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"Sculpting the Senses" : Iris van Herpen au carrefour de la mode, l'art et la science

L'Art Science Museum présente "Sculpting the Senses", une exposition dédiée au travail visionnaire de la créatrice néerlandaise Iris van Herpen, après son succès au Musée des Arts décoratifs de Paris en 2024. Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir un univers qui redéfinit les frontières entre mode, art et science et révolutionne la haute couture contemporaine.

Iris van Herpen : Sculpting the Senses © ArtScience MuseumIris van Herpen : Sculpting the Senses © ArtScience Museum
Iris van Herpen : Sculpting the Senses © ArtScience Museum
Écrit par Karen Attal
Publié le 21 avril 2025, mis à jour le 25 avril 2025

Du 15 mars au 10 août 2025, l’exposition "Iris van Herpen : Sculpting the Senses" à l’Art Science Museum offre une expérience inoubliable mêlant artisanat et innovation. Première exposition solo en Asie, cette rétrospective d’envergure met en lumière plus de 140 œuvres fascinantes. Elle vient s'inscrire dans la série Mind and Body : The Art and Science of Being Human, une thématique qui interroge la relation entre la pensée, la perception et l'identité, dans un contexte où la technologie tend à redéfinir notre humanité.

 

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Une pionnière à la croisée des disciplines

Née en 1984 aux Pays-Bas, Iris van Herpen a grandi dans un village dont la proximité avec la nature et le monde vivant a profondément influencé sa vision créative. Sa pratique intensive de la danse classique dès son plus jeune âge a également forgé sa relation unique au corps et au mouvement. 

Dès 2007, Iris van Herpen fonde sa propre maison de couture et s'impose rapidement comme une voix novatrice dans la profession. Le vêtement est conçu comme une entité fluide et organique. Repoussant les limites au-delà des techniques conventionnelles, la créatrice crée des collections qui deviennent de véritables laboratoires expérimentaux dans une démarche interdisciplinaire.

 

La mode s'inscrit dans un monde plus vaste et interagit avec l'environnement, la nature, la technologie et bien d'autres domaines.

 

Expérimentant la fusion de matériaux nouveaux - acier mêlé à la soie, limaille de fer incorporée à la résine - et l’exploration de technologies de pointe comme l'impression 3D ou la découpe laser, elle se situe à la croisée entre l’art et la science. Cette vision décloisonnée fait d’elle une pionnière dans l'intégration de la technologie à la mode.

 

 

Une exposition thématique qui met à l’honneur des œuvres emblématiques

Bien plus qu'une simple exposition de mode, "Sculpting the Senses" établit un dialogue fascinant entre les créations avant-gardistes d’Iris van Herpen et des œuvres d'art et artefacts liés au vivant, soulignant les connexions profondes entre son travail et le monde naturel. Les visiteurs sont invités à un voyage allant des profondeurs de l'océan jusqu'aux confins de l'espace.

 

Robe Oceanic © Gio Staiano
Robe Oceanic © Gio Staiano

 

L’exposition se déploie sur 11 zones organisées autour de 9 thèmes. La première Water and Dreams nous plonge dans un univers aquatique. Les créations évoquent les mouvements fluides et les textures organiques de l’eau. Des œuvres d’art contemporain et des spécimens naturels sont intégrés au décor pour enrichir l’expérience visuelle et tactile. On poursuit l’immersion dans le monde de l’eau avec la deuxième salle Sensory Sea Life. Les œuvres de cette section, comme la célèbre robe Hydrozoa portée par Lady Gaga, sont inspirées par les créatures marines. Coraux et oursins sont présentés aux côtés des créations pour illustrer la biodiversité marine.

 

Robe Magnetosphere dans Forces Behind the Forms © Siermond & Nicholas Fols pour Iris van Herpen
Robe Magnetosphere dans Forces Behind the Forms © Siermond & Nicholas Fols pour Iris van Herpen

 

La troisième salle s'inspire des cabinets de curiosités historiques et présente une collection d'accessoires et d'objets tels que des chaussures, des masques et des objets capillaires, comme partie intégrante du processus créatif de l’artiste. Dans Forces Behind the Forms, on explore les forces naturelles qui influencent la designer. Les phénomènes tels que la gravité, le magnétisme et les structures biologiques sont transposés en formes vestimentaires innovantes tout en restant en interaction avec le corps humain.

 

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Skeletal Embodiment, la cinquième zone, expose les structures osseuses et musculaires du corps humain. Les robes exposées, notamment la robe Skeleton, ressemblent à une ossature, mettant en avant la fragilité et la force de la structure corporelle. Des fossiles vieux de 270 millions d’années prêtés par le musée d’histoire naturelle Lee Kong Chian sont disposés tel un pan d’histoire contrastant avec les créations futuristes de l’artiste.

 

Robe Skeleton © Iris van Herpen
Robe Skeleton © Iris van Herpen

 

On passe ensuite à la section Synesthesia, qui décrit le phénomène neurologique où les sens se mélangent. Grâce à l’utilisation de textures et de matériaux, les vêtements exposés expriment la perception où plusieurs sens sont stimulés simultanément. Les visiteurs sont invités à quitter la dimension physique de leur corps pour atteindre le concept de synesthésie. Des installations sonores et visuelles accompagnent cette expérience sensorielle unique. L’atelier d’alchimie offre, quant à lui, un aperçu du processus créatif d’Iris van Herpen, de l'esquisse à la réalisation, et l’on peut découvrir des techniques telles que l'embossage, le plissage, le moulage en silicone qui témoignent de l’engagement de la créatrice pour l'innovation.

 

Robe Snake dans Mythology of Fear © CNA
Robe Snake dans Mythology of Fear © CNA


 

La zone suivante, Growth Systems, met en lumière les systèmes de croissance organiques et les structures évolutives. Les œuvres exposées reflètent des motifs inspirés de la nature, tels que les cellules, les plantes et les formations minérales, traduisant la transformation du vivant en designs avant-gardistes. Dans la même salle, la partie Mythology of Fear s'inspire des créatures chimériques de la mythologie. Les vêtements arborent des textures reptiliennes et font référence à des légendes comme celle de Méduse. Les pièces spectaculaires incluent la robe Snake portée par Björk, où une vingtaine de serpents noirs semblent s'enrouler autour de celle qui la porte. On peut admirer des robes aux structures complexes et aux matériaux innovants ainsi qu’une armure de samouraï.

 

New Nature © Luc Boegly
New Nature © Luc Boegly

 

Dans la dernière salle, la section New Nature titille notre imagination. Nous entrons dans un monde où la mode et la nature coexistent harmonieusement. Les robes sont fabriquées à partir de tissus biodégradables et de feuilles métallisées. L'installation s’impose comme un plaidoyer en faveur d’une mode responsable. Enfin, Cosmic Bloom apparaît comme une ode à l'univers. Les robes semblent défier la gravité et flotter dans l'espace, avec des structures légères et aériennes. Cette dernière section rend hommage aux mystères du cosmos sous la forme d’une expérience visuelle captivante.

 

Tournée Renaissance de Beyoncé avec la robe Heliosphere © DesignArtMagazine
Tournée Renaissance de Beyoncé avec la robe Heliosphere © DesignArtMagazine


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Parmi les œuvres remarquées de l'exposition, on trouve aussi la robe Heliosphere portée par Beyoncé lors de sa tournée Renaissance. Confectionnée avec soin par une équipe de 12 artisans sur une période de 700 heures, elle comporte 980 formes construites en 3D à partir de silicone marbré argenté, cousues sur du tulle illusion nude et parsemées de cristaux Swarovski monochromes créant un effet scintillant.