Le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) s’est réuni à Hangzhou dans le cadre de la préparation de son 7e rapport d’évaluation (AR7), dont la publication est prévue pour fin 2029. Cet événement est crucial dans les négociations internationales sur le climat et montre un rôle croissant de la Chine dans celles-ci. Explications.


La 62ᵉ session plénière du GIEC à Hangzhou
Du 24 au 28 février 2025, la République populaire de Chine a organisé la 62e session plénière du GIEC à Hangzhou. Cette rencontre charnière, incluant les 195 délégations nationales des pays membres, avait trois buts précis : convenir du plan général de la synthèse du 7e rapport d’évaluation du GIEC (AR7) prévu fin 2029, analyser le calendrier et les budgets concernés et avancer dans l’élaboration d’un rapport méthodologique sur les techniques d’élimination du dioxyde de carbone.
Avec ses divers projets urbains et infrastructures écologiques, Hangzhou s’est affirmé en hôte stratégique pour la Chine lors de cet événement. La ville, qui abrite des géants technologiques tels que Alibaba et NetEase, a pu mettre en avant le dynamisme technologique qui la caractérise et qui est indispensable pour avancer dans la lutte pour le climat. L’année dernière, la capitale de la province du Zhejiang a dirigé un projet pilote visant à stocker le CO2 dans des briques de construction. Un test de 72 heures a été réalisé avec succès, montrant le potentiel de cette technologie de captage et par la même occasion l’avance prise par la Chine dans les innovations en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.
Les éléments clés des futurs rapports du GIEC
Plusieurs rapports intermédiaires sont prévus avant la synthèse générale de 2029. Le plus attendu est certainement celui sur le changement climatique et les villes, prévu pour mars 2027. Selon le climatologue français Robert Vautard, « ce rapport est extrêmement important car il y a des solutions pour l’adaptation des villes et pour la réduction de leurs émissions qui peuvent être mises en place rapidement au niveau local ». Plus de la moitié de la population mondiale habitant en ville, cela permettrait des avancées significatives sans besoin de passer par des accords internationaux, qui nécessitent souvent un long processus de négociations malgré l’urgence de la situation.
Aussi, un rapport méthodologique sur les agents de forçages climatiques de courte durée de vie (SLCF, Short-Lived Climate Forcers) est prévu pour la seconde moitié de 2027. Parmi ces agents se trouvent notamment le méthane, le carbone suie (particules composées de carbone) ou encore certains hydrocarbures, dont la présence, bien qu’éphémère, a un potentiel de réchauffement global élevé. L’objectif de ce rapport est de renforcer la capacité des pays à évaluer leurs émissions de SLCF et d’améliorer la précision des données relatives à ces derniers, afin de faciliter la mise en œuvre de politiques climatiques efficaces.
Quel rôle pour la Chine dans la transition écologique ?
À la fois deuxième puissance économique mondiale et premier contributeur aux émissions de gaz à effet de serre, la Chine joue un rôle crucial dans les avancées contre le réchauffement climatique. D'un côté, elle demeure largement tributaire du charbon, qui constitue environ 56 % de ses besoins énergétiques. De l'autre, elle investit de manière significative dans les énergies renouvelables et les innovations écologiques.
En signant l'Accord de Paris en 2015, la Chine s’est engagée à atteindre son pic d’émissions de CO₂ avant 2030, année après laquelle elle devra donc diminuer celles-ci, tout en devenant neutre en carbone d’ici 2060. Ces engagements ambitieux ont mené à des investissements records dans les énergies renouvelables. En 2024, le pays a installé 357 GW de nouvelles capacités solaires et éoliennes. En comparaison, la capacité totale de production d’électricité de la France est d’environ 140 GW toutes sources confondues (nucléaire, hydraulique, énergies fossiles, renouvelables…). Aujourd’hui, la Chine détient près de 40 % des capacités mondiales de production d'énergie solaire et éolienne, ce qui en fait un leader mondial dans ce domaine. La mise en avant de l'électrification des moyens de transport a également permit au secteur d’obtenir des subventions conséquentes pour le développement des véhicules électriques. En 2023, plus de 60 % des voitures électriques commercialisées dans le monde étaient fabriquées en Chine.
L’Empire du milieu est responsable d’environ 30% des émissions mondiales de CO2 par an, c’est-à-dire 11 milliards de tonnes, soit plus que les émissions des États-Unis et de l’Union européenne combinées. Il reste donc certain que des avancées mondiales concernant les questions environnementales ne pourront se faire que si la Chine continue de mener des politiques ambitieuses et d’investir massivement dans des technologiques de pointe.
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