Édition internationale

Andrew Tate visé en procès civil pour violences sexuelles et contrôle coercitif

Quatre femmes accusent l’influenceur Andrew Tate de violences sexuelles et de coercition. La justice britannique traite l’affaire au civil, une première, devant la Haute Cour de Londres. Les faits reprochés remontent aux années 2013 à 2015, notamment dans la ville de Luton au Royaume-Uni. Le procès est prévu pour début 2027, et pourrait ouvrir une voie inédite dans la reconnaissance juridique du contrôle coercitif au civil.

Andrew TateAndrew Tate
L’ancien kickboxeur britannique Andrew Tate, influenceur controversé accusé de faits graves en Roumanie et au Royaume-Uni, a été placé en résidence surveillée dans le cadre de plusieurs procédures judiciaires.
Écrit par Morat Alizée
Publié le 16 avril 2025

L’influenceur controversé Andrew Tate fait l’objet d’une procédure judiciaire sans précédent au Royaume-Uni. Quatre femmes l’accusent de violences sexuelles et de contrôle coercitif, des faits qui se seraient produits entre 2013 et 2015. Deux d’entre elles travaillaient pour son entreprise de caméras en ligne basée à Luton, dans le Bedfordshire, au Royaume-Uni tandis que les deux autres étaient d’anciennes compagnes. La Haute Cour de Londres a fixé la tenue du procès à début 2027.

 

Un procès historique pour les violences psychologiques au Royaume-Uni

 

Cette affaire est qualifiée de "première du genre" par la justice britannique. Pour la première fois, une plainte civile aborde le contrôle coercitif sous l’angle d’un préjudice intentionnel, ce qui pourrait faire évoluer la jurisprudence. Les plaignantes réclament des dommages et intérêts qui pourraient atteindre plusieurs centaines de milliers de livres sterling. Lors de l’audience préliminaire du 15 avril 2025, la juge a abordé les questions de frais juridiques, d’accès aux preuves et de recours à des experts. La cour a autorisé l’intervention d’un spécialiste pour expliquer pourquoi les victimes de violences sexuelles tardent souvent à porter plainte. En revanche, elle a refusé la désignation d’un second expert sur le contrôle coercitif, estimant ce témoignage non essentiel.

Andrew Tate, âgé de 38 ans, nie l’ensemble des accusations. Il affirme que les relations avec les plaignantes étaient consenties, et qualifie les allégations de « mensonges » dans sa défense écrite. Ses avocats avancent également que certains faits seraient prescrits au regard de la loi civile britannique. Le dossier contient plusieurs milliers de documents, y compris des vidéos et du contenu diffusé en ligne par l’influenceur lui-même. Une partie des preuves provient également de procédures pénales dans d'autres pays et d'enquêtes policières. Parallèlement à cette procédure civile, Andrew Tate et son frère Tristan sont sous le coup d’une enquête pénale en Roumanie pour traite d’êtres humains, exploitation de mineurs et blanchiment d’argent. Les autorités britanniques souhaitent également les interroger pour des faits présumés de viols et de traite remontant à la période 2012-2015.

 

Le contrôle coercitif : une violence psychologique encore peu reconnue

 

Le contrôle coercitif est une forme de violence psychologique insidieuse qui ne laisse pas toujours de traces visibles, mais dont les effets sur les victimes sont souvent dévastateurs. Il se manifeste par une prise de contrôle progressive, exercée à travers des comportements répétitifs : intimidation, humiliation, surveillance constante, isolement social, ou encore contrôle des finances, des communications ou des déplacements.

Ce type de violence vise à restreindre l’autonomie de la victime, à l’affaiblir psychologiquement jusqu’à la rendre dépendante, parfois même incapable de fuir une situation toxique. Le contrôle coercitif a été reconnu comme une infraction pénale au Royaume-Uni en 2015, et son intégration dans une procédure civile constitue une avancée juridique notable. En l’invoquant dans ce procès, les plaignantes espèrent faire reconnaître ce type de violence comme une cause de préjudice grave, même sans condamnation pénale préalable.