Nous sommes nombreux étrangers à vivre à Shanghai. Pour la plupart, nous sommes arrivés au mieux sans aucune idée de notre ville d’accueil ou, au pire, avec des idées pré-conçues que la vie a rapidement remis en question. Autant d’histoires et de parcours que de personnes. Voici un aperçu de trois d’entre elles: Alice, Pauline et Noémie, qui ont accepté de partager avec nous leur rencontre avec Shanghai.


Je vis à Shanghai depuis 2018
D’où venez-vous et depuis combien de temps êtes-vous à Shanghai?
Alice: Je viens de Paris, née à Paris 13ème, près du quartier chinois :) Entre 2015 et 2016 je venais souvent à Shanghai car j’étudiais dans la province du Jiangsu (Yancheng), je me suis installée à Shanghai en 2018.
Pauline: Nous sommes arrivés à Shanghaï fin août 2024. Nous vivions auparavant au Japon, à Tokyo, où nous sommes restés 2 ans, avant cela nous avons vécu 9 ans à New Delhi en Inde, 3 ans et demi à Turin en Italie et 2 ans à Canton (Guangzhou) en Chine.
Noémie: Je suis française. J’ai quitté la région parisienne il y a presque trois ans pour faire mes études supérieures à Toulouse. Je suis arrivée à Shanghai il y a seulement deux semaines, je suis encore nouvelle.
Je viens de Tokyo
Que faites-vous à Shanghai?
Alice: Je suis créatrice de contenu Musique et Culture sur les réseaux sociaux chinois
Pauline: Je suis ce que l’on appelle un “conjoint suiveur” ! Mon mari est expatrié pour un équipementier automobile français et le siège de sa branche vient d’être déplacé de Tokyo à Shanghaï. La famille a donc suivi, enfin en partie, avec ma plus jeune fille seulement de 15 ans, les deux autres poursuivant leurs études en France.
Noémie: Je suis venue en Chine pour faire un échange universitaire entre mon école, Sciences Po Toulouse, et l’Université de Tongji à Shanghai. C’est la belle vie d’être étudiante ici. Je me lève pour aller étudier les politiques chinoises, je déjeune à la cantine qui coûte moins de deux euros pour se remplir la panse, et je vaque à mes occupations de touriste l’après-midi.
Shanghai, une ville impressionnante
Qu’est-ce qui vous a plu à Shanghai ou qu’est-ce qui vous a le plus surpris à l’arrivée?
Alice: L’ambiance très cosmopolite, le mix traditionnel et moderne dans le lifestyle (restaurants, architecture)...
Pauline: Vivant depuis longtemps à l’étranger mon référentiel n’est pas le même qu’un nouvel expatrié qui arriverait de France… Ainsi je trouve que Shanghaï est un peu à mi-chemin entre l’Inde et le Japon. Les chinois sont très gais et spontanés, ils sont plus “latins” que les japonais et n’ont pas peur d’essayer de parler anglais ou d’utiliser les applications de traduction. Les couples se tiennent par la main, s’embrassent, je n’étais plus habituée ! Je me suis sentie beaucoup moins dans une bulle par rapport à Tokyo. Alors oui ça parle fort mais ça vit ! Tout y est plus simple, il y a une solution à tout et les applications telles que wechat aident énormément… une fois bien maîtrisées !
Noémie: C’est immense. On a beau déjà le savoir, en arrivant, c’est très surprenant. J’ai encore du mal à me rendre compte des distances. Pour aller de chez moi, à Putuo, jusqu’à Tongji, je mets environ 50 minutes. C’est autant de temps que pour traverser Paris d’est en ouest, alors que je reste en plein dans la ville. J’ai été surprise par les malls aussi, les centres commerciaux. Il y en a partout, à chaque coin de rue, comme si construire une infrastructure de dix hectares sur cinq étages et ouvrir une épicerie, c’était pareil.
On se sent en sécurité à Shanghai
Que pourriez-vous dire à quelqu’un qui n’est jamais venu à Shanghai pour lui donner envie de venir?
Noémie: Je lui dirais que ça fait du bien. Ça fait du bien de partir, d’être loin, et de se rendre compte qu’on n’est pas le centre du monde. Non, tout le monde ne parle pas anglais, tout le monde ne mange pas avec un couteau et une fourchette, tout le monde n’est pas fan de Johnny Hallyday. J’admets, la dernière se discute. Simplement, je dirais qu’au début ça fait peur, mais qu’à la fin c’est génial de sortir de sa zone de confort, et que ça nous apprend beaucoup de choses sur les autres et sur nous-même.
Alice: Shanghai a une histoire commune avec la France, on retrouve des traces des concessions qui cohabitent avec la culture locale. On s’y sent très en sécurité, les gens sont ouverts sur l’international.
Pauline: Je lui dirais : “Foncez !”, mon coup de coeur reste l’Inde, mais Shanghaï est indéniablement l’expat la plus facile et confortable que j’ai faite. J’habite dans l’ancienne concession française, donc j’ai l’impression d’être un peu en Europe avec tous ces platanes qui apportent ombre l’été et laissent passer le soleil l’hiver, ces jolies maisons de type occidental…Mon quartier est très calme, les criquets et les oiseaux chantent, cela a un côté rassurant et cocoon, il y a énormément de petits cafés et restaurants internationaux mais dès que l’on sort, on retrouve la vraie Chine, dans certains quartiers encore préservés (mais dépêchez-vous ! Peut-être plus pour longtemps !). Les berges de la Huangpu river et de la Suzhou creek sont magnifiquement aménagées, et peuvent être en partie parcourues en vélo. La ville regorge de musées et d’expositions variées. Shanghaï fait partie des villes dans lesquelles les compagnies de ballet étrangères, les troupes de théatre, de spectacles et concerts s’arrêtent, l’offre est très importante, ce qui n’était pas du tout le cas à New Delhi. Architecturalement aussi je me régale, la ville rivalise de buildings super originaux, hâte que ma fille qui fait des études d’architecte découvre tout ça ! Et puis il y a des saisons, cela permet de souffler après les grandes chaleurs, l’humidité descend…Enfin je finirais sur le fait que j’y ai rencontré un accueil très chaleureux de la part de la communauté francophone et que l’association Shanghaï accueil fait tout pour intégrer les nouveaux, en répondant à leurs questions, en organisant des visites de quartiers et surtout en apportant de la bonne humeur et de la compagnie lors dès débuts qui sont toujours lourds en organisation !