Les autorités les avaient pourtant avertis… Plusieurs ménages vivant dans le district de Binh Tan ont dû quitter leur logement : les terrains sur lequel ils les avaient bâtis, et qu’ils pensaient posséder tout à fait légalement, étaient en fait des terrains appartenant à l’État.
L’histoire est sans doute plus banale qu’on ne le pense. Prenons l’exemple de X. En 2018, X veut acheter un terrain, à Binh Tan donc, dans le quartier de Tan Tao. Un problème, toutefois : l’ancien propriétaire des lieux n’a pas de certificat de propriété officiel.
Qu’à cela ne tienne, un papier manuscrit fera l’affaire ! X, lui, est convaincu - naïvement - d’avoir fait une affaire. Ce terrain de 100 m2 lui a été cédé pour 518 millions de dôngs (20.000 euros), quand un appartement de 45 m2 peut en coûter près de 700 millions. Il décide donc d’y faire construire une petite maison, mais sans demander de permis de construire.
Les autorités lui lancent alors un premier avertissement, mais qui restera sans frais… X pense alors s’en être tiré à bon compte.
Il a tort : sa maison, qui était en fait bâtie sur un terrain appartenant à l’État, vient de lui être confisquée. Elle n’est plus aujourd’hui, qu’un amas de ruines.
Des autorités aujourd’hui inflexibles
X n’est pas un cas isolé. Les autorités de Binh Tan viennent ainsi de déloger les habitants de 150 maisons construites illégalement. Les ménages concernés, souvent de « petits gens », se retrouvent ainsi à la rue, au sens propre comme au sens figuré. Certains, ayant tout perdu, n’ont pas d’autres choix que de s’abriter sous des bâches en attendant une hypothétique solution.
Pour beaucoup de ces personnes délogées, c’est l’incompréhension qui domine : incompréhension quant à la nullité de leurs actes de ventes manuscrits, mais incompréhension aussi quant au fait que les autorités les ont tout de même laissé finir leurs maisons.
Des familles désormais sans abri
Du côté des autorités, justement, on argue que la plupart de ces maisons ont été construites fin 2019 et qu’à l’époque, la gestion locale n’était pas aussi stricte qu’elle l’est aujourd’hui.
Toujours est-il que ces fameuses maisons ont été bâties dans des terrains destinés à être des terres agricoles ou des parcs et qu’elles doivent donc être détruites, quitte à laisser des personnes sans abri.
Nguyen Minh Nhut, le président du comité populaire du district de Binh Tan, estime quant à lui que ces constructions illégales sont de nature à créer un « appel d’air » et qu’il faut donc y mettre fin : c’est un brusque rappel à l’ordre, sans concession, destiné à stopper net l’hémorragie.
« Les gens devraient demander un permis pour construire des maisons et ne pas acheter de terrains dont l’origine est douteuse : il y va de leur propre intérêt », a-t-il rappelé.