L’annonce des tarifs réciproques mondiaux le 2 avril par le président américain a provoqué un choc, créant de l’incertitude dans le secteur des affaires. Avec 46% de taxe imposée, le Vietnam est probablement l’un des pays les plus touchés, avec le Cambodge et la Chine. 29% de ses exportations vont vers les Etats-Unis, rendant le pays vulnérable aux décisions américaines. Selon les experts, le Vietnam devrait saisir cette opportunité pour diversifier ses marchés d’exportations et réorganiser son industrie.
Trump a augmenté les barrières tarifaires à leur plus haut niveau depuis un siècle. Ces taux réciproques annoncés le 2 avril dernier ont suscité un choc et de l’incompréhension sur les marchés, notamment en bourse. Le Vietnam est fortement ciblé par ces taxes, avec un taux fixé à 46% sur 90% des produits vietnamiens importés sur le sol américain.
Le président américain mène une politique fiscale dure, annoncée lors de sa campagne, et justifiée par sa volonté de réduire le déficit commercial américain. Selon lui, le Vietnam est le troisième pays avec lequel les Etats-Unis ont le plus grand déficit commercial. Cela serait en partie dû au transit de biens d’exportation chinois sur le territoire vietnamien.
Le secrétaire général du parti, To Lam, s’est entretenu au téléphone avec Donald Trump le soir du 4 avril. Cet appel téléphonique visait à éviter les impacts majeurs de cette taxe réciproque, ouvrant la voie à des négociations.
Une balance commerciale excédentaire avec les Etats-Unis
En 2024, le Vietnam a expédié un total de 142 milliards de dollars de marchandises vers les Etats-Unis, représentant 30% du PIB vietnamien, selon les estimations du FMI.
Par ailleurs, le Vietnam est le sixième plus grand exportateur vers les Etats-Unis, selon les statistiques des Nations Unies. Selon Trump, le Vietnam est un pays trop excédentaire par rapport à la balance commerciale entre les deux pays. En 2023, l’excédent commercial du Vietnam vis-à-vis des Etats-Unis était de 83 milliards de dollars.
Pour autant, le Vietnam affiche un déficit commercial avec la Chine (50 milliards) et la Corée du Sud (30 milliards), pays d’où il importe des matières premières et des composants nécessaires à son industrie. L’excédent qu’il réalise avec les Etats-Unis est ainsi presque équivalent à ses déficits cumulés avec la Chine et la Corée du Sud. Cette situation est souvent décrite par le concept de « triangle commercial du Pacifique », utilisé par de nombreux chercheurs.
Le Vietnam dépend des produits intermédiaires importés d’Asie pour assembler et exporter des produits finis aux Etats-Unis, son principal débouché. Le pays accueille d’ailleurs des géants manufacturiers tels Nike, Samsung, Foxconn (Taiwan) ou encore Intel, ce qui fait du Vietnam un maillon incontournable des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Cette industrialisation basée sur l’assemblage et la transformation de produits et sa dépendance aux Etats-Unis, rendent le Vietnam vulnérable aux taux douaniers réciproques, récemment annoncés.
Saisir l’opportunité de diversifier ses marchés
Selon les experts, le Vietnam pourrait profiter de la situation pour saisir de nouvelles opportunités et changer sa stratégie d’industrialisation. En l’absence d’une politique industrielle claire, le gouvernement vietnamien mise plutôt sur une politique d’attraction d’IDE et de développement. Mais les grandes entreprises, privées comme publiques, n’investissent que peu dans la transformation de son industrie.
Le choc tarifaire déclenché par l’annonce de Trump pourrait également être l’opportunité pour le Vietnam de diversifier ses marchés d’exportation. En s’éloignant de son principal client, le pays se dirigerait vers des zones de libre-échange telles que le marché transpacifique (CPTPP) ou encore l’Union Européenne (Accords de libre-échange UE-Vietnam).
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