Alexandre Herer : "Heureux de venir jouer à Shanghai"

Ce dimanche 2 mars à 19h, Alexandre Herer sera en concert au JZ Club de Shanghai, accompagné du bassiste Gaël Petrina et du batteur Pierre Mangeard. Cette tournée en Chine s’inscrit dans le projet « Nunataq », qu’il a pris le temps de nous expliquer lors d’un entretien.

Écrit par Noémie Valery

Publié le 26 février 2025, mis à jour le 27 février 2025

J'ai toujours fait du piano

Parlez-nous de votre parcours

J'ai toujours fait du piano. J'ai commencé par le style classique. Sur les conseils de mon père, amateur de Jazz, je me suis progressivement imprégné de l’héritage américain, en travaillant le langage musical et l'improvisation avant de créer ma propre musique, avec un Fender Rhodes, mon piano électrique. En 2010, j'ai cofondé avec Julien Pontvianne et Olivier Laisney la maison de production et le label Onze Heures Onze, afin de me produire à l’étranger. C'est la troisième fois que je viens en en Chine, après deux tournées en 2016 puis en 2019 avec le groupe OXYD.

Pouvez-vous nous parler de votre groupe Nunataq et de sa formation ?

Ce groupe est une formation en trio, avec basse et batterie. Pour les pianistes, en jazz élargi en tout cas, c’est une formule très courante, car elle est très souple. J’avais envie de l’expérimenter et qu’elle soit représentative de ma musique. Mon but était de faire une formation minimale, à partir de compositions à moi. Le groupe reflète vraiment ma façon d’écrire le jazz. J’essaie de créer des petites cellules, des petits morceaux de musique pour le batteur, le bassiste et moi, qu’on peut jouer n’importe quand, n’importe où. Le but, c’est que tout doit pouvoir aller avec tout.

Numataq fait écho aux paysages nordiques

Qu’est-ce que le nom "Nunataq" signifie ?

Nunataq est un mot qui provient de l’inuit. C’est une montagne qui dépasse de la banquise, une montagne de pierre. Ça fait écho à des paysages nordiques, à de grandes étendues de glace. Je revendique une sorte de calme dans ma musique, avec de longues notes un peu planantes. On m’a fait remarquer qu’elles étaient assez froides, alors je me suis dit que ces paysages traduisaient bien ça. Et puis quand la musique est plus rythmée, ou quand on joue avec d’autres musiciens, dans d’autres pays, notre nom devient complètement antinomique, et c’est ce qui m’intéresse aussi. On arrive avec le champ lexical de la banquise à des endroits où il peut faire 45 degrés, j’ai bien aimé cette dualité.

Pourquoi le jazz ?

Le jazz, c'est l’improvisation, c’est quelque chose de personnel, personne n’improvise pareil et même chez les très bons, chacun développe un style qu’il n’a pas choisi lui-même et qu’il doit creuser, chacun se découvre en tant qu'improvisateur. J’aime cette liberté. Et j’aime rencontrer les gens. Avec le jazz, on va forcément trouver un morceau qui nous permet de jouer ensemble, même si on est débutant, qu’on ne se connait pas.

J’aime bien cet aspect social de la musique, c’est d’ailleurs ce que j’aime dans les voyages, rencontrer d’autres musiciens, on peut être à l’autre bout du monde et rencontrer quelqu’un qui partage la même passion, avec un socle musical commun pour jouer.

Les voyages inspirent ma musique

Quelle place occupent vos voyages dans votre musique ?

Ce que j’aime dans les pays dans lesquels je voyage, c’est qu’il y ait des échanges. Avec ce groupe, on est beaucoup allé en Inde par exemple, où on a fait des collaborations avec des musiciens locaux. Comme notre formation en trio est très ouverte, puisqu’il n’y a pas vraiment de soliste, ça nous permet d’inviter des gens à venir jouer. On accueille souvent des musiciens. Pour la Chine en particulier, je ne suis pas venu depuis 2019, avant la pandémie. Je suis content de revenir, surtout que c’est un pays qui évolue très vite, alors en six ans je n’ose même pas imaginer.

Informations pour le concert