Deuxième vague ou chiffres provisoires ? C’est la question que tout le monde se pose actuellement en Turquie. Depuis vendredi 12 juin, le nombre de cas a dépassé la barre symbolique de 1000. Alors que la "normalisation" suit son cours depuis le 1er juin, ces chiffres inquiètent.
Le ministre de la Santé, Fahrettin Koca, a beau faire des rappels quotidiens sur son compte Twitter (ou lors de ses interventions télévisées), des mesures barrières, soulignant que le "nouveau normal" signifie distanciation sociale, port d’un masque et règles maximales d’hygiène, on constate depuis le début du "dé-confinement" de nombreux comportements insouciants.
Le Ministre a aussi déclaré le 15 juin, que les besoins dans les unités de soins intensifs en ventilateurs augmentaient, de quoi s’alarmer.
Alors que certains membres du comité scientifique préviennent depuis le début de la semaine : à tout moment des mesures de prévention pourraient être prises (telles que la mise en place de confinement obligatoire pendant les week-ends, ou encore des restrictions de circulation interurbaines), le Ministre de la Santé a déclaré le 17 juin au soir, que de nouveaux couvre-feux n'étaient pas à l'ordre du jour.
Tevfik Özlü, membre du comité scientifique, a expliqué que cette hausse était prévisible, en raison de la période de "normalisation", mais selon lui, ce qu’il faut observer, c’est l’évolution de la courbe dans les jours qui viennent. Aussi, le scientifique rappelle qu’il faut apprendre à vivre avec le virus, car la pandémie durera encore de nombreux mois.
Mehmet Ceylan, chef du département des maladies infectieuses pédiatriques de l’hôpital de Hacettepe, a quant à lui déclaré qu’une hausse était inévitable si les personnes, après le dé-confinement, ne se conforment pas à la "nouvelle vie", qui impose le port du masque et la distanciation sociale.
Le directeur du programme Turquie de l'OMS, le Prof. Dr. Tog Ergüder a pour sa part précisé que dans tous les cas, les chiffres annoncés n’étaient que la partie émergée de l’iceberg, précisant que la majorité des porteurs sont asymptomatiques ; il considère qu’il faut multiplier par 6 ou 7 le nombre de cas.
Sur Twitter, ce sont des photos qui témoignent de files d'attente interminables (sans respect de la distanciation sociale) observées devant le tribunal de Caǧlayan à Istanbul (rouvert après trois mois d’interruption) qui font polémique.
Depuis plusieurs jours, le port du masque dans les lieux publics a été rendu obligatoire* dans 43 provinces**. Jeudi soir, suite aux recommandations du Comité scientifique, cette obligation a été étendue à Ankara, Istanbul et Bursa. Nombreux sont ceux qui appellent le gouvernement à imposer le port du masque obligatoire dans tout le pays.
Afin de déterminer le niveau d’immunité de la population, depuis lundi, des tests sérologiques (visant à détecter les anticorps dans le sang liés au Covid-19,) ont commencé à être effectués à travers le pays. On devrait connaître le niveau d’immunité à Istanbul le 20 juin.
* L'absence de port du masque peut être sanctionné d'une amende allant jusqu'à 3150TL (900TL à Istanbul).
**Afyonkarahisar, Amasya, Ardahan, Aydın, Balıkesir, Bartın, Batman, Bitlis, Bolu, Burdur, Denizli, Diyarbakır, Düzce, Elazığ, Eskişehir, Erzurum, Gaziantep, Giresun, Iğdır, Isparta, Kahramanmaraş, Karabük, Kayseri, Kırklareli, Kocaeli, Konya, Kütayha,Malatya, Mardin, Muğla, Muş, Nevşehir, Osmaniye, Rize, Sakarya, Şanlıurfa, Siirt, Sivas, Şırnak, Tunceli, Uşak, Yalova, Zonguldak.