Des chercheurs affiliés à des institutions chinoises ont pu consulter les données médicales de 500.000 patients britanniques via la base de données du UK Biobank. Bien que ces informations soient anonymisées, leur accès massif par des entités étrangères, dont certaines liées à l’État chinois, suscite de sérieuses inquiétudes sur la sécurité des données de santé au Royaume-Uni selon The Guardian.


Des chercheurs chinois ont accès aux données médicales anonymisées de 500.000 patients britanniques, révèle une enquête du Guardian. Ces informations proviennent de la UK Biobank, une base de données scientifique britannique gérée en partie par le National health service (NHS). Si cet accès fait partie d’une politique d’ouverture scientifique, le fait que 265 institutions chinoises, dont certaines en lien avec l'État chinois, y aient librement accédé, alarme experts en cybersécurité et responsables politiques.
Des données sensibles, même "anonymisées"
Le UK Biobank regroupe une immense quantité d'informations : antécédents médicaux, imageries cérébrales, résultats sanguins et ADN d’un demi-million de volontaires britanniques. Officiellement, toutes ces données sont anonymisées. Cependant, plusieurs chercheurs en sécurité estiment que la réidentification d’individus à partir de ces données est techniquement possible, notamment en croisant différentes bases.
La véritable inquiétude vient du cadre juridique chinois. Depuis 2017, une loi impose aux entreprises et chercheurs chinois de coopérer avec les services de renseignement de leur pays. Ce lien entre recherche scientifique et pouvoir d’État soulève la crainte d’un usage détourné des données à des fins de surveillance ou de stratégie géopolitique, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle et de la biotechnologie.
Selon The Guardian, le UK Biobank affirme que les chercheurs chinois sont soumis aux mêmes règles que les autres institutions partenaires. Pourtant toujours selon The Guardian, ni le grand public, ni la plupart des volontaires n'étaient informés de cet accès international à leurs données. Le gouvernement britannique n’a pas, à ce jour, communiqué sur les risques liés à ces collaborations scientifiques sensibles. Le Royaume-Uni, en partageant aussi librement ses bases médicales avec des acteurs étrangers, prend-il le risque de voir sa souveraineté sanitaire affaiblie ? Face à une Chine toujours plus présente dans les secteurs stratégiques, la question mérite d’être posée. Et surtout, d’être débattue au grand jour. Après une telle enquête journalistique, la question est sur la table et débattue. À l’heure où la protection des données personnelles est une priorité mondiale, le cadre politique semble être un rempart à solidifier.
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