Une nouvelle région adopte le congé menstruel en Chine

Congé menstruel, origine de débats en Chine

Tout d’abord il faut souligner qu’en Chine aussi l’idée d’un congé menstruel a suscité beaucoup de débats et rencontré pas mal de critiques aussi bien de la part des hommes que des femmes. L’une des inquiétudes majeures concernant une pénalisation des femmes sur le marché du travail. Quid de la confidentialité des problèmes de santé? Dans quelle mesure l’employeur devrait être au courant des problèmes de santé de ses employées? Le congé menstruel pourrait-il se répercuter sur l’employabilité des femmes ou leur licenciement? On a même abordé le côté “féministe” de la chose un traitement de faveur pour les femmes aux yeux de certain(e)s n’étant pas compatible avec l’idée de l’égalité des sexes. Pour d’autres, un congé menstruel est une preuve majeure de l’avancée dans le domaine de la protection de la femme notamment sur le marché du travail.

Qu’à cela ne tienne, l’idée a fait son chemin depuis déjà plusieurs années puisque les premières régions ont mis en place des recommandations en 2015. D’autres ont suivi au fil des années.

Comment bénéficier d’un “congé menstruel” en Chine ?

Il n’existe pas de loi nationale pour réguler la question de congés menstruels. Il y a par contre une recommandation générale émanant du Ministère de la Santé et du Ministère du Travail. Ces recommandations sont ensuite appliquées de manière concrète par les différentes régions de Chine (20 à ce jour, sur les 23 que compte le pays).

Parmi ces régions on compte: Anhui, Pekin, Shanghai, Shanxi, Hubei, Hunan et d’autres.

Voici ce que prévoient les recommandations:

Dans l’ensemble c’est aux employeurs que revient de garantir des pauses suffisantes aux employées qui doivent rester debout de longues heures voire leur assigner des tâches plus légères, dans d’autres régions l’employeur est tenu de garantir des congés menstruels de 2 à 3 jours aux ouvrières qui travaillent dans des conditions pénibles - dans les champs, sur des chantiers, dans des températures basses etc. Dans la province de Yunnan l’employeur peut également distribuer une allocation mensuelle de 35 yuan maximum pour des protections hygiéniques.

Certaines, comme, le Zhejiang, stipulent même que le congé menstruel devrait être un congé payé ce qui n’est pas le cas dans d’autres régions.

Dans tous les cas, les femmes sont obligées de présenter une attestation du médecin ou d’une autorité sanitaire.

Qu’en est-il des autres pays d'Asie et du monde ?

La question de la gestion des douleurs menstruelles est bien évidemment présente partout dans le monde et avec les progrès dans le domaine des droits de la femme on essaie de la tacler dans de nombreux pays. L’Asie semble toutefois être en tête de peloton de l’implémentation de lois garantissant des congés menstruels. Le premier étant le Japon où une loi existe depuis 1947 (eh oui), ensuite l’Indonésie (1948, révisée en 2003), le Vietnam, la Corée du Sud (2001), la Chine (continentale depuis 2015 et Taiwan depuis 2013) et enfin les Philippines.

L’Europe à côté fait plutôt pâle figure avec l’Espagne en guise de pionnier - le congé menstruel vient d’y être introduit en 2022.

En Afrique c’est la Zambie qui propose un congé menstruel comme seul pays du continent.

Et En France? Faute d’un accord au plus haut niveau ce sont les grandes entreprises qui prennent l’initiative, comme Carrefour qui le propose à ses employées, ou des collectivités comme Saint-Ouen qui le garantit aux agents publics.

Aux Etats-Unis la chose n’est pas gagnée. Non seulement aucun congé menstruel officiel ny existe mais en plus l’etat de Floride aimerait interdire de parler des règles avant la classe de 6e.

La loi est-elle appliquée ?

Toutefois ce n’est pas parce qu’une loi existe qu’elle est nécessairement utilisée. Cela peut relever du domaine culturel. Par exemple on estime qu’au Japon moins de 1% de femmes ont recours au congé menstruel de peur d’être mal perçues par leurs employeurs, collègues ou même famille. Parfois c’est parce que tout simplement on ignore l’existence de cette loi si les sociétés s’abstiennent de la mettre en avant.

“Je ne savais même pas qu’une telle loi existait” - avoue une jeune employée de 35 ans travaillant dans une grande société de Shanghai. A la question si elle y aurait recours maintenant qu’elle sait que la loi existe, elle répond: “Je ne sais pas… Il y a beaucoup de pression des pairs au travail et la crainte d’être mal vu par l’employeur si on a recours à trop de droits”