Du dernier rapport mondial sur la qualité de l’air, qui porte tout de même sur 131 pays et 7.323 villes, il ressort que la situation devient franchement préoccupante au Vietnam.
« Si le problème n’est pas rapidement maîtrisé, la situation va devenir catastrophique », a ainsi alerté le professeur Bob Baulch, de l’Université RMIT Vietnam.
Si l’on raisonne en termes de particules fines (PM2.5), le Vietnam est à ce jour le 30e pays le plus pollué du monde, juste derrière le Laos (29e), et pas loin derrière l’Indonésie (26e) et la Chine (25e).
En 2022, la concentration en particules fines y a dépassé de cinq à sept fois le seuil de sécurité défini par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Mais à elle seule, Hanoï arrive loin devant toutes les autres localités du pays, avec un indice de qualité de l’air de 40,1, et une concentration en particules fines de sept à dix fois au-dessus du seuil de sécurité.
Bien qu’étant un autre grand centre industriel du pays, Ho Chi Minh-ville, elle, affiche un indice de qualité de l’air de 21,2, soit près de la moitié de celui de Hanoï.
La mégalopole du Sud présente néanmoins une concentration en particules fines trois à cinq fois supérieure au seuil de sécurité. Même chose pour Danang, d’ailleurs.
Une disparité Nord-Sud au Vietnam
Il n’en demeure pas moins qu’il y a une différence sensible entre le Nord et le Sud. Bob Baulch y voit trois raisons principales.
- La première réside dans le fait que les industries lourdes (chimie, acier…) sont plutôt implantées dans le Nord, alors que le Sud est davantage tourné vers les hautes technologies et les industries légères.
- La deuxième tient à l’approvisionnement en électricité : si le Nord est encore largement dépendant du charbon, le Sud, lui, peut se permettre de miser sur l’énergie éolienne ou l’énergie solaire.
- La troisième est d’ordre climatique. Dans la partie septentrionale du pays, les particules fines sont en effet plus facilement piégées que dans la partie méridionale. C’est en fait l’air froid qui a cette capacité à retenir les particules fines, ce qui explique…
Elle ne doit pas empêcher une action rapide et globale
Le problème de l’énergie carbonée est donc posé. Bob Baulch, lui, est partisan d’une réduction assez nette.
« Le problème de la pollution de l’air au Vietnam tient en grande partie au fait que beaucoup d’électricité est produite grâce au charbon », a-t-il noté, non sans plaider pour une modernisation des centrales.
Mais Bob Baulch est également un ardent défenseur des énergies dites renouvelables, et dans ce domaine, il souhaite que les autorités vietnamiennes agissent énergiquement et avec célérité.
« L’engagement qu’a pris le Vietnam à atteindre la neutralité carbone en 2050 est tout à son honneur, mais il reste à passer des paroles aux actes », a-t-il ainsi déclaré.
Autre point sur lequel Bob Baulch a insisté : les économies d’énergies. Il faut savoir en effet qu’au Vietnam, la demande augmente de 10 à 12% par an : un rythme qui va rapidement devenir impossible à tenir.
Des bâtiments moins voraces en énergies, des modes de production plus propres, davantage de véhicules électriques, des transports en communs plus développés, des planifications urbaines prenant en compte des critères écologiques. Autant de pistes que Bob Baulch souhaite voir explorées dans un avenir proche.
« Le coût d’un verdissement de la croissance vietnamienne est évidement considérable : 6,8 du PIB, si l’on en croit la Banque Mondiale. Mais il y va de l’avenir des générations futures, et ne serait-ce que pour cette raison-là, ça vaut le coup de payer le prix fort », a-t-il asséné.