La Chine a décidé de réduire les prêts en direction de l’Afrique Subsaharienne. Cette situation découle en partie du ralentissement économique chinois. Explications.
Une baisse des prêts de la Chine
Les prêts octroyés par la Chine aux gouvernements africains ont enregistré une baisse significative en 2022, atteignant leur niveau le plus bas depuis 2004, soit seulement 994,48 millions de dollars. C'est ce qui ressort du rapport publié récemment par le Global Development Policy Center, un think tank affilié à l'Université de Boston. En 2022, d'après la Global China Initiative de la même université, ces montants n'ont même pas atteint le seuil d'un milliard de dollars (920 millions d'euros), ce qui est une première en dix-huit ans. Les montants individuel des prêts sont par ailleurs plus faibles, car les 920 millions sont répartis en 9 prêts, alors que les 1,22 milliards de 2021 étaient répartis en 7.
Quelles sont les raisons de cette baisse ?
La diminution de la valeur des prêts chinois au cours des deux dernières années ne peut être uniquement attribuée à l'impact de la pandémie du coronavirus. Elle est également le résultat du désengagement de la Chine pour le financement des grands projets d'infrastructures sur le continent africain, dont de plus en plus de pays font face à un endettement accru. Deux autres facteurs contribuent à cette évolution : le recentrage sur les priorités nationales et l'adoption d'une nouvelle approche pour l'initiative des "Nouvelles routes de la Soie", privilégiant des projets de moindre envergure, de meilleure qualité et respectueux de l'environnement.
L'Afrique dans la diplomatie chinoise
De 2000 à 2022, 39 bailleurs de fonds chinois ont consenti 1243 prêts d'une valeur globale de 170,08 milliards de dollars à 49 gouvernements africains, de nombreuses entreprises publiques et sept institutions multilatérales régionales. Ces prêts chinois à l'Afrique représentent 64 % du total des financements attribués au continent par la Banque mondiale (264,15 milliards de dollars) au cours de cette période et sont près de cinq fois supérieurs aux prêts décaissés par la Banque africaine de développement (36,85 milliards de dollars). Jusqu'à présent, cette stratégie s'est avérée payante sur le plan diplomatique. À l'exception de l'Eswatini (ex-Swaziland), aucun pays africain n'entretient actuellement de relations diplomatiques avec Taïwan. À l'ONU, la Chine bénéficie généralement du soutien des pays africains. Les voix africaines ont été déterminantes lors de l'élection en 2019 de Qu Dongyu, un Chinois, à la tête de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), battant ainsi les candidats soutenus par la France et la Géorgie. Il a été unanimement reconduit en 2023.