XIAMEN ET LES MAISONS TULOUS - Traverser 1000 ans d’histoire !

A voir et à faire à Xiamen

Le temple bouddhiste de Nan Putuo au pied de Wulaofeng ("la montagne des cinq vieux hommes") et faisant face à la mer vaut le détour. Constitué de quatre pavillons étagés sur la colline, il est très fréquenté par les fidèles et les touristes. Surnommé le "temple de mille ans", il a été construit sous la dynastie Tang (618-907) puis détruit sous les Ming et reconstruit pendant le règne de l'Empereur Qing Kangxi (1662-1722). À l'arrière du temple, un chemin permet de gravir la colline et vos efforts seront récompensés par une belle vue sur la ville et la baie.

Le campus de l'université de Xiamen (Xia Da) fondée en 1921 et situé juste à côté du temple est réputé comme le plus romantique de Chine. Cette réputation provient de son cadre verdoyant, de son bassin aux lotus, de ses bâtiments traditionnels en briques rouges et abritant à présent des logements étudiants. Le musée anthropologique à droite en entrant est intéressant (pas visité). La traversée du tunnel sous la colline rejoignant d'autres résidences étudiantes au nord est également attrayante. Les parois du tunnel sont attribuées aux étudiants des Beaux-Arts qui y réalisent leur projet. Les différents tableaux sont largement inspirés de l'univers de la BD et des dessins animés, mais aussi d'autres problématiques comme la protection de l'environnement. La fraicheur du tunnel est la bienvenue lors des chaudes journées et la découverte des fresques successives motivera les enfants (plus que la colline du temple voisin dans mon cas).

Un autre point de vue imprenable sur la ville et la baie est une tour située dans une partie plus récente de la ville. Cet observatoire recèle également un petit musée retraçant l'histoire du développement de Xiamen et de Gulangyu à travers des photos anciennes et divers objets de la vie courante. On y apprend notamment l'importance du commerce du thé cultivé dans la province et exporté depuis les ports de Xiamen et Fuzhou, jusqu'à ce que les Anglais l'acclimatent en Inde. Le mot thé d'ailleurs est originaire de la langue minnan, parlée dans le sud du Fujian. Dans ce dialecte, le sinogramme chà en mandarin se lit te. Comme les Néerlandais qui diffusèrent le thé en Europe au 17ème siècle s'approvisionnaient principalement à Xiamen, ils le dénommèrent thee selon sa prononciation locale, qui devint thé en français ou tea en anglais.

Parcourez également ZhongShan Lu, la rue commerçante (et piétonne) de Xiamen encore bordée de nombreux immeubles anciens. Vous pourrez y déguster les spécialités locales, dont les biscuits à la pâte de fruits et vous restaurer.

Ile de Gulangyu, ambiance 19ème siècle

Situé dans la baie de Xiamen à quelques minutes de ferry, l'ilot de Gulangyu semble figé au siècle dernier. Son nom provient du bruit fait par les vagues battant les rochers entourant l'île à marée montante, Gu signifie "tambour" et Lang "vagues". Après la guerre de l'Opium, treize pays se sont partagés cette concession étrangère jusqu'à son occupation par le Japon en 1942-45. Ils y construisirent de nombreuses villas et bâtiments administratifs pour la plupart bien préservés, dans une végétation luxuriante. Traversé de ruelles sinueuses, il mettra à l'épreuve votre sens de l'orientation tant il est difficile de s'y repérer. Entre les plages accueillantes et les collines boisées, les promenades sont multiples et les touristes moins nombreux loin des rues commerçantes. Prévoyez toutefois un plan de l'île pour faciliter vos trajets. À noter, seuls les véhicules électriques sont autorisés à circuler.
 

Remonter dans le temps dans les tulous

La province du Fujian est surtout connue pour ses tulous ou maisons de terre, ces maisons forteresses habitées par les Hakka et que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.  Quarante-six tulou du Fujian ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2008. Ce sont de grandes bâtisses en argile pouvant comporter plusieurs étages, fermées sur l'extérieur à l'exception d'une grande et solide porte d'entrée facilement défendable. Organisées de manière concentrique autour d'une grande cour, elles abritent les membres de plusieurs familles d'un même clan qui occupent chacune une "tranche" du tulou, c'est-à-dire des logements sur plusieurs niveaux. Le rez-de chaussée est généralement occupé par la cuisine, le second niveau servait à stocker les réserves de grain et les niveaux supérieurs au logement.

Tianluokeng Tulou est situé dans le village de Shuyang et est le plus impressionnant et l'un des mieux préservés. Composé de quatre maisons rondes et d'une rectangulaire, il est aussi surnommé "4 plats et 1 soupe". On peut l'apercevoir depuis un point de vue en hauteur, puis se promener à l'intérieur des différents bâtiments. Pour l'anecdote, ce sont des photos aériennes de ce tulou qui ont fait croire à la CIA à l'existence d'une base de lancement de missiles nucléaires. On imagine la surprise de l'envoyé américain à son arrivée sur place !

Yuchanglou est situé dans le village de Xiaban. Construit en 1308, ce tulou de cinq étages est l'un des plus anciens et des plus hauts. Il est surtout connu pour ses piliers inclinés aux derniers niveaux, l'inclinaison pouvant atteindre 15°.

Le village Taxia est situé dans une vallée de Shuyang, le long d'un petit ruisseau. Ici, ce sont plus de 20 bâtisses de différentes tailles et formes qui composent le village. À voir également la halle ancestrale du clan Zhang et ses 20 totems de pierre dressés au bord d'un petit étang.

Enfin dans le village de Gaobei, ne manquez pas Chengqilou le roi des tulous avec ses quatre cercles concentriques qui abrite encore environ 300 personnes de la même famille. Quel que soit le tulou visité, prenez le temps d'observer les conditions de vie de leurs habitants qui n'ont que très peu changé depuis les siècles. Il est souvent possible de prendre un déjeuner sur place préparé avec les produits du jardin. Certains tulous abritent également des guest-houses au confort simple si vous souhaitez expérimenter ce type d'habitat.

Martine Caron