Après les Marseillais, les Alsaciens, les Lyonnais, et les Chtis, nous sommes allés à la rencontre des Bretons de Hong Kong. Découvrons le portrait de cinq Bretons : Sébastien, dirigeant d’une société importatrice de fruits de mer et de viandes, Philippe, à la tête de quatre crêperies en Asie, Ludovic, CFO chez un leader français du consulting, Ronan, dans le FMCG et Loïk responsable de service client chez un fabricant de bateaux. Tous partagent l’amour de leur région d’origine, une passion commune pour la galette bretonne et retrouvent en Hong Kong des similitudes avec leur région natale, toutes deux de terre et de mer.
Grands voyageurs, ces Bretons ont posé leurs valises à Hong Kong
Depuis combien de temps êtes-vous à Hong Kong ?
Sébastien : Je me suis d’abord rendu en Allemagne, puis j’ai vécu en Grande-Bretagne, et j’ai fait mes premiers voyages en Asie au Vietnam et en Inde. C’est pour le travail que je me suis installé à Hong Kong il y a 21 ans, puisque je me déplaçais très souvent sur la Chine.
Philippe : Je vis en Asie depuis plus de 17 ans. Je suis arrivé à Hong Kong il y a 3 ans et demi, mais je venais déjà très régulièrement de Shanghai depuis de nombreuses années.
Ludovic : Cela fait 3 ans que j’habite à Hong Kong, mais je vis en Asie depuis 20 ans.
Ronan : Cela fait 5 ans que je suis à Hong Kong, suite à un V.I.E. Mais J’ai quitté la Bretagne après le lycée, il y a 15 ans maintenant.
Loïk : Près de 4 ans, je suis arrivé en Novembre 2017.
« A Hong Kong, la mer nous rappelle la Bretagne »
Comment vivez-vous l’éloignement de votre région ? Qu’est qui est différent ?
Sébastien : Cela fait 2 années consécutives que je ne suis pas rentré en Bretagne pour cause de pandémie, mais l’environnement maritime et cette tradition nautique fortement ancrée à Hong Kong me permettent néanmoins de m’échapper. J’essaie de sortir régulièrement en mer sur mon voilier.
Philippe : J’ai recréé mon microcosme breton à Shanghai il y a 14 ans, à Hong Kong il y a 10 ans et Saïgon il y a 9 ans… en ouvrant La Crêperie dans les 3 villes. Du coup, je voyage dans un petit coin en Bretagne à chaque fois que je vais à La Crêperie…
Si Hong Kong est une ville très agréable à bien des égards, il y a bien sûr des activités qui sont plus difficiles ici de par le climat ou le budget exigé. Je pense à la voile, le vélo, la moto… Et puis bien-sûr, le contact avec les commerçants des petites boutiques et des marchés qui apportent une vie formidable dans la ville. L’été, c’est aussi plus particulièrement toutes les festivités. Il y a une vraie atmosphère de vacances amplifiée par le nombre de touristes venus des quatre coins de l’Europe…
Ludovic : Des différents pays d’Asie où j’ai vécu, je crois que c’est Hong Kong qui se rapproche le plus de la Bretagne, de par l’omniprésence de la mer. Cela donne des couleurs et des sensations qui changent constamment. D’un certain côté, cela me rappelle la Rade de Brest. Bien sûr, la grande différence, c’est la densité de population.
Ronan : Plus ou moins bien et par phases. Je sais que Hong Kong restera un passage alors j’en profite. Comme tous les expats, il y a évidemment la famille et les amis qui me manquent, le Covid n’arrangeant rien. À cela se rajoute le mal du pays, "ma bro", et plus précisément du Golf du Morbihan d’où je suis originaire, un superbe terrain de jeu pour les amoureux de la mer. Hong Kong et la Bretagne se retrouvent sur le côté terre "Arvor"/mer "Armor", la différence est que la Bretagne a des saisons bien marquées, de gros coefficients et une large variété de paysages, ce qui lui donne tellement plus de caractère. Au niveau des gens et des mentalités, je suis loin d’être dépaysé ici. On a sur Hong Kong un paquet d’expats cools et ouverts d’esprit, les locaux sont pour la plupart adorables et respectueux, la seule petite différence est qu’en Bretagne on ne roule pas en Ferrari !
Loïk : Je vivais en Chine depuis 2007. J'ai donc eu le temps de m'habituer à cet éloignement. Difficile de résumer rapidement toutes les différences (langage, culture, tradition, mentalité, rythme de vie, climat, environnement, nourriture, manière de travailler...). Les différences les plus frappantes pour un Breton sont probablement la densité de la population (une ville à ne pas recommander aux claustrophobes et ochlophobes), la météo, la diversité de la population et de culture (ville cosmopolite), les infrastructures de la ville et son organisation générale.
« La cidre breton au frais à côté du beurre salé »
Comment parvenez-vous à maintenir le lien ?
Sébastien : Mon frère est ostréiculteur dans la baie du Mont-Saint-Michel, et mon cousin cultive des moules Bouchot également au Mont-Saint-Michel. On travaille ensemble et j’échange avec eux quotidiennement, c’est vraiment ce lien que je garde avec la Bretagne.
Philippe : Lorsque j’étais enfant, nous habitions en Afrique avec mes parents et je dois dire que le lien avec la Bretagne était très faible. Il n’existait que par les congés d’été que nous prenions chaque année. Il n’y avait pas de Skype, de Wechat ou autre lien vidéo. Seules les crêpes que ma mère réalisait de temps à autre, accompagnées, d’une bouteille de cidre dénichée par mon père dans le seul magasin de produits importés de la ville, nous transportaient le temps d’une soirée ! Alors je dois avouer qu’aujourd’hui nous sommes bien mieux lotis pour garder un contact étroit avec les amis et la famille via mail et Wechat ! Le fait d’avoir deux très jeunes enfants est aussi une belle source de prétexte à renouveler les vidéos très régulièrement. Bien sûr, internet est une source importante d’information et La Crêperie me permet de garder aussi un lien très étroit tant avec les Bretons que par le contact des fournisseurs bretons avec qui je travaille.
Ludovic : Whatsapp et Facetime ! On oublie ce que c’était lorsqu’il n’y avait que le téléphone et l’e-mail.
Ronan : Les coups de téléphone à la famille et aux amis. Je fais du Dragon Boat trois fois par semaine pour être sur l’eau. J’ai toujours une bouteille de cidre au frais à côté du beurre gros sel. Et les petits bars low key ambiance PMU où on peut facilement rencontrer du monde tout en jouant aux fléchettes.
Loïk : Les moyens de communications actuels permettent des échanges vidéos réguliers mais ils ne remplacent pas le partage d'activités en tout genre (sportive, pleine nature, sociale, culturelle,...)
« A Hong Kong, on trouve crêpes, musique celtique et produits bretons »
Avez-vous de bonnes adresses pour les Bretons ou fans de la Bretagne à Hong Kong ?
Sébastien : Pour se retrouver en Bretagne le temps d’un repas, il y a La Crêperie à Wan Chai, je recommande la galette l’Eckmühl au reblochon et en dessert la crêpe Coco Cadiz qui est accompagnée d’une boule de glace à la noix de coco et d’un caramel au beurre salé !
Philippe : Pour ceux qui recherchent la musique, il y a parfois des soirées où des amateurs de musique celtique jouent de la bombarde ou de la cornemuse ; pour ceux qui recherchent de bons produits bretons (moules, huîtres, viandes…), il y a Mesklenn qui livre à domicile.
Ludovic : C’est très difficile de trouver une bonne crêperie passé Rennes : on y rajoute des produits trop éloignés comme du bœuf, des tomates, de la salade, du foie gras. Les crêpes ça doit rester très simple : œuf, jambon fromage, à la rigueur de la saucisse. En revanche, ce qui surprend les Bretons c’est de voir que le kouign-amann est à la mode et on trouve dans diverses bonnes boulangeries. Enfin, on trouve du beurre salé Paysan Breton un peu partout à Hong Kong, on est sauvé !
Ronan : En bonnes crêperies il y a Mamie Yvonne à Stanley, La Crêperie à Wan Chai, et Fleur de Sel à Causeway Bay. C’est à peu près tout malheureusement…
Loïk : Pas vraiment car je passe le plus clair de mon temps en famille avec mes enfants en bas âge sur l'ile de Lantau où je me suis installé. Pour ceux qui ont la nostalgie des crêpes, je recommanderai Mamie Yvonne à Stanley.
« Les Bretons ne savent pas situer Hong Kong sur la carte »
Comment vos amis bretons de France parlent de Hong Kong ?
Sébastien : La grande question est d’abord de situer Hong Kong sur la carte ! Beaucoup ont adoré la magie de Hong Kong, ils ont surtout aimé la dualité de la ville pour son côté affaires et sa proximité avec la mer.
Philippe : Au final, peu connaissent vraiment… Du coup, ils n’ont qu’une idée très vague de la ville. J’ai l’impression qu’il y a l’image que la ville reflétait avant : une ville hyper dynamique, cœur économique de l’Asie… et malheureusement aujourd’hui tout ce que j’entends tourne plutôt autour des problèmes politico-sociaux. C’est bien dommage car Hong Kong reste Hong Kong, une ville extraordinaire qui mérite un vrai détour et qui restera certainement une des villes les plus sures tant au niveau de la sécurité que sur le plan sanitaire.
Ludovic : Pour eux, Hong Kong est une jungle urbaine, et ils ont du mal à imaginer qu’il y a la jungle tout court, dans les collines, juste à 20 minutes de bus de Central.
Ronan : Plusieurs sont venus, ont vu, et passent le mot aux autres, Hong Kong c’est génial, la ville, la montagne, la mer… Il fait juste trop chaud selon eux !
Loïk : Comme ce que leur rapporte les médias. Ça dépend des nouvelles diffusées en fonction des événements relayés par les grands médias mais ils n'ont pas une idée très claire de ce qu'est Hong Kong en dehors du fait que c'est peuplé de Chinois et que c'est une grande plateforme financière...
« Partout dans le monde, vous trouverez des Bretons »
Comment rencontrer des Bretons à Hong Kong ?
Sébastien : En 2017 et 2018, on avait organisé un Fest Noz, une fête bretonne et dansante, pour l’occasion on avait invité le groupe breton I-Leizh à venir jouer à Hong Kong, le but était de promouvoir la culture bretonne. On essaiera d’organiser le prochain Fest Noz le 19 mai 2022 à l’occasion de la fête de la Bretagne. Il fut même question d’organiser un concours Miss Bretagne de l’étranger pour l’une de nos associations !
Philippe : Pour tous ceux qui recherchent des informations diverses, il y a le "Club Bretagne" sur WhatsApp ou encore la page Facebook "Bretons et amis de la Bretagne à Hong Kong".
Ludovic : Erik Orsenna a dit que « partout où vous allez dans le monde, vous tombez sur un Breton ». Donc les rencontres se font assez naturellement.
Ronan : J’ai peur de tomber dans le cliché en répondant à cette question…
Loïk : Pour ma part, au hasard des rencontres. Ils sont partout !
Pour mieux connaître la Bretagne, sans quitter Hong Kong:
Pour être sûr de recevoir GRATUITEMENT tous les jours notre newsletter (du lundi au vendredi)
Ou nous suivre sur Facebook et Instagram