La Commission européenne aurait renoncé à rendre la notation Nutri-score obligatoire dans l’ensemble des 27 pays membres, cédant à la pression des lobbies et de l’Italie.


Le Nutri-score, devenue l'étiquette de la discorde plébiscitée en France et dans plusieurs pays européens, mais tant critiquée par l’Italie, n’est plus à l’ordre du jour en Europe. Selon une enquête de la cellule investigation de France Info publiée le 28 février 2025, la Commission européenne aurait renoncé à rendre la notation obligatoire dans l’ensemble des 27 pays membres.
Cette décision a été révélée par des documents internes obtenus par l’ONG Foodwatch. De quoi marquer un tournant dans une bataille qui oppose depuis cinq ans les partisans de la transparence nutritionnelle et les lobbies agroalimentaires, ainsi que l’Italie.
Créé en France en 2017, le Nutri-Score est un système d’étiquetage nutritionnel fondé sur cinq lettres (de A à E) associées à cinq couleurs (du vert au rouge), permettant d’évaluer en un coup d’œil la qualité nutritionnelle d’un produit alimentaire. Près de 150 études attestent de ses bénéfices pour la santé publique, et sept pays européens l’ont adopté : la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, l’Espagne, et la Suisse (hors UE). L’utilisation reste néanmoins volontaire pour les marques.
Un système qui faisait figure de favori dans le Pacte vert de la Commission européenne, et plus particulièrement dans le cadre de son plan “Farm to fork” (“de la ferme à la fourchette”) qui visait, notamment, à adopter un logo nutritionnel harmonisé et obligatoire sur les emballages dans toute l’Union européenne. Selon les documents révélés par Radio France, la Commission européenne a finalement décidé que “la proposition de l’UE ne copie/collera aucun système existant“, signant de facto, l’abandon du Nutri-Score obligatoire.
Une "victoire italienne"
Le ministre de l’Agriculture italien, Francesco Lollobrigida, a aussitôt réagit en parlant d’une « victoire italienne ».
La principale opposition au Nutri-Score est en effet venue d’Italie. Lorsqu’elle était en campagne, Giorgia Meloni avait multiplié les déclarations contre un système « absurde », « discriminatoire » et « pénalisant » pour les produits italiens. Selon les opposants italiens, l’étiquetage défavoriserait les produits gastronomiques emblématiques du Made in Italy, à l’instar des fromages tels que le parmesan, l’huile d’olive et les charcuteries comme le jambon de Parme, et mettrait en péril les nombreux petits producteurs du pays.
En attendant, malgré l’éventuel abandon au niveau européen, le Nutri-Score continue de gagner du terrain. Selon les informations de Radio France, la Finlande souhaite l’adopter, de même que les Émirats arabes unis
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