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L’inflation condamne une majorité des Turcs à se priver de vacances

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Publié le 26 juin 2022, mis à jour le 27 juin 2022

La Turquie fait face à une inflation officielle de 73,5%, selon l’Institut turc des Statistiques (TÜIK). Les prix ont doublé, et bien que le salaire minimum ait augmenté de 50,4% en janvier 2022, pour une majorité de Turcs, il est impossible de partir en vacances…

 

"Avant, on pouvait aller où on voulait tous les weekends. Maintenant on ne peut plus", témoigne avec regret Emre, employé dans une boutique pour animaux dans le quartier de Kozyatağı, sur la rive asiatique d'Istanbul. Assis devant le magasin pour lequel il travaille, il attend désespérément des clients. Mais vu le taux d’inflation officiel estimé à 73,5% sur un an en mai dernier, le plus haut jamais enregistré depuis 1998, Emre sait que les affaires sont de plus en plus compliquées. Il aimerait pouvoir s’évader en vacances, comme il le faisait auparavant. Mais, désespéré, il confie ne plus pouvoir : "Je donne tout mon salaire au loyer, aux factures d’électricité, d’eau. Ce qu’il reste me suffit à peine pour faire les courses." Le salaire minimum a pourtant augmenté en janvier 2022 de 50,4%, passant à 4 250 livres turques. Mais le prix des transports a lui aussi subi une hausse de + 107,62% sur un an en mai, celui des produits alimentaires une hausse de + 91,63%… sans compter les prix de l’énergie et des matières premières qui ne cessent de grimper eux aussi depuis le début de la guerre en Ukraine. Emre s’énerve parce qu’il n'a pas de pouvoir d'achat en ce moment. "Le salaire que nous recevons est le salaire minimum. Comment pouvons-nous partir en vacances ?"

Des vacances inaccessibles

Après la pandémie, les Turcs n’avaient qu’une envie : reprendre une vie normale et voyager. Mais ils ont vite dû renoncer en constatant la flambée des prix.

Cependant pour Mesut, conseiller dans une agence de voyages turque à Fatih, cette augmentation n’est pas propre à la Turquie. Après la crise sanitaire, et accentué par la guerre en Ukraine, tout est devenu plus cher "que ce soit en Turquie, en France ou partout dans le monde". "Ceux qui n’ont pas les moyens ne voyagent pas, certes, mais les classes moyennes continuent de mettre de côté pour partir en Europe ou en Turquie."

Mohamed Mahmoud, conseiller dans une autre agence de voyages à Fatih, reconnaît, lui, que voyager est devenu un luxe à part entière pour les Turcs : "Le salaire minimum ici est 4 250 livres turques. Ils ne peuvent pas louer de maison, rien…". Même si les agences de voyages continuent de fonctionner, notamment grâce aux touristes étrangers qui souhaitent programmer des visites à l’intérieur de la Turquie, et aussi pour les Turcs qui ont les moyens, l’attractivité devient plus compliquée. Mohamed regrette qu’un "billet d’avion Istanbul-Antalya, qui coûtait 600 livres turques il y a encore quelques mois, en coûte à peu près 850 aujourd’hui." Les Turcs ne peuvent pas se permettre de dépenser l’équivalent de 20% d’un SMIC pour un billet d’avion, sans compter bien sûr les autres dépenses importantes sur place à prendre en compte : logement, nourriture etc.

 

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Mohamed Mahmoud attend les clients dans son agence de voyages

 

Seules les classes moyennes et les plus aisées peuvent désormais s’autoriser à partir. Les autres tentent de survivre face à une inflation qui ne cesse d’augmenter. C’est d’ailleurs ce que révèle une enquête sur les "Prévisions en matière de tourisme domestique pour 2022" de l’Institut Metropoll, publiée mi-juin. Selon l’enquête, 69,6% des personnes interrogées indiquent ne pas prévoir de partir en vacances cette année.

 

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