Pour cette année, c'est aujourd'hui le 17 septembre. Sur le calendrier grégorien, en tout cas, car la date de la fête de mi-automne (Têt trung thu) est déterminée en fonction du calendrier lunaire : c’est le 15e jour du 8e mois. Ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là, les enfants s’en donnent à cœur joie.
A l’origine, il s’agissait de célébrer un culte à la lune dans l’espoir de s’attirer une saison florissante. Mais très vite, ce culte est devenu prétexte à des réunions familiales, passées à contempler l’astre nocturne en sirotant du thé et en dégustant un met préparé tout exprès, le banh trung thu, le « gâteau de lune ».
La fête des enfants au Vietnam
Et puis, au fil du temps, cette fête de mi-automne est devenue celle des enfants. Elle s’accompagne en effet de tout un étalage de lampions multicolores, de lanternes en forme d’étoile, de masques, de jouets de toutes sortes. Et la tradition est encore bien vivace : il suffit de se promener dans le vieux quartier de Hanoï pour s’en rendre compte. Il y règne une joyeuse effervescence, ces jours-ci, qui tient tout à la fois de la foire et de la cour de récréation.
Pour ce qui est des jouets traditionnels, des lanternes et des masques, on en trouve à foison, même si on trouve également toute une camelote d’importation, bien tape-à-l’œil, qui fait fureur auprès des petits et qui permet à leurs parents de s’en tirer à bon marché. Ça clignote, ça fait du bruit, ça s’use en un rien de temps, ça n’a rien à voir avec les légendes. Mais bon, les affaires sont les affaires et les marchands du temple auraient tort de s’en priver.
Pour les pâtissiers aussi, la mi-automne est une franche aubaine, mais à bon escient. Pas de Têt trung thu sans banh trung thu, qu’on se le dise ! Carrés ou ronds (selon qu’ils symbolisent la Terre ou le Ciel), ces fameux gâteaux se composent d’une croûte et d’une farce, en général assez riche : farine de riz gluant, graisse de porc sucrée, huile, confitures de citrouille ou de lotus, graines (de noix, de citrouilles, de pastèques ou de sésame), noix de cajou, cacahuètes… Adeptes des régimes minceur, passez votre chemin !
Sinon, la fête de mi-automne donne généralement lieu à un spectacle des plus réjouissants : la danse de la licorne, exécutée à grands renforts de tambours. C’est carnavalesque, bruyant, tumultueux, mais d’une gaieté irrésistible.
Une tradition chez les familles vietnamiennes
Pour les tenants de la tradition, la fête doit se dérouler à la nuit tombée, lorsque la pleine lune est à son paroxysme, de préférence sur une terrasse, et autour d’un plateau de fruits, véritable œuvre d’art visuelle, dont la préparation est l’apanage - dit-on - de la gent féminine.
C’est une fête familiale, éminemment conviviale, à laquelle participent toutes les générations d’une même maisonnée, ancêtres compris. Ces derniers ont en effet droit à un plateau d’offrandes, déposé comme il se doit sur l’autel qui leur est dédié.
Il serait bien sûr un brin exagéré de prétendre que ces belles images d’estampes ont encore cours, en 2024. Mais il serait tout aussi exagéré de déclarer qu’elles appartiennent à un passé révolu. Cette fête de mi-automne est en fait à l’image du Vietnam d’aujourd’hui : à mi-chemin entre tradition et modernité, mais toujours joyeuse.