L’Italie à Cannes : quels noms sont attendus sur la Croisette ?

Si l’Italie a marqué l’histoire de la Croisette sur près de trente ans, dans les années 1950, 1960 et 1970, avec de grands noms tels que Scola, Fellini, Antonioni, Visconti… “le cinéma italien n’a en rien perdu la gloire de ces grandes décennies”, précise Thierry Frémaux, délégué général du Festival, lors de l’annonce de la sélection officielle. Pour sa 78ème édition, qui se tiendra du 15 au 24 mai 2025, le Festival de Cannes accueille ainsi plusieurs figures du cinéma italien contemporain, “dignes héritiers” d’une glorieuse tradition du septième art dans la Botte.

Quatre Italiens dans la sélection officielle

Annoncée en conférence de presse le 10 avril par Thierry Frémaux, la sélection officielle compte quatre noms italiens. Mario Martone sera en compétition pour la Palme d’Or, aux côtés de dix-huit longs-métrages internationaux. Francesco Sossai, Matteo Zoppis et Alessio Rigo De Righi,  concourent quant à eux dans la catégorie Un Certain Regard, dédiée à la jeune génération de cinéastes ainsi qu’à un cinéma de la recherche formelle, dont la sélection de cette année indique un retour du genre, en rupture avec les processus narratifs radicaux qui ont pu marquer les éditions des années précédentes.

Mario Martone | Compétition

Présenté par Thierry Frémaux comme un “immense artiste”, Mario Martone est une figure majeure du théâtre et de la littérature italienne, de même qu’un grand cinéphile. Familier de la mise en scène et de la Croisette, il y présente Nostalgia en 2022, déjà en compétition. C’est avec Fuori qu’il concourt cette année, œuvre fondamentalement différente, portant sur l’existence difficile et le destin tragique de Goliarda Sapienza, écrivaine italienne de L’Art de la joie, incarnée à l’écran par Valeria Golino. Curieusement, l’itinéraire de Goliarda Sapienza n’est pas sans lien avec la France, laquelle redécouvre L’Art de la joie, dont la publication par les éditions françaises Le Tripode permet ensuite sa reconnaissance en Italie.

Matteo Zoppis et Alessio Rigo De Righi | Un Certain Regard

Nouveau couple de cinéastes, Matteo Zoppis et Alessio Rigo De Righi co-réalisent Testa o Croce? (littéralement Pile ou Face ?). Film d’auteur “tout à fait formidable”, selon l’expression de Thierry Frémaux, il s’agit d’un western retraçant la période italienne de Buffalo Bill, avec John C. Reilly dans le rôle vedette et, à ses côtés, l’actrice française Nadia Tereszkiewicz, familière de la Croisette où elle était à l’affiche des films de Valéria Bruni Tedeschi en 2022 et Stéphanie di Giusto en 2023.

Francesco Sossai | Un Certain Regard

Jeune cinéaste italien, Francesco Sossai concourt pour la première fois à Cannes avec un road-movie sur fond de lendemain de soirée et de plaines vénétiennes : Le Città di Pianura, également présenté sous le titre français Un dernier pour la route. Le dernier en question, c’est le dernier verre de Carlobianchi et Doriano, deux quinquagénaires à court d’argent mais bien décidés à prendre la route vers un ultime bar.

Autres invitations italiennes sur la Croisette

Robert de Niro | Palme d’or d’honneur

Souvent présenté comme le meilleur acteur de sa génération, le très célèbre Robert de Niro sera couronné d’une Palme d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière lors de la cérémonie d’ouverture du Festival. Acteur américain d'origine italienne, il n’a eu de cesse de rendre hommage à ses racines, notamment en incarnant des rôles de mafieux. Tout au long de sa carrière, il multiplie les collaborations avec les plus grands réalisateurs italiens et italo-américains : Martin Scorsese avec qui il forme un duo mythique (Taxi Driver, Les Affranchis, Killers of the Flower Moon, etc) ; Francis Ford Coppola pour lequel il réalise la prouesse de succéder à Marlon Brando dans le rôle de Vito Corleone (Le Parrain, 2e partie) ; Sergio Leone (Il était une fois en Amérique) ; Brian de Palma à ses débuts. Singulièrement, c’est avec deux collaborations italiennes que Robert de Niro fait sa première apparition sur la Croisette en 1976 où il tient l’affiche de Novecento de Bernardo Bertolucci, présenté hors compétition, et de Taxi Driver, Palme d’or de Martin Scorsese.

Andrea Gatopoulos | Résidence du Festival

En marge de la sélection officielle, l’histoire du cinéma s’écrit également dans la Résidence du Festival de Cannes. Chaque année, douze jeunes cinéastes internationaux sont sélectionnés pour bénéficier d’un programme d’accompagnement personnalisé dans l’écriture de leur premier ou second long métrage. Parmi les noms retenus cette année, un italien. Réalisateur, producteur et distributeur de films italiens et grecs, Andrea Gatopoulos est déjà connu de la Croisette pour ses films empreints de réalités virtuelles, d’étranges vallées et de désillusion, marqués par une critique du capitalisme et du progressisme.