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Yohan Coeurderoy: "J'ai voulu expliquer le Tao chinois en BD"

Bien connu de la communauté des Français de Shanghai comme directeur de la librairie l'Arbre du Voyageur, Yohan Radomski/Coeurderoy vit désormais en France mais a gardé ses racines en Chine. Il vient de signer avec le dessinateur Lorenzo Chiavini une bande dessinée consacrée à la philosophie du Tao. Un bel ouvrage qui mélange le Shanghai des années 30 et une quête individuelle aux sources des arts traditionnels du Tao chinois. Nous l'avons rencontré pour le Petit Journal.

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Écrit par Didier Pujol
Publié le 8 octobre 2024, mis à jour le 9 octobre 2024

Le Tao englobe plusieurs disciplines traditionnelles

 

Vous signez avec Lorenzo Chiavini La Montagne du Tao, une superbe BD dont le fil  est une quête qui commence dans le Shanghai des années 30. Pouvez-vous nous en parler ?

C’est une histoire qui a commencé dans le parc Zhongshan à Shanghai où j’enseignais le qigong. L’éditrice Corinne Bertrand qui lançait une nouvelle collection de BD consacrée aux médecines alternatives m’a proposé de faire un titre sur la médecine chinoise. J’ai accepté mais élargi le sujet vers toutes les pratiques taoïstes de bien-être, qui ont en commun la recherche et l’harmonisation du souffle de vie, le qi. Au-delà de la médecine, cette approche inclut aussi les pratiques corporelles, l’art de l’amour, le fengshui, la calligraphie, le Yi King... Dans mon récit, Fanny, une jeune Française, se rend à Shanghai en 1937 et tombe amoureuse d’un taoïste qui lui présente ce vaste univers culturel. C’est un livre didactique, sans être barbant, sur le Tao, porté par une romance dans un contexte historique, celui de l’invasion japonaise de l’été 1937. Lorenzo Chiavini a développé un style de dessin doux et riche, aux crayons de couleur, pour porter ce récit dans toute sa richesse émotionnelle.

 

Je suis arrivé en Chine en 2008

 

Vous avez développé un attachement particulier pour la Chine et en particulier pour Shanghai ou vous avez vécu longtemps. En quoi cet endroit vous inspire-t-il ?

Je suis arrivé en Chine en 2008 pour y enseigner le français et à l’époque je pratiquais déjà les arts taoïstes de bien-être, j’étais très curieux de découvrir la culture traditionnelle. Ce séjour qui devait être de deux ans a finalement duré 15 ans, jusqu’en 2023 ! Au fur et à mesure, la curiosité a grandi, les opportunités professionnelles et personnelles se sont présentées et je les ai suivies : j’ai aussi été directeur d’une librairie et commissaire d’exposition. Quand j’ai quitté la France, j’étais au plus mal, n’arrivant pas à trouver ma place, dépressif, me cherchant. La Chine m’a accueilli à bras ouverts, on m’a donné ma chance, je me suis découvert et reconstruit. Il y a une intense énergie à Shanghai, il y a parfois de la magie dans l’air, tout s’électrise et va très vite. Les rencontres sociales se font sur un plan plus horizontal, de façon plus simple qu’en France. Donc j’ai beaucoup de gratitude pour tout ce que j’ai vécu là, pour la bienveillance de la plupart des Chinois que j’ai croisés.

 

Lorenzo Chiavini

 

Cultiver le corps et l'esprit simultanément

 

Votre parcours mêle l’enseignement du Qi gong et la BD. Quel est le lien entre ces deux mondes ?

Il n’y en a pas directement, si ce n’est qu’en tant qu’enseignant et de par mon héritage familial, je m’inscris dans un courant de culture humaniste où on aime à équilibrer les activités corporelles et intellectuelles. Cultiver à la fois le corps et l’esprit, ce n’est pas nouveau en Occident, on trouve cela chez les Grecs et les Romains, à la Renaissance, chez le Gentleman anglais... Et en Chine chez Confucius ou dans toute la culture taoïste en général, où les activités corporelles et la créativité sont toujours mis en avant.

 

Spécialiste de la BD asiatique et chinoise, en quoi celle-ci a-t-elle joué un rôle dans votre travail actuel ?

Je suis arrivé en Chine avec mon amour de la bande dessinée et j’ai rencontré beaucoup d’acteurs de ce milieu, des auteurs, des éditeurs et ils m’ont fait rencontrer toutes sortes de gens. C’était ça l’important : rencontrer les autres, s’ouvrir à une culture différente. C’est la même curiosité qui anime l’héroïne de mon récit et tous ceux qui ont rapporté de leurs voyages des bouts de culture qui viennent enrichir la culture française. Les différences culturelles sont une richesse. Quelle tristesse ce serait un monde uniforme où tout le monde dirait, penserait la même chose, vivrait de la même manière...

 

Montagne tao

 

Je viens régulièrement en Chine

 

Quels sont vos prochains projets ?

J’ai publié l’année dernière un récit pour enfants «Tout change toujours» (en chinois, 万物都在变) qui est adapté en spectacle au Malan Flower Theatre, avec une chorégraphie de Liu Xiaoyi et une partition d’Alex Wise. C’est un spectacle pour les tout petits, à partir d’un an, qui sera présenté en novembre. Il y a des scénarios de BD en cours, mais rien de précis. Enfin, pour poursuivre ma rencontre avec l’autre, je me forme dans une approche en psychothérapie, la maïeusthésie. C’est passionnant et cela influence tout mon travail d’écriture.

 

Aura-t-on la joie de vous revoir à Shanghai pour présenter votre travail ?

Je viens régulièrement à Shanghai, mais à l’heure actuelle une édition de cette BD qui a pour visée un public occidental n’est pas prévue en Chine. Qui sait ce qu’il en sera à l’avenir ? Le Tao, c’est le changement.

 

Découvrir la BD : ici 

Pour se procurer la bande dessinée La Montagne du Tao en Chine, vous pouvez commander à l'Arbre du Voyageur à Pékin, la Librairie Parenthèse de Hong Kong ou bien acheter la version numérique.

 

 

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