Comprendre le gouvernement britannique en 5 questions

Le Royaume-Uni repose sur un régime de monarchie constitutionnelle, c’est-à-dire que le monarque est le chef de l’État, mais ses pouvoirs sont limités par la loi et les conventions. Le pouvoir exécutif est exercé par le Premier ministre, tandis que le pouvoir législatif appartient au Parlement, composé de deux chambres. Le roi conserve un rôle cérémoniel. Le système britannique repose sur des institutions anciennes, des usages non codifiés dans une Constitution écrite, et une séparation souple des pouvoirs. 

Qui détient le pouvoir exécutif au Royaume-Uni ?

Le pouvoir exécutif est détenu par le gouvernement, dirigé par le Premier ministre, Keir Starmer. Ce dernier est le chef du parti qui a obtenu la majorité à la Chambre des communes lors des élections générales. Il est officiellement nommé par le monarque, mais ce choix suit la logique du scrutin législatif.

Le Premier ministre choisit les ministres, fixe les grandes orientations politiques et représente le Royaume-Uni à l’échelle internationale. Il exerce l’essentiel du pouvoir exécutif, mais reste politiquement responsable devant le Parlement. En cas de perte de majorité ou de vote de défiance, il peut être contraint de démissionner. Le gouvernement est donc directement lié au fonctionnement parlementaire.

Quel est le rôle du roi dans le gouvernement britannique ?

Le roi Charles III, en tant que monarque, est le chef de l’État du Royaume-Uni. Son rôle est principalement symbolique et cérémoniel. Il ouvre chaque session du Parlement par un discours rédigé par le gouvernement, nomme formellement le Premier ministre, approuve les lois votées par le Parlement (royal assent), et représente l’unité nationale. Toutefois, toutes ces fonctions sont exercées selon des conventions constitutionnelles : le roi agit toujours sur les conseils du gouvernement, sans interférer dans les affaires politiques. Il ne participe pas aux décisions politiques et ne peut refuser une loi votée. Ses interventions sont limitées à des fonctions protocolaires, telles que les visites officielles, les cérémonies nationales ou les audiences hebdomadaires avec le Premier ministre Keir starmer, qui ne donnent lieu à aucune communication publique. Son rôle est donc distinct de celui du pouvoir exécutif.

L’histoire du gouvernement britannique s’ancre au XIIIe siècle, avec la signature de la Magna Carta en 1215. Ce texte limite pour la première fois le pouvoir du roi et pose les bases d’un État de droit. En 1295, Édouard Ier convoque un Parlement bicaméral composé des Lords et des Communes, une structure qui perdure encore aujourd’hui. La guerre civile du XVIIe siècle bouleverse l’équilibre entre monarchie et Parlement. En 1689, la Déclaration des droits (Bill of Rights) marque un tournant historique en affirmant la suprématie du Parlement et en réduisant les pouvoirs du souverain. C’est la naissance de la monarchie parlementaire moderne. Au fil des siècles, le système évolue avec l’élargissement progressif du droit de vote, la montée en puissance de la Chambre des communes, et la réduction du rôle de la Chambre des lords, notamment à partir de 1911. Après la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni se dote d’un État-providence ambitieux sous l’impulsion du gouvernement travailliste. L’entrée dans la Communauté européenne en 1973, puis le vote du Brexit en 2016, redessinent en profondeur les équilibres politiques du pays. Depuis l’accession au trône de Charles III en 2022, le pays poursuit sa route dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle.

Comment fonctionne le Parlement britannique ?

Le Parlement britannique est composé de deux chambres : la Chambre des communes et la Chambre des lords. La Chambre des communes est élue au suffrage universel direct. Elle détient le pouvoir législatif principal : elle débat des lois, les vote, et contrôle l’action du gouvernement. Elle peut également renverser le gouvernement par un vote de défiance.

La Chambre des lords, composée de membres nommés (pairs à vie, évêques de l’Église anglicane, pairs héréditaires en nombre limité), joue un rôle consultatif. Elle peut proposer des amendements, retarder l’adoption de lois, mais ne peut pas bloquer indéfiniment un texte adopté par les Communes. Le bicamérisme britannique repose donc sur une hiérarchie claire entre les deux chambres, où la légitimité démocratique est concentrée dans la chambre élue.

Quelle est la place de la monarchie dans la société britannique ?

La monarchie britannique occupe une place importante dans la société, à la fois comme institution et comme symbole national. Le monarque incarne la continuité de l’État, au-delà des alternances politiques. Les cérémonies royales, les commémorations et les événements liés à la famille royale sont largement suivis par la population et les médias.

Les sondages récents montrent que la monarchie britannique bénéficie d'un soutien majoritaire, bien que ce soutien varie selon les générations et les régions. Par exemple, une enquête Ipsos de septembre 2023 indique que 66 % des Britanniques souhaitent que le pays reste une monarchie. Cependant, une enquête YouGov réalisée en janvier 2024 indique que 45 % des Britanniques préfèrent conserver la monarchie, tandis que 31 % souhaitent un chef d'État élu. Ces données suggèrent que, bien que la monarchie conserve un soutien global, elle fait face à des défis croissants, notamment auprès des jeunes générations

En quoi le système britannique diffère-t-il du système français ?

Le système politique britannique diffère du modèle français à plusieurs niveaux. Le Royaume-Uni est une monarchie constitutionnelle avec un régime parlementaire, tandis que la France est une république avec un régime semi-présidentiel. Au Royaume-Uni, le Premier ministre exerce le pouvoir exécutif mais dépend du soutien permanent de la majorité parlementaire. Le chef de l’État, en l’occurrence le roi, n’intervient pas dans la conduite des affaires politiques.

En France, le président de la République est élu au suffrage universel direct et dispose de pouvoirs étendus : nomination du Premier ministre, droit de dissolution, direction de la diplomatie et des armées. Le système français donne ainsi un rôle central au président, ce qui crée une organisation plus verticale du pouvoir.

La culture politique diffère également : le Royaume-Uni fonctionne sans Constitution écrite, sur la base de lois fondamentales et de conventions. Les débats parlementaires y occupent une place plus visible dans la vie politique quotidienne. En France, le pouvoir exécutif domine souvent le calendrier législatif.

Le système politique du Royaume-Uni s’appuie sur une combinaison de traditions anciennes et d’institutions démocratiques. Il repose sur un équilibre entre la monarchie, dont le rôle est essentiellement symbolique, et un Parlement puissant, où le Premier ministre exerce ses fonctions sous contrôle des élus. Cette organisation, propre au contexte britannique, continue d’évoluer tout en conservant ses spécificités. Elle constitue une alternative historique au modèle républicain français, tout en participant pleinement aux institutions démocratiques modernes.