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Espagne en avril : 10 destinations idéales pour une escapade printanière

Le printemps s’installe, la lumière s’adoucit, et l’Espagne s’éveille dans un éclat de couleurs et de traditions. Avril marque une parenthèse idéale pour sillonner le pays : les températures remontent sans excès, les paysages retrouvent leur éclat, et les villes vibrent au rythme des processions, des fêtes populaires et des premiers festivals en plein air. Pour une escapade de quelques jours ou un grand bol d’air au soleil, voici notre sélection des 10 destinations à (re)découvrir absolument.

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Photo : Grafi Jeremiah (Unsplash)
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 10 avril 2025, mis à jour le 13 avril 2025

 

1. Séville, la Semaine sainte en majesté

À Séville, le printemps porte un nom : la Feria de Abril. Et pourtant, en 2025, cette fête populaire haute en couleurs se tiendra du 6 au 11 mai. Un décalage qui n’a rien d’exceptionnel : depuis la fin du XIXe siècle, les dates de la feria varient régulièrement, repoussées fin avril ou début mai, pour éviter tout chevauchement avec la Semaine Sainte, l’autre grande célébration sévillane.

Car avant les robes à volants, les casetas et les chevaux andalous, Séville vit au rythme des processions ! La Semana santa est ici une véritable institution, la plus célèbre d’Espagne, et la plus importante célébration religieuse de la ville. Pendant une semaine, près de soixante confréries (hermandades et cofradías) sortent de leurs églises pour défiler en silence jusqu’à la cathédrale. Chaque confrérie porte ses images sacrées, des chefs-d’œuvre baroques, sur des chars richement décorés, accompagnés de fanfares solennelles et de centaines de pénitents.

Parmi les moments les plus marquants, la Madrugá - dans la nuit du Jeudi au Vendredi saint - offre un spectacle d’une rare ferveur. Les confréries de l’Esperanza Macarena et de l’Esperanza de Triana, deux vierges vénérées en Andalousie, attirent une foule dense et recueillie, qui attend toute la nuit leur sortie des basiliques. Autre moment fort : le Mercredi saint, avec la procession de la confrérie du Saint-Christ de la Miséricorde, étroitement liée à l’histoire de la tauromachie. 

Mais avril à Séville, ce n’est pas que la dévotion : c’est aussi un mois d’attente fébrile, de préparatifs joyeux, d’orangers en fleurs et de lumière dorée sur les façades des quartiers de Triana, Santa Cruz ou Los Remedios. Les couturières s’affairent dans les ateliers, les cavaliers répètent leurs parades, et sur l’esplanade de la Real de la Feria, les casetas, les tentes festives, commencent à prendre forme.

Avril est un moment unique pour découvrir l’âme andalouse dans toute sa richesse. Loin de la foule estivale, Séville se visite dans un calme relatif, tout en laissant entrevoir l’explosion de vie, de musique et de couleurs qui s’annonce…

 

La Semaine Sainte en Espagne

 

2. Grenade : le souffle du printemps sur les hauteurs andalouses

En avril, rares sont les villes européennes où l’on peut apercevoir les cimes enneigées des montagnes tout en flânant sous les glycines, jasmins et bougainvillées en floraison. C’est le cas à Grenade, avec la Sierra Nevada, et ce contraste spectaculaire, presque irréel, donne à la ville une atmosphère unique en cette période de l’année.

L’Alhambra resplendit sous la lumière du printemps. Les jardins du Generalife, autrefois lieux de repos pour les rois nasrides, se métamorphosent en une explosion de couleurs et de parfums. C’est le moment idéal pour s’aventurer dans les ruelles pentues de l’Albaicín, ce quartier aux murs chaulés et aux miradors secrets, où chaque détour réserve une vue sur les palais maures et les sommets en arrière-plan.

Bref, un équilibre parfait entre nature, patrimoine et douceur de vivre - sans la foule estivale. Une parenthèse andalouse où l’on passe sans effort de l’histoire millénaire à la contemplation poétique ! 

 

3. Valencia : parfums d’orangers et ferveur religieuse

En avril, Valencia s’épanouit sous un ciel limpide, les terrasses se remplissent, et les orangers embaument les ruelles du centre historique. Avec son immense parc du Turia - un ancien lit de fleuve transformé en coulée verte -, ses plages comme la Malvarrosa ou la Patacona, et ses quartiers baignés de soleil, Valencia est le cadre parfait pour une escapade printanière.

Autour du 22 avril, les Valenciens célèbrent Sant Vicent Ferrer, saint patron de la ville. Des processions parcourent les rues, des représentations théâtrales en plein air retracent ses miracles, et des autels fleuris - les altares - sont dressés dans les quartiers. 

Le printemps est aussi l’occasion de (re)découvrir les saveurs locales : une paella traditionnelle dégustée en terrasse, un verre d’horchata accompagné de fartons à Alboraya, ou encore un dîner exclusif dans l’un des restaurants étoilés qui font rayonner la scène gastronomique valencienne.

 

Qui était San Vicente Ferrer ?
 

4. Madrid, la capitale d’Espagne en fleurs 

À Madrid, le printemps est un théâtre à ciel ouvert où patrimoine, spiritualité et culture contemporaine se donnent la réplique. En avril, la capitale espagnole rayonne d’une lumière douce, idéale pour flâner dans les allées du parc du Retiro, profiter des premières terrasses ou explorer les musées du Paseo del Arte, du Prado au Reina Sofía. Mais au-delà de son offre culturelle, la ville se transforme à cette période en haut lieu de célébration de la Semaine sainte.

Des milliers de personnes se rassemblent pour assister aux processions qui serpentent les rues au rythme lent des tambours et des cuivres. Parmi les plus emblématiques, celles du Cristo de la Fe y del Perdón et de Nuestro Padre Jesús de la Salud, organisées le Dimanche des rameaux et le Mercredi saint, attirent la foule. Le Jeudi et le Vendredi saint, d’autres confréries prennent le relais. En point d’orgue, la "tamborrada" du Dimanche de Pâques fait résonner la Plaza Mayor, dans un moment de communion sonore et visuelle.

Une ferveur religieuse qui cohabite parfaitement avec le dynamisme de la ville : expositions, festivals de théâtre, marchés de créateurs et visites guidées fleurissent dans les quartiers, de Malasaña à Lavapiés. Pas d’excuses, donc, il y en a pour tous les goûts ! 

 

5. Barcelone, des roses, des livres et de la lumière…

Alors que les températures se font plus douces et les journées plus longues, la capitale catalane se pare de ses plus beaux atours pour accueillir sa fête emblématique : la Sant Jordi, célébrée le 23 avril. Ce jour-là, Barcelone se transforme en un immense marché à ciel ouvert où s’échangent, au gré des stands et des sourires, des roses et des livres, symboles d’amour et de culture.

De la Rambla au Passeig de Gràcia, de Gràcia au Raval, auteurs, éditeurs, fleuristes, libraires et lecteurs investissent l’espace public. On y déambule entre signatures, spectacles pour enfants, contes populaires, concerts de rue et dégustations de spécialités.

La tradition, profondément ancrée dans le cœur des Catalans, remonte à plusieurs siècles et s’inspire d’une légende : celle de Sant Jordi, un chevalier qui sauva une princesse d’un dragon, et fit éclore une rose rouge là où le sang de la bête avait coulé ! D'où cette coutume d’offrir une rose à l’élu(e) de son cœur, celle ou celui-ci offrant un livre en retour. 

Barcelone en avril, c’est aussi l’art de vivre méditerranéen : siroter un vermut en terrasse, flâner dans les ruelles du Born, ou explorer les chefs-d’œuvre de Gaudí sous une lumière dorée. Pour les amateurs de culture, d’histoire et de romantisme, difficile de rêver meilleur moment pour visiter la ville ! 

 

Sant Jordi 2025 à Barcelone : livres, roses et traditions catalanes le 23 avril

 

6. Cordoue, le printemps dans les patios

À Cordoue, le printemps s’exprime autant par les fleurs que par la ferveur. En avril, la ville andalouse se prépare pour son événement le plus poétique, le Festival des Patios, qui a lieu en mai. 

Mais avant cette explosion florale, les premiers signes de renouveau se manifestent dans les ruelles du centre : les patios commencent à s’ouvrir, les balcons se parent de géraniums et de bougainvillées, et l’air se charge du parfum des jasmins. C’est la période idéale pour explorer la ville sans la foule, profiter de la douceur du climat, et visiter à son rythme ses joyaux architecturaux, comme la Mosquée-cathédrale, magistrale fusion des cultures musulmane et chrétienne.

Mais Cordoue en avril, c’est bien sûr la Semaine sainte, célébrée avec une intensité rare. Pas moins de 38 confréries participent aux processions, dont l’origine remonte au Moyen Âge, et qui ont pris leur forme actuelle dès le XVIe siècle ! À travers la ville, des silhouettes encapuchonnées portent des chars avec ferveur. La richesse du patrimoine exposé - sculptures sacrées, bannières, orfèvrerie, broderies - témoigne d’une tradition transmise de génération en génération.

Le centre historique, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, sert d’écrin à ces processions, autour des églises fernandines édifiées entre les XIIIe et XIVe siècles. Le cœur battant de cette semaine sacrée reste la Mosquée-cathédrale, vers laquelle convergent toutes les confréries pour effectuer leur station pénitentielle. Cet édifice devient le théâtre d’un spectacle spirituel unique, mêlant architecture millénaire et dévotion populaire.

La Semaine sainte de Cordoue, déclarée fête d’intérêt touristique national, révèle une autre facette de la ville : celle d’une communauté soudée par la foi et la mémoire. Ajoutez à cela l’ambiance paisible d’avril, la lumière sur les murs blanchis à la chaux, et quelques tapas savourées en terrasse dans le quartier de San Basilio… et vous obtenez l’un des plus beaux secrets du printemps andalou.

 

7. Tolède, là où les couchers de soleil embrasent l’Histoire

À Tolède, le printemps révèle une ville-musée baignée de lumière. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’ancienne capitale de l’Espagne déploie au mois d’avril toute la richesse de son passé. Les journées s’allongent, les foules estivales ne sont pas encore légion, et la ville offre ses secrets à ceux qui prennent le temps de s’y perdre.

Du haut de ses remparts jusqu’aux rives du Tage, Tolède invite à la contemplation. À la tombée du jour, les couchers de soleil embrasent les pierres ocre des églises, synagogues et mosquées, témoins de la cohabitation des trois monothéismes. La cathédrale gothique, majestueuse, se visite sans file d’attente, tout comme les joyaux dissimulés dans les ruelles sinueuses du centre.

Flâner dans Tolède en avril, c’est marcher dans les pas d’El Greco, croiser l’ombre des chevaliers de l’ordre d’Alcántara, ou encore s’attarder sur une terrasse avec vue, un verre de mazapán à la main. L’occasion de découvrir ses musées, ses artisans d’armes et de damasquinage, ou encore de suivre les itinéraires nocturnes à la lueur des lanternes. Médiévale, mystique et résolument vivante, Tolède offre au printemps un voyage dans le temps dont on ne revient jamais vraiment.

 

Tolède : histoire de l’autre capitale

 

8. Salamanque, la capitale estudiantine en habits de saison

À Salamanque, avril marque le retour de la vie en terrasse et des soirées sur la pierre blonde. Ville universitaire par excellence, la capitale intellectuelle de Castille-et-León s’éveille au printemps, portée par l’énergie de ses étudiants, la douceur du climat et l’élégance de son architecture.

Sur la Plaza Mayor, l’une des plus belles d’Espagne, les terrasses reprennent vie dès les premiers rayons du soleil. Le soir, lorsque la lumière décline, la place s’illumine en un halo doré... Les conversations s’éternisent, un livre ou une bière à la main, dans cette ville où savoir et art de vivre s'étreignent depuis des siècles.

Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, Salamanque déploie un patrimoine exceptionnel, façonné par les siècles et poli par la pierre de Villamayor, célèbre pour ses reflets dorés. Son université, l’une des plus anciennes d’Europe, attire les curieux autant que les passionnés d’histoire. En avril, les visites sont agréables, sans affluence, et l’on peut prendre le temps de chercher la célèbre grenouille sculptée sur la façade plateresque, symbole porte-bonheur des étudiants et des touristes ! 

C’est aussi le moment idéal pour explorer les couvents, les bibliothèques anciennes, ou les bords du Tormes. La ville propose régulièrement concerts, pièces de théâtre et expositions, souvent gratuits et en plein air. Un joyau culturel à (re)découvrir, loin de l’agitation des grandes capitales.

 

9. Majorque, l’île aux amandiers avant la marée touristique

Avant l’arrivée massive des touristes, l’île de Majorque dévoile un visage plus intime et authentique, parfait pour ceux qui veulent profiter de la Méditerranée sans les hordes de baigneurs.

Les paysages sont verdoyants, les amandiers fleuris, et les sentiers de la Serra de Tramuntana, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, s’ouvrent aux randonneurs dans une lumière douce. Des villages pittoresques comme Valldemossa, Sóller ou Deià s’éveillent lentement, entourés de terrasses en pierre sèche et d’orangers en fleurs. On s’y promène à un rythme tranquille, entre un atelier d’artiste, une pâtisserie locale et un mirador sur la mer.

Côté littoral, les criques aux eaux turquoise comme Cala Deià, Cala Llombards ou Es Caló des Moro sont accessibles sans réservation ni bousculade. Les plus téméraires oseront déjà la baignade, les autres profiteront simplement du calme, du soleil et du chant des cigales qui commence à poindre.

 

Les 100 plus beaux villages d’Espagne à visiter en 2025, selon National Geographic

 

En avril, la capitale, Palma, vibre au rythme du printemps. La cathédrale gothique, face à la mer, se visite dans des conditions idéales. Les ruelles du centre historique, les marchés comme celui de Santa Catalina, et les galeries d’art contemporain proposent une escapade urbaine raffinée. Majorque à cette saison, c’est un luxe discret : celui du temps retrouvé, de la nature préservée et des plaisirs simples. Une île qui se vit pleinement avant l’effervescence de l’été.

 

10. Saragosse, un voyage tranquille au cœur de l’histoire 

Capitale de l’Aragon, la cinquième ville du pays séduit en avril par sa douceur de vivre, son patrimoine et son atmosphère détendue.

À cette période, Saragosse s’éveille sous une lumière généreuse. Les promenades le long de l’Èbre offrent une vue saisissante sur la basilique del Pilar, chef-d’œuvre baroque aux dômes colorés, qui semble flotter sur les eaux du fleuve. L’intérieur, orné de fresques de Goya, invite à la contemplation dans une ambiance bien différente de l’agitation des grands lieux de pèlerinage.

Non loin, la cathédrale de La Seo mérite tout autant le détour : mélange d’éléments gothiques, mudéjars et baroques, elle témoigne de la richesse culturelle accumulée au fil des siècles. Les remparts romains, le palais de l’Aljafería, joyau de l’architecture islamique en Espagne, ou encore le pont de Pierre offrent une traversée fascinante de l’histoire ibérique.

Saragosse, c’est aussi l’Espagne des plaisirs simples : les terrasses de l’avenue Independencia, les tapas dans les ruelles de El Tubo, et les rendez-vous culturels dans les nombreux musées ou centres d’art contemporain, comme l’IAACC Pablo Serrano.

En avril, la ville bénéficie encore d’une fréquentation modérée, les températures sont agréables, et les festivités du printemps commencent à poindre dans les quartiers. Un moment idéal pour découvrir cette ville carrefour, fière de ses racines et ouverte à ceux qui prennent le temps de la rencontrer.

Que vous soyez en quête de ferveur religieuse, de balades culturelles, de paysages méditerranéens ou de villages encore préservés, le mois d’avril en Espagne vous tend les bras. Il ne vous reste plus qu’à choisir votre décor - et à vous laisser porter.