Il a pris ses fonctions début septembre, succédant à Christine Toudic. Cédric Prieto, 45 ans, avec un nom d'origine chilienne mais des racines bien lyonnaises, arrive de Canberra, en Australie, où il était Premier conseiller de l'Ambassade, de 2012 à 2016. Son parcours diplomatique lui procure une expérience solide pour gérer un poste important, au 8e rang mondial en termes d'expatriés inscrits au registre. Il devra notamment superviser l'organisation de deux échéances électorales en 2017 : les Présidentielles, puis les Législatives.
lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous résumer les grandes dates de votre parcours professionnel ?
Cédric Prieto (Photo lepetitjournal.com) : On peut dater le commencement de ma vie administrative au Quai d'Orsay en 1998. Parlant japonais, j'avais alors présenté ce qu'on appelle le concours d'Orient. Et c'est en toute logique que j'ai été affecté à la direction... des Amériques ! Blagues à part, j'ai vécu 3 années passionnantes à suivre la politique intérieure des USA, jusqu'en 2001, date à laquelle j'ai été affecté à l'Ambassade de France à Buenos Aires, en tant que premier Secrétaire pour les affaires politiques. Là encore je m'occupais de politique intérieure. Que dire ? L'Argentine est un pays formidable, à la fois très américain et très proche de l'Europe, de l'Espagne et de l'Italie notamment. Je garde un penchant pour le mate, et quelques traditions locales qui m'ont marqué... Et puis j'ai gardé un accent porteño auquel je suis très attaché !
Outre l'analyse de la politique intérieure des pays tiers, vous avez aussi acquis une expérience consulaire.
Oui, de 2005 à 2008, j'ai été Consul adjoint à Rio de Janeiro. Il s'agit d'une expérience particulière car, comme tout Consulat hors capitale, le poste de Rio fonctionne comme une mini ambassade, avec des prérogatives consulaires, bien sûr, mais aussi une activité culturelle, économique et commerciale. A l'occasion de ce séjour carioca, j'ai notamment été impliqué dans l'organisation des Présidentielles de 2007, un apprentissage qui devrait m'être fort utile au printemps prochain. Plus tard, en juin 2009, fort de cette expérience brésilienne, je serai envoyé en mission de renfort auprès de notre Consul général à Recife à la suite du crash du Vol 447 d'Air France entre Rio et Paris, au milieu de l'Océan Atlantique. Ce sont des moments particulièrement pénibles. Mais ce sont aussi des moments où l'on mesure la dimension profondément humaine, je dirais même humaniste, du travail consulaire, au service de nos concitoyens, où qu'ils soient. Après coup, la richesse et les enseignements que l'on tire de ces expériences sont sans prix. Elles nous aident à affronter des situations difficiles, dans d'autres circonstances.
Ensuite ?
Ensuite, j'ai été en poste à la direction des Ressources Humaines du MAE, à Paris, de 2008 à 2010, où j'étais en charge du placement des agents de catégorie B. A cette occasion on peut dire que j'ai baigné dans les différents métiers consulaires, qui sont une de leurs spécialités en poste. C'est une expérience où l'art de la négociation et du dialogue est constant. De 2010 à 2012, j'ai intégré la Direction générale de l'administration, où j'étais chargé de mission pour l'encadrement supérieur du MAE. Concrètement, je m'occupais de la gestion des ambassadeurs et des consuls généraux, de leurs parcours professionnels et de leurs affectations.
Votre dernière affectation était aux antipodes, à Canberra. Quels ont été les moments forts de ce mandat ?
En effet, de 2012 à 2016 j'étais Premier conseiller auprès de notre Ambassade en Australie, "down under". J'ai notamment vécu la première visite d'Etat d'un président français dans ce pays, en 2014. J'ai aussi était associé, comme tous les agents de l'Ambassade mobilisés sur le dossier et sous l'impulsion particulièrement dynamique de l'Ambassadeur, aux négociations pour la vente à l'Australie de 12 sous-marins de la DCNS, un contrat exceptionnel, qui s'élèvera à 34 milliards d'euros.
Quelle est votre perception du poste à Madrid ?
La communauté française de la circonscription, qui inclut outre les communautés autonomes de Madrid et de Murcie, 18 provinces du nord ouest au sud est du pays, est numériquement importante. On recense plus de 37.500 Français inscrits au registre consulaire, ce qui en fait la 8e communauté française au rang mondial rattachée à un consulat général. Il s'agit d'une communauté aux caractéristiques fort différentes de celle que j'ai pu connaître à Canberra par exemple, qui était bien plus restreinte. Outre l'administration des Français et l'état-civil, qui reflètent peu ou prou l'activité d'une mairie en France, le secteur "affaires sociales" du Consulat de Madrid constitue une part importante de notre activité au quotidien. Les bourses scolaires, bien sûr, mais aussi les aides ponctuelles destinées aux compatriotes en détresse, représentent une des enveloppes les plus importante allouée par l'Etat français à l'étranger. Je crois donc qu'il est indispensable, qu'en tant que Consul général de France de Madrid, je me déplace à la rencontre des Français de toute la circonscription, afin de connaître les réalités du terrain, et de tenter de résoudre les problèmes rencontrés dans la capitale comme en province. Je souhaite ainsi très rapidement effectuer un premier déplacement aux Canaries, puis à Valence et Alicante.
A propos de Valence, le poste de Consul honoraire a-t-il été pourvu ?
Le mandat du consul honoraire Pablo Broseta Dupré demeure suspendu pour le moment, mais l'agence consulaire continue de fonctionner pour les affaires courantes.
Il y a maintenant près d'1 an les compétences d'état civil du Consulat général de Barcelone ont été transférés à Madrid, qui gérait déjà celles de Bilbao et Séville. Comment se passe la gestion de cette nouvelle charge de travail ?
Madrid traite en effet l'état civil de toute l'Espagne, ce qui représente un volume d'actes substantiel, entre mariages, naissances, décès, etc... L'équipe consulaire a géré, avec succès et dans la mesure de nos (modestes) moyens, la recrudescence du flux d'actes à traiter, grâce à des renforts mais aussi, il est vrai, une activité accrue des agents. Je tiens à cette occasion à leur exprimer toute ma gratitude pour le travail remarquable accompli, sous l'impulsion de ma prédécesseur Christine Toudic. Mon sentiment est que nous avons à ce jour les ressources humaines suffisantes pour gérer le flux entrant dans des délais raisonnables.
Avez-vous pu rencontrer les conseillers consulaires depuis votre prise de fonction ?
Je suis en train de les rencontrer un par un, au fur à mesure. En raison de leur fort ancrage espagnol, dans le temps et dans l'espace, ils représentent pour nous une source d'information précieuse, mais aussi un relais pour passer les messages du consulat à notre communauté. Nous aurons début novembre la 2e commission des bourses et ils seront impliqués au plus près dans ce dossier. De façon générale je pense que nous tous acteurs de la France au service de nos ressortissants en Espagne, nous avons tout à gagner, collectivement, à travailler ensemble, en bonne intelligence et dans le même sens, et à dialoguer en permanence, dans un esprit « Equipe France ».
Quel serait le message que vous souhaiteriez passer à nos lecteurs ?
J'ai trois messages importants à passer. Premièrement, je demande à nos concitoyens de veiller à toujours respecter le pays qui nous accueille et ses habitants, la législation, les réglementations et la culture locales. Au cours de ma carrière j'ai été parfois confronté à des comportements inacceptables de la part de certains compatriotes. L'Espagne est bienveillante à notre égard, sachons donner à ses habitants la meilleure image de nous-mêmes. Deuxièmement, un message de vigilance. Nous vivons une période difficile au plan international et le niveau d'alerte est élevé en Espagne, comme partout ailleurs en Europe. Pour autant, nos compatriotes doivent savoir que la qualité de la sécurité assurée par les autorités locales envers notre communauté et nos intérêts est excellente. Le troisième message enfin est relatif aux échéances électorales de 2017, un moment clé pour notre démocratie.
Concrètement ?
Allez voter ! Et pour cela inscrivez-vous sur les listes électorales avant le 31 décembre 2016 ! Toutes les informations pour se faire sont disponibles sur le site du Consulat. Voter est un devoir citoyen et démocratique, même à l'étranger. Il est essentiel de se déplacer à l'urne (ou de voter par Internet, lors des Législatives seulement) et les services consulaires se tiennent prêts à tout mettre en ?uvre pour que cette échéance importante se passe dans les meilleures conditions.
Propos recueillis par Vincent GARNIER (lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 19 septembre 2016
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