Hier avait lieu le célèbre marathon intercontinental d’Istanbul. Seul marathon à relier l’Asie et l’Europe, il a réuni dans ses trois courses, selon le maire d’Istanbul, Kadir Topbas, quelque 30.000 coureurs. Retour sur les résultats de la course et sur la Fun Run, plus “fun” que “run”.
Surprise, cette année, c’est le Français Abraham Kiprotich (né au Kenya avant d’être naturalisé en 2011), qui a remporté la 35ème édition du marathon d’Istanbul. Chez les femmes, les Turques ne sont pas en reste. Si la Kenyane Rebecca Kargogo Chesir a remporté le 42 km, les Turques Elvan Abeylegesse et Sultan Haydar se placent à la deuxième et troisième position.
Abraham Kiprotich, parti du pont du Bosphore, est arrivé sur les hauteurs de Fatih, à Sultanahmet, en seulement deux heures et 12 minutes. Partis du même point, c’est plus ou moins – plutôt moins – le temps qu'il nous a fallu pour rejoindre Beşiktaş... et parcourir les 8 km de la Fun Run !
Photo Hanna Hoffmann
3, 2, 1, top départ
La Fun Run n’est pas une course comme les autres. C’est d’ailleurs l’une des seules où vous pourrez voir des “marathoniens” marcher, faire du roller, du vélo, ou encore pique-niquer. Ce n’est une surprise pour personne puisque la Fun Run est le seul moment de l’année où Stambouliotes, turcs et autre foisonnement de nationalités, peuvent franchir, à pied, le pont du Bosphore.
C’est donc sur un air de fanfare que les coureurs du dimanche ont pris le départ. A quelque 300 mètres du pont, une demi-heure après les “ vrais’’ coureurs, nous avons rejoint les 100.000 participants estimés de la Fun Run dans une ambiance très chaleureuse. Si, au départ, tous portaient un numéro de dossard, au fur et à mesure de la course, nombreux sont les non-inscrits qui sont venus gonfler les rangs des coureurs prenant d’assaut le pont du Bosphore. Peu importe qu’ils n’aient pas pu franchir la ligne de départ puisque l’essentiel était de traverser le pont, avec ou sans numéro. Certains ne sont d'ailleurs pas arrivés au bout des huit kilomètres, d’autres ont seulement fait un aller-retour sur le pont, remontant la foule à contre-courant. Comme beaucoup le craignaient, et comme en 2010, le pont a légèrement tremblé sous l'effet de l'affluence (vidéo). Plus de peur que de mal, toutefois.
Une course pour le fun, et pour l’espoir
Au beau milieu du pont, tandis que de nombreux coureurs mitraillaient les lieux avec leurs appareils photos, d’autres étaient au téléphone pour le simple plaisir de pouvoir répondre à l’habituelle question : “Où es-tu ?”, par : “Entre l’Asie et l’Europe”. Certains, poussant le vice encore plus loin, se sont amusés à appeler leurs proches en visioconférence, pour leur faire vivre l’expérience en direct. Les vendeurs de simit, d’eau, de jus de grenade étaient également au rendez-vous le long du pont.
Pour certains, le marathon était l’occasion de faire passer un message d’espoir. Comme ces étudiants de l’université Anadolu aux t-shirts noirs et blancs sur lesquels était inscrite la mention “parcel for life’’ dans le but de collecter des fonds pour venir en aide aux personnes dans le besoin, sans famille ou emprisonnées. Il y avait également ces jeunes enfants, encadrés par la compagnie Epik Encounter. Sur leur blouson, on pouvait lire “run for peace”. Venus promouvoir un message de paix, ils se sont arrêtés un moment sur le pont, profitant de la vue, comme beaucoup d’autres promeneurs. Et puis il y avait ce collectif de personnes à mobilité réduite, aveugles ou en fauteuil roulant, qui ont courageusement traversé la foule avec leurs maillots bleus et leur bonne humeur.
Rendez-vous international, rendez-vous familial
Aux côtés de nombreux Turcs, des Brésiliens, Français, Italiens, Tchèques, Canadiens, Hollandais, Polonais, pour la plupart expatriés ou étudiants, ont répondu à l’appel du pont.
Il n’a pas fallu plus de 200 mètres pour rencontrer Damien, Français expatrié, avec sa petite famille. Sa fille en poussette, haute comme trois pommes, s’apprêtait à passer d’Asie en Europe pour la première fois, ce qui, pour autant qu'elle en ait eu conscience, semblait la ravir. Comme elle, il y avait de nombreux enfants en poussette ou à pied sur le pont, jouant, courant, se faisant photographier.
Plus qu’une course, comme un air de fête nationale
Les coureurs ont descendu le boulevard Barbaros dans une ambiance amicale, presque familiale, comme si tous se connaissaient. Ils ont alors retrouvé la fanfare du début, chanté l’hymne national turc à pleine voix, tapé dans leurs mains et brandi le drapeau turc. La ferveur ambiante était palpable, il y avait sur les joues des coureurs et promeneurs une joie contagieuse.
Toujours suivant les lignes rouges, vertes et bleues, les coureurs ont pénétré dans un Beşiktaş inhabituel, désert de voitures mais plein de monde. Au rythme des feux orange clignotants, ils ont continué leur chemin en direction de la ligne d’arrivée, parfois même se mêlant à des passants égarés, à la recherche des transports publics.
“Regarde on arrive, on a marché 8 kilomètres ! ” s’est exclamé un groupe de coureurs à l’approche du stade Inönü. C’est aux côté d’une famille américaine que lepetitjournal.com d’Istanbul a franchi la ligne d’arrivée, où dansaient et chantaient les coureurs, toujours au rythme de la fanfare.
Quelques photos de ce périple Photos Hanna Hoffmann et Laura Lavenne :
Laura Lavenne (http://lepetitjournal.com/istanbul.com) lundi 18 novembre 2013
Pour info, voici le classement des premiers Turcs, Français, Suisses et Belges du marathon: