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Produits américains trop chers. Quelles sont les alternatives à Hong Kong ?

La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump va rendre les produits américains bien plus chers à Hong Kong. Certains seront peut-être même indisponibles ou susciteront des envies de boycott. Quelles sont donc les alternatives à ces produits américains ? Voici un tour d’horizon par secteur.

Hong Kong produits américains CampbellHong Kong produits américains Campbell
Des produits américains lors d'une foire au Made in America (photo The White House sur Creative Commons).
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 6 mai 2025, mis à jour le 18 avril 2025

Les produits faciles à remplacer

Les produits alimentaires. Dans les rayons des supermarchés, les marques américaines risquent de laisser le champ libre à des concurrents européens ou asiatiques qui auront un meilleur rapport qualité-prix. Ainsi, pour les céréales du petit déjeuner, les produits suisses Nestlé (Koko Krunch, Milo, Cheerios…) peuvent facilement remplacer les Yankees de Kellogg’s (Coco Pops, Rice Crispies…). Avec Kitkat, Lion ou Crunch, Nestlé peut aussi se substituer aux produits chocolatés de Mondelez (Milka, Daim, Côte d’Or…) ou de Mars (Mars, Twix, Bounty…). Ce sera certes plus difficile pour certains produits addictifs comme ceux de Coca Cola (Fanta, Sprite…) ou Pepsi (Lipton, 7 Up…). Mais, à chaque fois, il peut y avoir des alternatives soit de marques de distributeurs, soit de concurrents. Ainsi, dans le domaine des sodas, Schweppes et Orangina font désormais partie du groupe japonais Suntory. On peut aussi préférer les produits apéritifs d’entreprises françaises (Brets) ou allemandes (Vico) à ceux de Pepsi (Doritos, Lays, Benenuts, Cheetos), Mondelez (Belin, Ritz, Tuc) ou Kellanova (Pringles). Mais, le plus souvent, une dernière solution est de se passer tous simplement de ces produits alimentaires ultratransformés de marques américaines sans les remplacer, ce qui pourrait réjouir votre médecin !

Les produits non alimentaires. Dans des domaines non-alimentaires où la concurrence fait rage, il est encore plus facile de remplacer les produits américains. Ainsi, pour les chaussures de sport, les Américains Nike ou New Balance ont souvent des équivalents allemands (Adidas, Puma), français (Veja, Salomon) ou japonais (Asics). Pour les vêtements, des marques américaines comme Columbia, The North Face, Gap ou Carharrt sont déjà très peu prisées par rapport aux géants chinois (Shein), japonais (Uniqlo), espagnol (Zara) ou suédois (H et M). Attention aussi aux « faux amis », comme « Le Petit Marseillais », qui appartient au groupe US Johnson et Johnson, alors que des savons tels que Cadum, Dop ou Mixa appartiennent au Français L’Oréal.

Les chaînes de restaurants. On n’a pas attendu Starbucks pour ouvrir des chaînes de cafés ou Mc Donald, Five Guys et Burger King pour développer des fast-foods. Dans le premier domaine, Pacific Coffee est ainsi par exemple une chaîne 100% made in Hong Kong et Luckin Coffee est purement chinois. Dans le deuxième domaine, les alternatives ne viennent pas seulement de chaînes japonaise (MOS Burger) ou philippine (Jollibee), mais, le plus souvent, de restaurants indépendants appartenant à des particuliers.

Les cas particuliers

Les produits culturels. Jeudi 10 avril, la Chine a annoncé qu’elle allait réduire le nombre de films américains diffusés sur son territoire. Se passer des films, des séries et des musiques d’Outre-Atlantique suppose d’abord de connaître les alternatives et donc de varier ses sources d’informations. C’est ce que font les Hongkongais, qui ne classent qu’un seul film hollywoodien dans les 8 premiers de leur box office de la semaine du 31 mars au 6 avril (Minecraft, n°1), devant trois productions locales, deux japonaises, une chinoise et une lettone. Dans le domaine de la pop music, les mélomanes locaux sont déjà également plus friands de C-Pop cantonaise, de J-Pop japonaise et de K-Pop coréenne que du hit-parade américain, si on en juge par le succès des concerts et le classement des ventes. Ainsi, si on prend les dix albums les plus vendus à Hong Kong de tous les temps, il n’y a que quatre Occidentaux, deux de la Canadienne Céline Dion, un des Suédois d’Abba et un des Danois d’Aqua, mais aucun Américain. A noter que le classement est dominé par le chanteur de la ville, Jacky Cheung.

Les produits partiellement américains. Dans le monde, Tesla est certainement le produit le plus boycotté en ce moment, mais la plupart des véhicules de cette marque vendus à Hong Kong sont en réalité fabriqués à Shanghai, en Chine. Idem pour Apple : la plus grande usine de production d’Iphone se trouve à Zhengzhou, capitale du Henan. On peut aussi dire que certaines marques américaines sont exploitées par des franchises locales sur place, comme par exemple de nombreux Starbucks par Maxims Group. Dans l’autre sens, certains produits que l’on pense états-uniens font en réalité partie de groupes détenus par d’autres pays. C’est par exemple le cas des articles de luxe Tiffany, qui appartiennent à LVMH et donc à Bernard Arnault. Dans tous ces cas, seule la partie américaine de la chaîne de valeur pourrait donc être touchée par les droits de douane.

Et le numérique américain ?

Les Gafam. Le principe des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) est non seulement de conquérir des monopoles mondiaux en éliminant ou en achetant la concurrence, mais aussi de placer des produits associés à leurs écosystèmes. Cela fait qu’en Europe, ils sont difficilement remplaçables, sauf si l’on considère que l’Allemand Ecosia ou le Français Qwant peuvent prendre la place du moteur de recherche de Google. A Hong Kong, la proximité de la Chine et des Batx (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) rend l’équation moins complexe. Ainsi, Taobao (Alibaba) remplace facilement Amazon, Baidu App Store ou le Mi Store (Xiaomi) suppléent Google Play Store et l’Apple Store. Quant aux réseaux sociaux, ils sont nombreux, de WeChat à Xiaohongshu en passant par Douyin et peuvent permettre de résilier ses comptes WhatsApp, Instagram ou Facebook, tous propriétés de Meta. Il faut enfin noter que, pour l’intelligence artificielle, le chinois Deepseek s’avère beaucoup plus efficace et populaire que la version gratuite de Chat GPT.

Les Natu. Encore plus difficile est le défi de de se passer des plateformes de services américaines. En effet, plus une plateforme est grande, plus elle peut proposer de choix. Or, justement les N, A et U des NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) semblent proposer beaucoup plus de connections que leurs concurrents. Mais à Hong Kong, ce n’est pas toujours vrai. Ainsi, dans le domaine de la livraison de repas, le Britannique Deliveroo vient de jeter l’éponge non pas à cause d’Uber Eats, qui a quitté le pays en 2021, mais de Food Panda, qui appartient à un groupe allemand. Quant à Netflix, il peut être remplacé par le Japonais Rakuten TV ou tout simplement par la plateforme de France TV.

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