La capitale de la Turquie ne figure pas dans les principales destinations touristiques du pays. Il est vrai que cette cité, située en altitude à la lisière de la steppe anatolienne, qui porta le nom antique d’Ancyre puis celui d’Angora, réputée chaude en été et glacée en hiver, ne constitue souvent qu’une rapide étape pour les touristes...
Atatürk lui-même, qui pourtant l’avait choisie pour capitale, aurait dit avec regret : "Si Ankara pouvait posséder au moins la moitié de la beauté de Sinop !" Pourtant, cette ville au riche passé peut vous occasionner une fin de semaine passionnante ; inutile de faire des heures de route en voiture, le plus facile est de prendre le TGV (YHT, en turc, sur le site TCDD) tôt le samedi matin à la gare stambouliote de Söğutluçesme, sur la rive asiatique et de rentrer par le train du dimanche soir. Le premier jour peut être consacré à ce qui se trouve plutôt au sud de la place Kizilay, et le second, à ce qui se situe au nord.
Une ville au passé prestigieux
L’histoire d’Ankara est très ancienne, comme le montrent les sites préhistoriques et hittites à proximité. Elle fut aussi la capitale de la province romaine de la Galatie, puis, disputée ensuite entre les Byzantins, les Turcs et même les croisés, elle devint ottomane en 1354. C’est là que se déroula fameuse bataille d’Angora, où le sultan Bayezid 1er, appelé "Bajazet" par les Européens, fut fait prisonnier par Tamerlan… Ankara, c’est aussi la ville du merveilleux chat Angora blanc aux yeux bleus ou vert-jaune, premier chat à longs poils connu en France, introduit par l’humaniste provençal Nicolas Fabri de Peiresc au XVIIe siècle.
Une "capitale dans le désert"
Lorsqu’Ankara devient la capitale de la Turquie, le 29 octobre 1923, ce n’était encore qu’un gros bourg. La construction de la nouvelle ville s’étala sur une quinzaine d’années, avec plusieurs plans successifs. Pour résumer, Mustafa Kemal, chargea des ingénieurs turcs et aussi des étrangers - il avait invité en Turquie les universitaires et artistes persécutés par les Nazis- de reconstruire la ville, dont l’urbaniste allemand Hermann Jansen, dont le plan fut approuvé en 1932, avec le découpage de la ville en secteurs et la création d’espaces verts. Quant à l’architecte autrichien Clemens Holzmeister, il conçut les plans du quartier gouvernemental en élevant quatorze bâtiments de ministères et ambassades, et, en 1931, le palais présidentiel de Çankaya. Le mélange de cultures des architectes aboutit à la création d’un "nouveau style national" et même s’il eut des détracteurs, il émerveilla les écrivains d’alors, comme Ahmet Hamdi Tanpinar : "Il suffisait de suivre une seule de ses rues pour voir défiler des maisons ou des chalets évoquant la Riviera, la Suisse, la Suède, la Bavière ou l’Istanbul d’Abdülhamid. "Claude Farrère, quant à lui, dans son roman Les Quatre dames d’Angora, fait s’extasier son héros sur les larges avenues de la cité : "Deux chaussées parallèles y encadraient un large trottoir médian et deux trottoirs latéraux encadraient les deux chaussées. Le tout était éclairé somptueusement par une triple rangée de réverbères électriques… Et c’était beau."
Marcher dans le centre
Pour découvrir l’atmosphère d’Ankara, il faut se rendre sur la place Kızılay (Kızılay meydanı), traversée par l’immense boulevard Atatürk, où passent la plupart des moyens de transport et à partir de laquelle foisonnent les ruelles très animées où vous pourrez déambuler ou faire du shopping. Sachez que les rues les plus fréquentées et à la mode du quartier sont Sakarya Caddesi avec ses immeubles historiques, Karanfil Sokak, lieu affectionné par la jeunesse et Tunalı Hilmi Caddesi, avec ses magasins, restaurants et cafés. Vous pourrez aussi visiter la monumentale mosquée de Kocatepe, en style néo-ottoman, inaugurée en 1987 et si vous avez le courage de marcher longtemps, vous promener dans le quartier des ambassades, voir en passant l’ambassade de France en Turquie ou l’historique palais présidentiel de Çankaya.
Voir le mausolée d’Atatürk
Non loin de la place Kizilay, sur la colline d’Anıttepe, se trouve le mausolée d’Atatürk ou "Anıtkabir", pharaonique construction érigée en 1953 et qui impressionne par l’immensité de son esplanade et son allée bordée de lions de pierre. Une visite vous permettra de mieux comprendre la vénération que les Turcs vouent encore au fondateur de la république, dont le musée expose les objets personnels.
En descendant vers le sud, vous pourrez faire une romantique promenade au Parc de cygnes (Kuğulu Park), qui, comme son nom l’indique, est celui où vivent des cygnes dans la verdure et les jets d’eau. Enfin, s’il vous reste du temps, il est possible d’aller boire un pot sur la tour d’Atakule, achevée en 1989, qui comporte un restaurant tournant à 360 degrés et offre un merveilleux panorama sur la ville…
Prendre un brunch dans la citadelle
Dans la partie située nord de la ville par rapport à la place Kızılay, se trouve la citadelle d’Ankara, qui date du IXe siècle, avec quelques ruelles pittoresques aux maisons ottomanes. Ces anciens "Konak" ont souvent été convertis en boutiques, cafés et restaurants joliment décorés de brocante, où vous pourrez prendre un brunch ou un repas le dimanche (certains sont fermés en semaine). En montant, vous atteindrez le sommet des remparts, qui offre un intéressant panorama sur la ville.
Découvrir Musée des Civilisations anatoliennes
Sous l’entrée de la citadelle se trouve le merveilleux Musée des Civilisations anatoliennes, avec des collections venues des sites préhistoriques de Çatalhöyük, Alacahöyük, Kültepe ; ou des sites hittites de Hattuşa et Aslantepe, ainsi que les objets phrygiens trouvés à Gordion. Ce musée, d’une richesse exceptionnelle, justifie à lui seul le voyage à Ankara !
Admirer voir les maisons anciennes d’Hamamönü
En redescendant, vous pouvez vous rendre au quartier d’Hamamönü, dans la zone d’Altindag, qui est célèbre pour ses maisons ottomanes en pierre et bois, garnies d’encorbellements, dont beaucoup sont devenues des cafés ou de petits magasins aux produits typiques.
Là, se trouve la mosquée Haci Bayram, datant du XVe siècle, lieu de pèlerinage sur le tombeau du saint fondateur d’un ordre de derviches. À côté se trouvent les vestiges d’un temple d’Auguste datant du 1er siècle, longé par des bassins animés par des jets d’eau ; et plus loin, un musée en plein air constitué par les ruines de thermes romains construits au IIIe siècle par l’empereur Caracalla.
Il reste encore beaucoup de lieux et de musées à découvrir à Ankara, mais un week-end n’y suffit pas… Ce qui m’a attiré l’attention : tous les Ankariotes avec lesquels j’ai eu l’occasion d’échanger quelques mots adorent leur ville, dont ils trouvent l’ambiance jeune, moderne et dynamique ! Et ils ne la quitteraient pour rien au monde…
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