Si vous êtes francophone et que vous habitez à New York, il y a de grandes chances que vous ayez entendu parler d’Adélaïde. Très active sur les réseaux sociaux et au sein de la communauté d’expatriés, cette photographe installée à New York depuis 2019 capture les instants de vie de ceux qui, comme elle, associent la ville à un moment marquant de leur existence. Nous l’avons rencontrée.


Rêver de New York et s’y faire une place
C’est l’histoire d’un long chemin parcouru pour réaliser un rêve de petite fille : celui de vivre à New York, d’y bâtir un jour quelque chose. « J’ai toujours été amoureuse de New York, j’avais des posters dans ma chambre quand j’étais gamine », raconte Adélaïde, qui a commencé son activité de photographe en 2018, alors qu’elle vivait en Martinique. Lorsqu’elle découvre New York pour la première fois en 2019, la Française est déterminée à saisir toutes les opportunités. Pour concrétiser son rêve, elle accepte un stage non-rémunéré auprès d’un photographe francophone, quitte à « manger des nouilles » et vivre sur ses économies. Mais l’arrivée du Covid bouleverse ses plans : « Les frontières ont fermé. Le photographe ne travaillait qu’avec des francophones, donc nous n’avions plus aucun client ».

Loin de se laisser décourager, Adélaïde décide de rester et de tenter sa chance en lançant son entreprise solo, Adélaïde Chantilly. Pour se faire connaître, elle propose d’abord des séances à prix réduit et publie des annonces sur les groupes Facebook : « À l’époque, j’acceptais tout. Je faisais deux heures de trajet pour un shooting, une heure pour un autre. L’objectif était de créer une clientèle rapidement ». En à peine quatre mois, elle parvient à vivre de la photographie, avec une clientèle essentiellement américaine, et met un terme à son petit boulot de nanny.

Une ascension jusqu’au Summit
Demandes en mariage, shootings avec des nouveau-nés (ses séances préférées), portraits de familles, événements corporate… Solaire et dotée d’un véritable talent pour mettre ses sujets à l’aise, Adélaïde capture des centaines de moments, toujours avec sensibilité et bienveillance, le plus souvent avec New York en arrière-plan. Un jour, elle réalise sa première demande en mariage en hélicoptère au-dessus de la ville. Avant de monter à bord, elle appelle sa sœur : « Les Américains sont fous, ils me payent l’hélico ! ». À 300 mètres au-dessus de Manhattan, elle capture l’instant où la bague est passée au doigt de la future mariée, tandis que la skyline défile sous ses pieds. Lorsqu’elle immortalise ces moments de joie dans la ville qui la fait vibrer, Adélaïde mesure sa chance : « Mon boulot m’a sauvé la vie, nous confie-t-elle. Pendant le Covid, quand j’étais en dépression, le simple fait de faire mes lacets était une épreuve. Mais à chaque shooting, quand j’étais avec les gens, la lumière revenait ».

Pour faire grandir sa communauté, Adélaïde comprend rapidement l’importance des réseaux sociaux, en particulier Instagram. Sur son compte personnel, @adelaideinnewyork, où elle partage avec une bonne dose d’humour ses tribulations de trentenaire célibataire à New York, elle rassemble une communauté de 30.000 abonnés, tandis que son compte professionnel, @adelaidechantilly, en compte 11.000. « Près de 40% de mes jobs viennent d’Instagram. Il faut réussir à le prendre comme un outil », explique-t-elle, pragmatique.
Son plus bel accomplissement depuis son installation à New York ? Devenir l’un des photographes officiels de l’observatoire Summit. « Quand j’habitais encore en France, j’ai enchaîné les petits boulots pendant deux ans pour m’offrir un voyage à New York. Le jour où j’ai compris que j’allais travailler dans un observatoire, j’ai vraiment pris conscience du chemin parcouru ».

«. J’aime le lien avec les gens. Il y a des familles que je suis depuis cinq ans, pour qui j’ai réalisé les shootings de demande en mariage, mariage, puis bébé. Je suis une "professional third wheel" ! ».
We Got This Collective : un projet pour raconter la résilience des femmes
Le 8 mars dernier, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Adélaïde a lancé We Got This Collective, une initiative offrant aux femmes un espace pour partager leur histoire à travers une séance photo. L'idée ? Mettre son art au service de celles qui souhaitent se réapproprier leur image et témoigner de leur parcours de résilience après un traumatisme : « J’en parlais depuis longtemps, mais je n’étais pas prête, précise Adélaïde. Il faut être capable de recevoir ces récits ».
Ce projet engagé reflète sa volonté de créer un réseau de soutien et une communauté bienveillante pour les femmes. Le 7 janvier dernier, Adélaïde a également participé, en tant que guest speaker, à un événement She for S.H.E, l’espace de partage dédié aux femmes francophones de New York.
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