L'Espagne jouit d'une belle cote de popularité à l'étranger. Pourtant, ses citoyens voient leur pays sous un jour bien plus sombre... C'est ce que révèle le “baromètre sur l'image de l'Espagne”, réalisé par l'institut NETQUEST auprès de 5.809 Européens.


L'Europe adore l'Espagne, les Espagnols un peu moins. Destination de rêve, culture vivante, allié de confiance… D’après l’étude de l'institut NETQUEST, l’image de l’Espagne est au beau fixe en Europe. Mais pas aux yeux de ses propres citoyens, qui peinent à voir le verre à moitié plein. Entre défaitisme et frustrations politiques, les Espagnols semblent bien moins séduits par leur propre pays que leurs voisins. Un paradoxe qui, s’il ne change pas, continuera d’alimenter ce grand écart entre perception externe et auto-flagellation nationale.
L’Europe a les yeux de Chimène pour l’Espagne
Avec une moyenne de 7 sur 10, l’Espagne décroche la palme du pays le mieux noté parmi ceux participant à l’enquête. L’Italie place même l’Espagne sur un piédestal plus haut que le sien. Passons en revue les raisons qui nous font aimer la terre de Cervantès :
Soleil, plages, tapas… le bonheur version espagnole
Quand on demande aux Européens à quoi ils pensent en premier en évoquant l’Espagne, les réponses ont tout d’une carte postale : soleil, plages et tourisme (mentionné par un quart des répondants), sans oublier la gastronomie (citée par un répondant sur six).
La majorité des Européens de l'Ouest ont déjà visité l'Espagne, et environ un tiers des Britanniques, Néerlandais, Belges et Luxembourgeois y sont allés au moins quatre fois. L’attractivité touristique de l’Espagne reste son principal atout, tant aux yeux des étrangers que des Espagnols eux-mêmes.
Nadal et Picasso : l’Espagne a trouvé ses ambassadeurs

Côté personnalités, l’Espagne est avant tout associé au sport. Rafael Nadal domine largement le classement des figures espagnoles les plus connues (19% des citations, et même 29% en France). Derrière lui, Iniesta, Yamal, Alonso et Alcaraz confirment la domination du ballon rond et de la petite balle jaune. Dans un registre plus artistique, Picasso, Dalí et Gaudí restent dans le top 10 des Espagnols les plus célèbres.
Quant aux figures politiques, le roi Felipe VI semble mieux vendre l’image de son pays que la plupart des chefs d’État européens : selon l’étude, le monarque jouirait d'une aura positive à l'international. Ni le pape François, ni Olaf Scholz, ni Ursula von der Leyen, ni Charles III ou Emmanuel Macron ne lui volent la vedette.
Comment les noces du roi et de la reine d’Espagne ont failli tomber à l’eau?
L’Espagne, un pays ensoleillé sous un ciel d’inquiétudes
Il y a toujours une ombre à un tableau, aussi beau soit-il. L’Espagne brille sous les projecteurs du monde, mais ses propres citoyens peinent à voir l’éclat de leur nation. Comme si le miroir national déformait toujours l’image, accentuant les failles et estompant les réussites. L’Europe l’applaudit, eux soupirent… Jugez plutôt :
Quand les Espagnols voient du gris
Si les étrangers voient l’Espagne comme un eldorado du bien-vivre, les Espagnols, eux, ont le moral dans les chaussettes. Leur pays leur paraît moins fiable, plus autoritaire, plus machiste, et surtout plus corrompu et gaspilleur que ses voisins européens…
L'insatisfaction des Espagnols est particulièrement forte envers leur classe politique, qui se voit affligée d’une note de 3,4 sur 10, contre une moyenne européenne à 6. La défiance envers les élites continue donc de miner la perception nationale.
L’Espagne, plus proche de Rome que d’Amsterdam
L’Espagne entretient une relation de proximité avec l’Italie et la Roumanie en matière de politique européenne. En revanche, selon l’étude, les Néerlandais, Britanniques, Danois et Luxembourgeois se sentent nettement moins liés au pays ibérique.
Mais le Royaume-Uni, malgré le litige de Gibraltar, accorde une bonne note aux relations bilatérales : 77% des Britanniques jugent les liens avec l’Espagne bons, voire très bons. De même, la nation rouge et or est perçue comme le troisième “allié préféré” des pays de l'étude au sein de l'UE, derrière l'Allemagne et la France, mais devant l'Italie.
De l’immigration au logement : les sujets de crispation
L'immigration, longtemps un sujet secondaire en Espagne, est devenue la priorité numéro un en matière de politique étrangère, rejoignant ainsi la tendance européenne. L’accès au logement est aussi une inquiétude majeure pour les Espagnols, bien plus que pour leurs voisins.
L'Espagne, parmi les champions de l'immigration en Europe
Concernant l’Ukraine, le soutien reste fort : 83% des Espagnols et 72% des Européens estiment que l’UE agit correctement, voire qu’elle devrait en faire plus. Seuls 18% des Espagnols jugent que l’Europe s’implique trop, un chiffre inférieur à la moyenne européenne (28%).
Et si, au lieu de se voir en pays d’éternels perdants, les Espagnols s’accordaient un regard plus bienveillant ? Car pendant qu’ils se flagellent sur leur économie, leur politique et leur société, l’Europe, elle, les admire et les envie. Peut-être est-il temps de troquer le prisme du doute contre celui du réalisme. Après tout, si l’Espagne brille autant aux yeux du monde, ce n’est sûrement pas un mirage.
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