À Rio, l’Alliance Française de Botafogo célèbre la richesse et la diversité de la langue française à travers une exposition littéraire du 3 avril au 15 mai 2025. Intitulée "Écrire en français", l'installation immersive explore les voix multiples d’auteurs francophones venus d’horizons variés ayant choisi d’écrire dans une langue parfois apprise. Entre récits d’exil, héritages culturels et jeux de traduction, l’exposition interroge le rapport que chacun entretient avec les mots et les langues.


Le 3 avril 2025, l'Alliance Française de Botafogo inaugure l'exposition « Écrire en français », un projet à la croisée des langues, des parcours de vie et des imaginaires. Le vernissage, chaleureux et intimiste, réunissait une trentaine de personnes autour d'un verre de vin, dans le hall vitré de l'Alliance. Il y avait là des visages curieux, des conversations en portugais et en français, et surtout, un désir commun de réflexion sur la langue – ou plutôt les langues.
Car c'est bien cela que propose l'exposition : penser les mots, leur pouvoir, leur mémoire, et leur rôle dans les identités multiples de celles et ceux qui écrivent en français, sans toujours l'avoir comme langue maternelle. L'affiche colorée à l'entrée annonce la tonalité : « Histoires de langues, histoires de plumes, voyages de mots ». À l'intérieur, les murs blancs servent de pages à des textes, des citations, des dessins. On y croise Riad Sattouf, Zeina Abirached, et une multitude auteurs ayant tous choisi le français comme langue d'écriture.

“Les mots ont une mémoire”
« Arabe, tchèque, malinké, persan... Les autres langues sont là. Dans la marge, dans les interlignes, dans l'ombre. Elles restent discrètes, s'insinuent parfois, s'imposent de temps à autre. Les mots ont une mémoire. Une langue peut en cacher une autre. »
Cette phrase, qui résonne avec force dans le contexte migratoire et postcolonial, pourrait à elle seule résumer l'esprit de l'exposition. Elle questionne les hiérarchies linguistiques, mais aussi la richesse d'une écriture tissée de plusieurs fils, comme le montre très justement l'illustration de Zeina Abirached, où une femme tricote des lettres arabes et latines dans une même étoffe.

L'espace est clair, aéré, et invite à la déambulation. Chaque mur devient un chapitre, chaque visuel un dialogue. Les textes sont bilingues, français-portugais, ce qui renforce encore ce pont que l'exposition construit entre les cultures. On y lit les raisons de ces choix linguistiques : exil, amour, hasard ou défi. On y découvre les stratégies d'écriture, les doutes, les fidélités et les trahisons que chaque langue porte en elle. En sortant, nous n'avons pas seulement lu une exposition, nous l'avons vécue. Comme un livre ouvert sur le monde.
L'exposition "Écrire en français" est disponible jusqu'au 15 mai à l'Alliance Française de Botafogo. L'entrée est gratuite.
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