retour des touristes est comme « un bol d’air frais pour les différents commerces de la région », Loi reste nuancé.
« On n’est pas prêt pour voir arriver plus de touristes qu’actuellement. Accueillir plus de monde, ça signifierait construire plus de bateaux, agrandir les ports et les routes, tout cela a un coût, économique comme environnemental. Le surtourisme risquerait aussi de dégrader grandement l’écosystème de notre région, qui abrite plus de 500 espèces maritimes, terrestres, et végétales », développe Loi.
Le tourisme ‘vert’ est valorisé dans la région. Les différentes agences de tourisme proposent aux voyageurs des activités d’escalade, de kayak, et de randonnées.
Des villages éco-responsables
Perdus au milieu des îlots rocailleux, de véritables villages sortent de l’eau. En guise de jardin, des viviers pour la pisciculture, un bateau, et parfois même, un potager. Ils sont plus de 800 habitants à flotter au cœur des trois baies, celle d’Ha Long, Tu long, et celle de Lan Ha.
« Les villages de pêcheurs étaient beaucoup plus peuplés il y a une dizaine d’année. Depuis l’année dernière, gouvernement a pris des mesures pour expulser les personnes qui n’avaient aucun droit d’occuper la baie », explique Loi.
Désormais, seules les familles appartenant à une lignée de pêcheurs de la région peuvent obtenir un droit légal d’installer une habitation flottante. Cela a pour effet de réduire la concurrence entre pêcheurs. Conséquence, le prix des produits de la mer augmente, mais les familles de pêcheurs ont plus de monopole économique.
« C’est à double tranchant, mais je pense que c’est mieux pour ces familles, qui peuvent plus facilement s’enrichir », affirme Loi.
« J’aimerais bien m’installer dans la baie, mais ce n’est pas une question d’argent. Même avec des milliards d’euros ça serait impossible d’obtenir les autorisations. Mais je pense que toutes ces mesures participent au fait que la pollution diminue dans la région », admet l’agent de tourisme.
La qualité de l’eau s’améliore
Les habitacles doivent aussi être munis d’une fosse septique pour y déverser les déchets.
« La génération de mes parents ne se souciait pas de l’environnement, tout ce qui leur importait c’était la pêche. On regardait à gauche puis à droite, puis on déversait les déchets directement dans l’eau. Aussi les maisons étaient faites de morceau de polystyrène. Les matériaux se décrochaient souvent et flottaient dans la baie. Le gouvernement a imposé aux familles d’utiliser des bidons remplis d’air pour faire flotter les habitations. C’est plus écologique, et les matériaux se dégradent moins, les maisons sont prêtes à flotter pendant au moins 20 ans de nos jours », ajoute Loi.
Pour soutenir la lutte contre la pollution, des navires du gouvernement repêchent aussi les déchets qui flottent à la surface de l’eau.
Des mesures qui ont un coût pour les habitants. Selon la taille des maisons, il faut compter près de 4 000 euros pour mettre aux normes une habitation. « C’est un investissement, mais on n’a pas la choix », confie Loi, dont le frère loge avec son épouse au cœur de la baie de Lan Ha. Selon lui, les nouvelles générations sont plus sensibilisées aux mesures de protection de l’environnement. « J’ai espoir en l’avenir », continue-t ’il. Signe que les mesures du gouvernement ont un impact sur l’environnement, l’ostréiculture est fleurissante au sein des viviers.
« C’est un peu comme vos abeilles dans les vignobles, si les huîtres se développent bien, c’est que la qualité de l’eau est au rendez-vous. En plus, ces coquillages ont la capacité de filtrer l’eau, c’est un cercle vertueux », conclut Loi.