Édition internationale

Xiaomi, le superdoué technologique chinois

En quinze ans, Xiaomi est devenu non seulement un conglomérat de la technologie, mais aussi une vitrine du savoir-faire chinois dans le monde. Sa recette passe par la recherche permanente, mais aussi par la diversification.

Xiaomi SU7 marché chinois automobileXiaomi SU7 marché chinois automobile
La Xiaomi SU7 est un véritable succès en Chine, symbole de ces nouveaux constructeurs qui séduisent (photo JustAnotherCarDesigner sur CreativeCommons).
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 13 avril 2025, mis à jour le 14 avril 2025

L’ascension sans limite de Xiaomi

Aux Etats-Unis, pour parler des géants technologiques, on utilise le sigle GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). En Chine, il existe désormais un acronyme similaire, BATX. Si Baidu, Alibaba et Tencent sont faciles à deviner, le X de Xiaomi interroge encore : comment se fait-il qu’une entreprise seulement créée en 2010 soit aujourd’hui considérée comme l’égale des plus grandes firmes du secteur ?

Au départ, le « Mi » qui resurgit du logo est censé symboliser « mobile internet ». Il peut aussi vouloir faire référence à « mission impossible ». En effet, quand, en 2010, huit partenaires lancent Xiaomi, il s’agit d’abord de développer des applications. La première proposée a d’ailleurs été une assistance aux automobilistes. Mais, au bout de quelques mois, l’entreprise pékinoise lançait son premier téléphone portable.

De ce fait, les investisseurs ont rapidement afflué. Parmi les premiers ayant senti le potentiel de l’entreprise, on peut citer le fonds souverain singapourien Temasek, le spécialiste américain des processeurs Qualcomm et des fonds de capital risque chinois comme IDG Capital ou Qiming. En 2025, l’intérêt des investisseurs pour la pépite de Pékin n’a pas faibli. Le 25 mars, le géant chinois a levé plus de 5 milliards d’euros lors d’une cession d’actions à la bourse de Hong Kong. La capitalisation du groupe en est sortie à plus de 170 milliards d’euros, soit deux fois le PIB de la Croatie par exemple.

Une technologie d’avant-garde

Il faut préciser que Xiaomi, qui n’a visé le marché étranger qu’en 2014, est depuis 2023 le troisième constructeur mondial en nombre de smartphones vendus, derrière Samsung et Apple. Dès le début, Xiaomi a fait le pari de se passer d’une bonne partie des produits Google et de développer son propre système d’exploitation OS MIUI. Cela lui a permis de développer son propre magasin d’applications le « Mi App Store ». Mais aujourd’hui, cette indépendance lui permet d’aller plus loin encore. En effet, le 13 mars, Xiaomi a signé une alliance avec la fintech indienne PhonePe pour préinstaller l’Indus Appstore sur tous les smartphones Android de la marque vendus en Inde. Ce « Make for India » témoigne de la capacité de Xiaomi d’installer des écosystèmes indépendants en un temps record.

La même avance se repère dans les produits eux-mêmes. Au récent Mobile World Congress du mois de mars à Barcelone, la présentation du smartphone Xiaomi 15 avait déjà fait effet avec un processeur Snapdragon 9 Elite, le refroidissement IceLoop ou encore l’objectif Leica Summilux, le tout pour 999 euros. Mais, dans la foulée, la firme chinoise renchérissait sur elle-même en dévoilant le Xiaomi 15 Ultra. Pour 1499 euros, il propose un véritable bloc optique de professionnels avec un capteur principal Leica 23 mm d’un pouce, un capteur d’image Sony LYT-900 de 50 MP et un Ultra Pack Photo Pro.

Le défi automobile de Xiaomi

Cette capacité à innover a permis à Xiaomi de dépasser rapidement les limites trop étroites du marché du téléphone portable. Ainsi, aujourd’hui, l’électroménager et la maison connectée sont deux de ses autres points forts. Dès 2014, Xiaomi a investi dans Midea pour pouvoir développer ses marchés. En 2020, c’est l’utilisation de la technologie Toled qui lui a permis de mettre au point un écran de télévision totalement transparent, qui donne l’impression que l’image flotte.

Mais le plus grand défi date de 2024, avec le lancement de la voiture électrique SU7. Le 18 mars 2025, cette berline high tech avait déjà été livrée à 136.854 clients. L’objectif est de parvenir à 350.000 livraisons sur l’année 2025. Mais le groupe voit plus loin. Lei Jun, le PDG fondateur de Xiaomi se donne quinze à vingt ans pour entrer dans le Top 5 des plus gros constructeurs automobiles au monde. Au rythme où Xiaomi a déjà progressé sur les autres secteurs, la mission ne semble pas impossible !

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