Help with Aria est une association officiellement créée en juillet 2022, par Anne-Lise Aria. Ancienne strasbourgeoise, elle découvre le Maroc en 2020 et choisit de s’y installer en 2021, à Marrakech. Frappée par le contraste entre les bidonvilles et les villas de luxe, Anne-Lise s’engage dans l’humanitaire. Son action prend une toute autre dimension après le 8 septembre 2023.


Lors de sa première visite du pays, Anne-Lise Aria trouve au Maroc un apaisement qu’elle ne connaissait plus dans sa ville d’Alsace, à Strasbourg. En 2021, elle se décide à partir : « Pour mon départ, j’ai pris une valise et loué un Airbnb pour un mois. Au bout de 15 jours passés à Marrakech, j'ai tout rendu en France ». Venue sans objectif précis, l’ancienne strasbourgeoise prend rapidement conscience du contraste inévitable des grandes villas de luxes construites juste en face des bidonvilles. Sans expérience dans le domaine, Anne-Lise entame l’histoire de Help with Aria : « Je n'aurais jamais pensé faire de l’humanitaire. C'est en arrivant à Marrakech que j’ai observé ce contraste pauvreté-richesse. Je voyais beaucoup de personnes faire les poubelles, vendre des petits paquets de mouchoirs… ».
Help with Aria, de l’aide occasionnelle à la reconstruction post-catastrophe
L’association Help with Aria fait ses premiers pas en 2021 pendant les rentrées scolaires, le ramadan et l’hiver grâce à de petits gestes comme des distributions de repas. La fondatrice nous partage ses débuts : « Au départ, j’avais l’ambition de faire quelques colis alimentaires avec mes proches, mais lorsque je l’ai partagé sur mes réseaux sociaux, tout a pris une ampleur. Ma transparence a été appréciée : je montre toujours toutes les actions et cela participe au gain de confiance que je reçois ». Mais le 8 septembre 2023, à 23h11, le Maroc connaît le plus important tremblement de terre enregistré par des stations sismiques de l'histoire du pays. Sa magnitude est de 6,8 sur l’échelle de Richter.

« Tout naturellement, nous nous sommes rendus, le matin même du séisme, dans les montagnes et les villages détruits par cette catastrophe naturelle. Les vrais dégâts étaient là-bas », sur place, Anne-Lise poste une story sur les réseaux sociaux de l’association, accompagnée d’un lien de cagnotte. Le post, repartagé par un grand nombre de personnes, elle se retrouve, en 72 heures, avec 200.000 euros.

« Notre première action post-séisme a concerné le plan d'urgence, soit l’alimentaire, la distribution de couvertures, l’installation de tentes… Mais très vite, il y a eu énormément de mobilisation d’autres organismes ». Face à cet élan de solidarité, l’association Help with Aria décide de focaliser son énergie, son aide et son argent dans la reconstruction sur le long terme. Consciente qu’une reconstruction durable ne pourrait se faire immédiatement, Anne-Lise se tourne vers une solution intermédiaire : les mobil-homes. « C'était la meilleure alternative puisque les tentes n’étaient pas du tout adaptées au vent et à la pluie », explique-t-elle.

Mobil-homes, dons et solidarité : l’engagement d’une association française sur le terrain
« Les villageois aiment contribuer à leur propre aide », confie la fondatrice de l’association
Son association étant déclarée en France, Anne-Lise bataille pendant un mois pour obtenir les autorisations dont elle avait besoin. Elle finit par travailler avec une équipe d’ouvriers spécialisés pour ne prendre aucun risque lors de la construction des mobil-homes. En ce qui concerne les distributions, elle les réalise avec les villageois, « ils aiment prendre part à ces actions, contribuer à leur propre aide ».
Principalement basée sur la reconstruction d’habitations, Help with Aria a permis de reloger 102 familles. L’association a également servi à la construction de 35 sanitaires, équipés de ballons d’eau chaude, et de cinq écoles.


« Notre budget, n’étant malheureusement pas illimité, et le coût des mobil-homes relativement élevé, nous avons apporté notre aide sur d’autres plans, tel que le médical », témoigne Anne-Lise. Elle raconte : « Un homme bloqué sous les décombres du séisme s’est fait opérer dans un hôpital à Marrakech, mais un an après sa cicatrisation, il ne pouvait plus marcher. Personne ne voulait le prendre en charge, alors nous avons déployé tous nos moyens possibles pour lui offrir la possibilité de se faire opérer dans une clinique ici ». Le sourire aux lèvres, elle annonce qu’aujourd’hui il remarche.
En 2025, après plus d’un an et demi du drame, les autorités locales facilitent les actions de l’association. « Côté financement, nous fonctionnons à 100% avec des donateurs », nous explique l’ancienne strasbourgeoise. Lors du déploiement du plan d’urgence, les moyens mobilisés ont été conséquents, aussi bien sur le plan financier qu’humain. Mais, comme souvent après une catastrophe, l’attention retombe. Pour Anne-Lise, encore portée par une énergie intacte et une multitude d’idées, il n’est pas question de s’arrêter là. Les aides doivent continuer, les reconstructions aussi.
Redonner vie aux mosquées, lieux de prière et de transmission
« Nous allons construire, dans le village principal, une mosquée en béton pour permettre à tous les habitants des villages voisins de se réunir. La mosquée ne sert pas seulement à prier. Pour eux, c'est un lieu de rassemblement et d'apprentissage », partage Anne-Lise.
Après la construction de dix mosquées en mobil-homes, Anne-Lise est sur un projet plus grand. Le séisme de 2023 a emporté avec lui toutes les mosquées des villages détruits. Largement demandée, la reconstruction de ces lieux de prières est rapidement entrée dans les desseins de l’association. Parmi les nombreuses zones sinistrées, Help with Aria agit principalement à Amizmiz. « Il s’agit d’une montagne sur laquelle plusieurs villages ont perdu leur mosquée », nous explique Anne-Lise. Elle ajoute : « Nous allons construire, dans le village principal, une mosquée en béton pour permettre à tous les habitants des villages voisins de se réunir. La mosquée ne sert pas seulement à prier. Pour eux, c'est un lieu de rassemblement et d'apprentissage ».
Après l’urgence, maintenir le lien avec les sinistrés

« Pendant le premier mois, tout le monde était mobilisé : les expatriés, les Marocains du pays, et même certains venus spécialement de l’étranger », raconte Anne-Lise. Mais avec le temps, chacun reprend le cours de sa vie. Pourtant, même au-delà de la phase d’urgence, il est toujours possible de soutenir la reconstruction. Depuis Marrakech, la commune sinistrée la plus proche se trouve à environ une heure de route. « Aller à la rencontre des villageois, offrir des bonbons aux enfants… Les Marocains adorent recevoir des visites, c’est quelque chose qui leur tient à cœur. Et ils savent accueillir », sourit-elle. Avant de préciser : « Reconstruire demande de gros moyens financiers, mais le simple fait de leur montrer qu’on pense encore à eux leur apporte déjà beaucoup ».

« Nous recevons tellement d’amour que parfois, je me dis que ce sont eux qui m'aident. Ils sont tellement reconnaissants. Nous n’avons pas la même langue, mais nous avons créé des liens forts. Dès que je peux, je vais les voir, et lorsque le temps me manque, je prends des nouvelles, j’envoie des messages », confie-t-elle.

« Avec leurs moyens, ils vont toujours essayer de donner. Sincèrement, il faut le vivre pour le comprendre ». Les mots de la fondatrice de Help with Aria sont forts, autant que la solidarité du peuple marocain.
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