L’observation des quatre dernières décennies montre que la hauteur des précipitations y varie fortement selon les années, les mois et les journées. L’humidité, typique du climat équatorial, y connait des hauts et des bas, des épisodes de déluge et de sècheresse relative, de manière assez aléatoire. Quels phénomènes provoquent ces variations ? Lepetitjournal.com vous explique...
Singapour, situé à l’équateur, dans une zone maritime à la jonction entre l’Océan Pacifique et l’Océan Indien, subit l’influence de nombreux phénomènes météorologiques. La superposition de ceux-cin qui interviennent de manière non synchronisée, expliquent la grande variabilité de la pluviosité à Singapour. Elle y rend aussi la tâche des météorologues plus compliquée. Lesquels sont-ils ?
Le front intertropical (« InterTropical Convergence Zone »)
Le front intertropical est l’origine première de la forte pluviométrie du climat équatorial. Quand les alizés en provenance de l’hémisphère Nord rencontrent ceux en provenance de l’hémisphère Sud, l'air monte. En s'élevant l'air se refroidit et donne des pluies de fin de journée. Cette zone de convergence varie légèrement autour de l’équateur selon les saisons : un peu au Nord en été, un peu au Sud en hiver.
La mousson dite d’hiver ou du Nord-Est, direction d’où vient le vent durant sa période humide, est la plus marquée
Les moussons en Asie
Les moussons, phénomène spécifique à l’Asie, explique la variabilité mensuelle moyenne de la pluviosité à Singapour. la Cité-Etat est concernée par deux moussons, chacune comportant une période humide due à des vents constants apportant des nuages, et séparées par des périodes sèches caractérisées par des vents plus faibles et variables.
La mousson dite d’hiver ou du Nord-Est, direction d’où vient le vent durant sa période humide, est la plus marquée. Elle apporte le plus de précipitations pendant de novembre à janvier, mois pendant lesquels des pics de vents et de précipitations (« monsoon surges » ou ondes de mousson) peuvent survenir, comme cela a été le cas durant le second weekend de cette année. Elle est suivie par une période plus sèche de février à début mars.
La mousson dite d’été ou Sud-Ouest, direction d’où vient le vent durant sa période humide, a un effet moindre à Singapour, tant en ce qui concerne sa période humide (qui a lieu en fait durant le printemps) que sa période sèche (qui a lieu durant l’été et le début de l’automne).
Climat équatorial, aléas métérologiques... Pleut-il de plus en plus à Singapour ?
Les enfants terribles El niño / La niña
El niño / La niña est un phénomène cyclique irrégulier, désormais bien connu, résulte de changements dans les vents et la température de surface de la mer sur l’Océan Pacifique tropical. Durant une phase El niño, la couche chaude superficielle de l’Océan Pacifique se déplace vers l’Est, engendrant plus de pluie sur l’Amérique du Sud et moins sur l’Asie. Au contraire, durant une phase La niña, dans laquelle on rentrerait, la couche chaude superficielle de l’Océan Pacifique se déplace vers l’Ouest, engendrant moins de pluie sur l’Amérique du Sud et plus sur l’Asie. Dans l'Océan Indien, nous parlons du dipôle.
L’oscillation Madden Julian dans les océans Indien et Pacifique
L’oscillation Madden Julian est un phénomène cyclique qui se caractérise par une progression graduelle vers l'est des zones de pluies tropicales et des zones sèches concomitantes. Il est observé surtout dans les océans Indien et Pacifique. Les pluies anormalement fortes se développent d'abord dans l'ouest de l'océan Indien et se déplacent vers l'est sur les eaux chaudes du Pacifique ouest et central. Par la suite, ces zones de pluies deviennent diffuses quand elles passent sur les eaux plus froides de l'est du Pacifique mais reprennent leur développement lorsqu'elles passent sur l'Atlantique tropical. Ces zones pluvieuses, où l'on retrouve surtout des nuages convectifs, sont suivies par des zones sèches très prononcées où l'air est très stable. Chaque cycle dure entre 30 et 60 jours.
Lors de l’épisode du 17 septembre 2024, qui n’a duré qu’une heure, des arbres et des lampadaires ont été arrachés, et des mobiliers de jardin se sont envolés.
La ligne de grains de Sumatra (« Sumatra Squall Lines »)
La ligne de grains de Sumatra est une ligne d’orages qui se développe au-dessus de l’ile de Sumatra et du détroit de Malacca, notamment entre les moussons, peut se déplacer vers Singapour selon le sens du vent. Cela se traduit par des pluies et des vents violents qui ne durent que quelques heures mais peuvent causer pas mal de dégâts. Par exemple, lors de l’épisode du 17 septembre 2024, qui n’a duré qu’une heure, des arbres et des lampadaires ont été arrachés, et des mobiliers de jardin se sont envolés.
Singapour à l'abri des catastrophes naturelles ?
Le tourbillon de Bornéo (« Borneo vortex »)
Ce phénomène, qui ne dure que quelques jours, naît sur la côte Nord-Ouest de Bornéo. En conjonction avec la mousson d’hiver, il peut renforcer des pics de précipitations à Singapour.
Les cyclones tropicaux en Asie Pacifique
Fort heureusement, au contraire d’autres pays de la région, comme les Philippines, Singapour est peu concerné par les cyclones qui se forment en général au-delà du 5ème degré de latitude et s’éloignent ensuite de l’équateur. Il faut remonter à 2001 pour trouver un cyclone qui n’est passé qu’à 50 km au Nord-Est de la cité-État, avec un effet limité.
Pour en savoir plus, voici un rapport du service métérologique de Singapour