Après un premier dimanche où il a pu assister au défilé du ‘Republic Day’, le Ministre et sa délégation ont rejoint Mumbai pour une journée, avant de poursuivre leur visite officielle à Delhi. L’objectif de ce déplacement est de promouvoir les partenariats et synergies dans le domaine culturel entre la France et l’Inde. Cette ambition, qui embrasse de multiples domaines : musique, audiovisuel, cinéma, jeux vidéo devrait être facilitée par de nouveaux mécanismes simplifiant les démarches. Le Ministre en a fait la promotion aux professionnels indiens du secteur.
Effectivement, les enjeux et les intérêts économiques sont de taille. Aujourd’hui, la culture en France pourvoit 640 000 emplois, 91 milliards d’euros de revenus et 32 milliards d’exportations, ce qui représente 2 % de l’économie nationale ! De son côté, l’Inde est un important créateur de contenu culturel, surtout dans le cinéma (bien évidemment) et inutile de dire que ses 1,3 milliards d’habitants représentent un marché colossal !
A la suite des bonnes relations du Président Macron avec Narendra Modi, différents ministères s'attachent à renforcer les relations bilatérales.
C’est le cas pour la promotion des coopérations dans l’Industrie Culturelle et Créative (ICC). Un chantier pour lequel la présidence a souhaité que les ministères des Affaires étrangères, de l’Economie et de la Culture s’allient pour décloisonner leur action.
Il s’agit aussi de mieux aider les entrepreneurs culturels. Cinq marchés prioritaires ont été identifiés pour la mise en valeur du territoire et des talents français : l’Inde, la Chine, le Brésil, les Etats-Unis et la Corée du Sud.
Pour sa visite en Inde, le Ministre Franck Riester était accompagné de Dominique Boutonnat du Centre National pour le Cinéma (CNC), Stephen Bender de Film France, Jean Philippe Thiellay du Centre National pour la Musique (CNM) et Céline Calvez, Député des Hauts-de-Seine. Participaient aussi des représentants de régions comme le Vaucluse et le Lubéron, l’Occitanie et les Hauts-de-France, ainsi que l’Ambassadeur de France, M. Lenain et Mme la Consule, Sonia Barbry.
Promouvoir notre industrie musicale
L’agenda était bien chargé pour cette journée à Bombay qui a débuté par une table ronde sur le thème de la promotion de la musique, à laquelle participaient des professionnels du secteur en Inde, à l’instar d’Achille Forler (qui partage avec le Ministre un engagement sur les questions de droits d’auteur).
L’industrie de la musique est celle qui a le plus été touchée par les transformations dues au numérique. Aujourd’hui, la promotion des artistes français à l’étranger, notamment par leur présence sur les plateformes d’écoute en ligne, est primordiale.
Sur ces questions, la France vient de se doter d’un nouvel organe, officiellement ouvert depuis le 1er janvier 2020, le CNM (Centre National pour la Musique), dont le Directeur était présent. Il a vocation à jouer le même rôle que le CNC (Centre National pour le Cinéma) pour le cinéma. Le secteur musical était auparavant sous représenté.
Créer de la synergie entre deux puissances mondiales du cinéma
La délégation a ensuite pris le chemin de la Soho House à Juhu pour s’adresser aux professionnels du cinéma. Etaient présents des acteurs, producteurs et distributeurs. Ici, les enjeux sont multiples.
L’accueil des tournages indiens représente une très importante manne financière, dont profitent allègrement des pays comme la Suisse.
Les coproductions, comme ce fut le cas pour le film Lunchbox, ont également été promues, ainsi que des coopérations plus ponctuelles ou techniques.
La délégation a mis en avant les atouts de la France, dont ses paysages exceptionnels bien sûr, mais aussi la puissance de notre industrie du cinéma qui est la première d’Europe et repose sur un réseau de professionnels très compétents.
Afin de valoriser l’attractivité du pays et de résoudre les faiblesses en matière d’accès à l’information et la difficulté des démarches administratives, la France se restructure et a créé Film France, opérateur en charge de promouvoir les tournages, la post-production et l’animation en France. Cette institution agit comme un guichet unique pour toutes les questions relatives aux tournages.
Des crédits d’impôts devraient aussi faciliter la venue des équipes indiennes. Un tournage étranger peut prétendre à 30 % d’abattement fiscal et cela peut monter jusqu’à 40 % si 2 millions d’euros sont dépensés dans des studios français d’effets spéciaux. Le Ministre a souligné que ces derniers pouvaient peut-être paraître onéreux, mais qu’il fallait le pondérer avec l’excellence de l’expertise française et l’efficience des équipes.
Nos deux pays sont deux des plus grands producteurs de cinéma au monde. Nous voulons améliorer le business, mais aussi les échanges artistiques.
Ubisoft, un parfait exemple de collaboration culturelle
Puis, la délégation ministérielle s'est rendue à Powai pour visiter le studio mumbaikar d’Ubisoft, le géant français du jeu vidéo. Jean-Philippe Pieuchot et son équipe ont présenté leur évolution depuis leur arrivée en 2008 à Pune.
L’entreprise emploie aujourd’hui plus de 1 000 personnes : créatifs, designers, développeurs... Le recrutement est un de leurs plus importants défis. Pour y remédier, ils ont mis en place des programmes de coopération stratégique avec de grandes écoles françaises et indiennes, allant parfois jusqu’à créer leur propre filière ! Ce qui leur a valu les félicitations chaleureuses du Ministre ! Deux jeux vidéo ont été présentés, le premier mettant en avant le patrimoine culturel indien et le second, les Alpes françaises.
Ubisoft travaille aussi en collaboration avec le Ministère de la culture sur un projet d’accueil de résidence d’artiste qui devrait débuter cette année. L’entreprise aime se positionner comme "tête chercheuse" et veut explorer des synergies dans plusieurs domaines, comme l’art et la recherche. Leur centre de recherche en Intelligence artificielle est d’ailleurs situé dans l’école IIT Mumbai.
Les politiques culturelles du futur : Évolution numérique et ‘smart cities’
C’est dans cette école qu’a eu lieu la conférence du Ministre sur "l’impact de l’économie de la culture sur le monde". Franck Riester a souligné les différentes conséquences de l’essor du numérique, les dangers qui l’accompagnent, mais aussi les progrès, insistant sur l’évolution des grands musées qui sont désormais résolument high tech, intégrant réalité virtuelle et intelligence artificielle. "On peut aujourd’hui visiter le Louvre depuis son salon !"
Le Ministre a aussi abordé la question des ‘smart cities’.
[Leur objectif] est d’améliorer les conditions de vie de ses habitants en fournissant un environnement propre et durable. L’un des aspects centraux [de ces modèles d’urbanisme] est l’accès aux institutions artistiques et culturelles qui définit la qualité de vie d’une ville.
Aujourd’hui, la France et l’Inde travaillent conjointement sur cette thématique, entre autres à Chandigarh, Nagpur et Pune.
Les deux jours suivants, le Ministre Franck Riester s’est rendu à Delhi où il devait rencontrer le Ministre de la Culture, mais surtout le puissant Ministre de l’Information et de la Diffusion, Prakash Javadekar, pour renforcer de façon institutionnelle les synergies culturelles entre nos deux pays, notamment avec la création d’une commission conjointe ad hoc entre les ministères indien et français.